: Reportage "Augmentez la pression et vous déclencherez une explosion" : dans ce quartier arabe de Jérusalem-Est, les habitants sont "encerclés par la police"
Cette attaque a fait voler en éclat la trêve entre le Hamas et Israël. Dans un quartier juif orthodoxe de Jérusalem, jeudi 30 novembre, deux Palestiniens ouvraient le feu sur les passants, faisant quatre morts et cinq blessés. Un attentat revendiqué par le Hamas et mené par deux frères originaires du quartier arabe de Tsur Baher à Jérusalem-Est. Depuis, c'est tout le quartier qui est sous haute surveillance, subissant une très forte pression policière.
Pour rejoindre Tsur Baher, il faut serpenter dans le dédale des routes de Jérusalem-Est et éviter les blocs de béton qui en empêchent l’accès. Quand on arrive, la police est déployée à chaque carrefour. Et au milieu, il y a la quincaillerie d’Adam.
"Depuis trois jours, je ne peux pas emmener mes enfants à l’école dans la vieille ville parce que mon quartier est fermé, raconte-t-il. Aucun client ne vient dans la boutique parce qu’on est encerclés par la police, ils arrêtent n’importe qui dans le quartier, ils le fouillent et lui mettent une amende."
C’est comme ça, assure Adam, depuis l’attentat de jeudi. Selon lui, la police punit les 50 000 habitants du quartier pour les actions de deux d’entre eux. "Augmentez la pression, et vous déclencherez une explosion ! Regardez Gaza, par exemple : les Israéliens en ont fait une prison pendant 20 ans, la pression s’est accumulée jusqu’à l’explosion !", dénonce-t-il.
Les destructions forcées se multiplient
À deux rues de la quincaillerie d’Adam, des voitures de police s’éloignent de la maison d’Abou Ahmad, dont le portail et le dernier étage sont éventrés. "Ils sont entrés dans la maison et nous ont ordonné d’évacuer tout le bâtiment, détaille-t-il. Après qu’on s'est mis sur le côté, ils ont détruit le portail d’entrée de la maison, regardez. Ils ont fait entrer un gros tractopelle et en détruisant l’étage du haut, ils ont endommagé les appartements en dessous !"
Officiellement, le dernier étage avait été construit illégalement, comme des dizaines de milliers d’autres logements des quartiers arabes où les autorités israéliennes refusent de délivrer les permis de construire.
Les destructions forcées, comme celle de la maison d’Abou Ahmad, se sont multipliées à Jérusalem-Est depuis le 7 octobre. Le vieil homme dénonce un dangereux amalgame : "Mon fils était un membre du parlement palestinien de Jérusalem. Il a été élu sur la liste 'Changement et réforme' menée par le Hamas."
Si votre fils a fait partie du Hamas, alors pour eux toute la famille soutient le Hamas. Et ils se vengent contre nous, comme ils l’ont fait sur la maison.
Abou Ahmadà franceinfo
Et au Proche-Orient, quand on touche aux maisons, on touche à l’un des points sensibles du conflit. En 2021, une précédente vague de destructions de maisons dans Jérusalem-Est, menée par les nationalistes israéliens au pouvoir, avait déclenché plus d’un mois d’affrontements, et 270 morts.
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