: Témoignages Guerre entre Israël et le Hamas : à Jérusalem Est, les Palestiniens s'inquiètent pour leurs proches à Gaza : "Nous sommes leur accès sur l'extérieur"
Assise dans le jardin fleuri qui entoure sa maison à Jérusalem Est, Huda Imam conserve depuis deux semaines son téléphone à portée de main. "Toujours avec moi ! Comme les gens de Gaza : eux aussi, ils ont toujours le téléphone !" C'est son unique lien avec sa cousine, réfugiée à Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, dans le plus grand dénuement. Les proches de Gazaouis espèrent qu'ils auront un peu de répit avec l'arrivée des premiers camions d'aide humanitaire vendredi 20 octobre. Ils arrivent par l' Égypte via la ville de Rafah, au sud de l'enclave assiégée par l'armée israélienne depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier.
Dans Gaza bombardée, les habitants manquent de tout. "Il n'y a plus rien et ils ont besoin, bien sûr, de manger, d'être nourris. Ils ont besoin d'eau, ils ont besoin d'électricité...", raconte Huda Imam. Vingt camions doivent apporter l'essentiel : des vivres, des médicaments, de l'eau. Mais ce sera beaucoup trop peu et l'Organisation mondiale de la Santé le dénonce déjà. "Là-bas, à Gaza, ils n'ont aucune information, regrette Izzeldin Bukhari qui, lui non plus, ne lâche plus son téléphone. Nous sommes leur accès sur l'extérieur. Et la question qu'ils n'arrêtent pas de poser, c'est : quand est-ce qu'une aide matérielle va enfin arriver à Gaza ?" Les yeux rougis et cernés, le jeune homme a appris il y a deux jours le décès de sa tante et de quinze personnes de la famille de son oncle dans un bombardement. Sa sœur a fui vers le sud, comme des milliers d'autres, sans rien.
Izzeldin Bukhari juge très sévèrement l'arrivée de ces quelques camions. "C'est un jeu stupide de dire que cette aide humanitaire peut réellement aider les habitants de Gaza. Cette aide apporte un peu de soulagement mais vraiment pas de manière durable, ce n'est pas une solution !"
"Même si les gens ont des médicaments, même s'ils ont de la nourriture, de l'électricité, il n'y a pas de docteurs. Il n'y a même pas d'hôpitaux, les hôpitaux sont détruits."
Izzeldin Bukhari, dont la sœur a fui vers le sud de Gazaà franceinfo
Ces Palestiniens de Jérusalem Est le martèlent : les besoins des Gazaouis, au-delà des terribles privations matérielles de ces derniers jours, sont ailleurs : "De vivre en liberté sans les bombardements tous les jours, espère Huda Imam, sans le risque de penser qu'ils vont mourir dans quelques minutes ou dans une heure, ou ce soir, ou demain matin"
Huda Imam réclame la fin immédiate des attaques aériennes. Jeudi, dans le sud de la bande de Gaza huit enfants d'une même famille sont morts dans des bombardements nocturnes.
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