: Témoignages "On entend des bombardements partout, mais on ne sait pas où" : à Gaza, les civils "coupés du monde" craignent une "catastrophe"
Des dizaines de milliers de soldats israéliens sont déployés autour de ce mince territoire côtier peuplé de 2,3 millions de Palestiniens. L'armée israélienne a commencé un "siège total" de la bande de Gaza après l'attaque menée par le Hamas sur le territoire de l'État hébreu. "Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz, tout est fermé", a déclaré le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, dans une vidéo communiquée par ses services. Le secrétaire général de l'ONU, reconnaissant les "inquiétudes légitimes d'Israël pour sa sécurité", s'est dit "profondément bouleversé" par l'annonce des autorités israéliennes de ce siège de l'enclave palestinienne.
Dans la confusion, difficile de contacter les Gazaouis qui fuient par dizaines de milliers. "Et voilà, c'est un bombardement", décrit Nabila par téléphone alors que le bruit de l'explosion résonne derrière elle. Nabila accueille ses deux sœurs et leurs enfants à Gaza City, mais craint que les prochains jours ne deviennent invivables. Outre ces bombardements, le son des drones et des F-16 israéliens qui brouillent les liaisons téléphoniques, Nabila craint le manque d'eau et estime que "la situation est catastrophique".
"Il n'y a pas d'eau au robinet. On n'a qu'une heure dans le meilleur des cas, mais ce n'est pas suffisant pour remplir les citernes. Les compagnies de désalinisation d'eau ne travaillent plus parce qu'il n'y a pas de sécurité. On ne peut pas faire circuler les camions pour acheter de l'eau."
Nabila, habitante de Gazaà franceinfo
"On est coupés du monde pendant des heures"
Alors que 95 % de l'eau n'est pas potable à Gaza, difficile ces jours-ci d'acheter les quelques litres d'eau désalinisée qui restent. Sans courant, le traitement des eaux usées ne fonctionne plus, tout comme les pompes à eau pour remplir les réservoirs. Jusqu'à présent, les Gazaouis avaient, dans le meilleur des cas, six à huit heures d'électricité par jour. Désormais, c'est entre deux et trois. Des coupures qui les isolent du reste du monde, car, sans courant, pas d'Internet, explique ce Palestinien de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza : "On peut avoir Internet juste par les routeurs ou les téléphones fixes. On est coupés du monde pendant des heures. On entend des tirs et des bombardements partout, mais on ne sait pas où. On ne sait pas qui a été tué, qui a été bombardé..."
À Gaza, l'unique centrale électrique ne peut plus fournir les habitants et il manque déjà du fioul pour alimenter les générateurs. Mohamed Abu Selmiyeh, directeur d'un hôpital pédiatrique, s'inquiète pour les milliers de blessés. "Cela aura bien sûr de graves répercussions sur la situation sanitaire, notamment dans les situations d'urgence, particulièrement pour les patients."
"Nous comptons désormais sur des panneaux solaires ou des groupes électrogènes situés à l'intérieur des hôpitaux, mais le carburant nécessaire à leur fonctionnement suffit à peine pour cinq jours dans le meilleur des cas. C'est une catastrophe."
Mohamed Abu Selmiyeh, directeur d'un hôpital pédiatriqueà franceinfo
Comme ses compatriotes, il en appelle à la communauté internationale pour faire cesser les bombardements, rétablir l'eau et l'électricité et permettre l'envoi de matériel médical. Selon les autorités palestiniennes, 687 personnes ont été tuées et 3 727 blessées, depuis le début de l'offensive, samedi. Côté israélien, le bilan est de plus de 900 morts et 2 616 blessés.
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