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Syrie : "C'est le moment d'agir", supplie le porte-parole des "Casques blancs", en visite à Paris

Depuis Paris, mardi, Abdulrahman Almawwas a lancé un appel à la communauté internationale, et notamment à la France, pour intervenir en Syrie où une partie de la population vit sous les bombes.

Article rédigé par Franck Mathevon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Abdulrahman Almawwas, le porte-parole des "Casques blancs" syriens, le 18 octobre 2016 à Paris. (MAXPPP)

Une partie de la communauté internationale est mobilisée, mercredi 14 février, au siège de l'ONU à New York où doit se réunit le Conseil de sécurité, pour obtenir un cessez-le-feu d'un mois en Syrie. Les combats se sont intensifiés ces derniers jours dans le pays.

Les humanitaires aussi se mobilisent, à l'image des "Casques blancs", cette organisation de secouristes bénévoles syriens, dont le porte-parole est à Paris cette semaine.

"Il faut arrêter de parler", supplie le porte-parole des "Casques blancs" : un reportage de Franck Mathevon
Abdulrahman Almawwas se dit "fatigué". Fatigué de la guerre qui a duré sept ans alors qu'il n'en a que 30. Après Alep, deux zones subissent les bombardements massifs du régime actuellement : Idlib (nord-ouest) et l'enclave de la Ghouta, près de Damas (sud-ouest).

Mardi, à l'issue d'une rencontre avec le premier conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron, à l'Élysée, le porte-parole des "Casques blancs" a délivré un message. "Nous demandons à monsieur Macron d'éviter que le scénario d'Alep ne se répète, dit-il. Si la France peut aider les habitants de la Ghouta ou d'Idlib, c'est le moment d'agir."

Il faut arrêter de fixer des lignes rouges, de parler, de tenir des réunions. Il faut évacuer ces gens ou au moins leur envoyer de l'aide humanitaire.

Abdulrahman Almawwas, porte-parole des "Casques blancs"

à franceinfo

Emmanuel Macron a fixé des lignes rouges en Syrie. Le président de la République l'a redit, mardi, devant la presse : la France frappera le régime si elle obtient "des preuves avérées que des armes chimiques proscrites sont utilisées contre des civils". Si le régime de Damas a nié, mercredi, "posséder" des armes chimiques, il est clair que des armes chimiques ont été utilisées dernièrement en Syrie. Paris estime donc, à ce stade, que le dossier à charge contre Damas n'est pas assez solide.

Ne plus parler de "lignes rouges"

Abdulrahman Almawwas, déjà déçu par la passivité de Barak Obama, l'ancien président américain, s'est adressé aux Occidentaux mardi. "Je leur demande de ne plus parler de lignes rouges. Il faut utiliser un autre mot", dit-il. 

Toutes les lignes rouges ont été franchies par le régime et les autres acteurs de ce conflit.

Abdulrahman Almawwas, porte-parole des "Casques blancs"

à franceinfo

"Tout cela est trop décevant pour le peuple syrien, poursuit le porte-parole des "Casques blancs". Les Occidentaux peuvent sans doute agir à l'ONU, via le Conseil de sécurité. C'est leur promesse en tout cas. Ils nous assurent faire tout ce qui est en leur pouvoir."

Ces jours-ci, à l'ONU, plusieurs pays pressent pour un cessez-le-feu de 30 jours en Syrie, mais la Russie réserve sa réponse. Depuis la semaine dernière, les frappes du régime syrien ont tué plus de 240 personnes dans les zones rebelles de la Ghouta orientale. "Plus de 150 000 personnes sont totalement assiégées, assure Abdulrahman Almawwas. Il y a très peu de nourriture. Il n'y a pas d'équipement médical, aucune évacuation possible et des bombardements massifs. On n'a que nos mains pour aider. C'est une situation tragique, très dure pour les civils et les enfants."

Bachar al-Assad est "encore là"

Et comme lors du martyr d'Alep en 2016, Abdulrahman Almawwas s'en prend à Bachar al-Assad : "Vous imaginez ? Un criminel qui tue des enfants, qui détruit des hôpitaux et qui met tout en œuvre juste pour conserver le pouvoir... C'est bien sûr très décevant qu'il soit encore là."

Abdulrahman Almawwas ajoute, dépité, que presque tous ceux qui demandaient le départ du président syrien ont, eux-mêmes, depuis, quitté le pouvoir.

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