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Funérailles d'Elizabeth II : "C'est peut-être la dernière fois que l'on voit un tel spectacle à la fois sobre et extraordinaire", selon Stéphane Bern

Pour Stéphane Bern, la Reine Elizabeth II a su "réunir toute une nation qui était proche de la désunion". Anonymes, chefs d'Etats et membres de la famille royale étaient présents pour cet événement historique.

Article rédigé par franceinfo
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Stéphane Bern sur le plateau du 20 Heures de France 2, le 18 septembre 2022. (CAPTURE ECRAN FRANCE 2)

"C'est peut-être la dernière fois que l'on voit un tel spectacle à la fois sobre et extraordinaire", a affirmé lundi 19 septembre sur franceinfo le journaliste et écrivain Stéphane Bern, spécialiste de la royauté, après les funérailles de la reine Elizabeth II.

>> Le direct sur les funérailles de la Reine Elizabeh II

"Toutes ces images resteront", assure Stéphane Bern. Le journaliste a notamment trouvé "fascinant" d'avoir vu "l'union" de la famille royale. La reine a su "réunir toute une nation qui était proche de la désunion".

franceinfo : Quel moment fort retenez-vous de cette journée?

Stéphane Bern : Il y en a plusieurs. Il y a évidemment cette foule d'anonymes massés sur le passage du cortège de la dépouille mortelle de la reine. C'est la foule anonyme qui communie autour de cette souveraine pour la remercier avec gratitude de 70 ans au service du peuple et de la nation britannique. Et puis aussi les 500 chefs d'Etat et de gouvernement.

"Joe Biden, Emmanuel Macron, l'empereur du Japon et tant d'autres, tout le Commonwealth rassemblé, les gouverneurs généraux, les Premiers ministres de tous les pays qui forment les dominions, c'est-à-dire les 15 Etats dont la reine était encore la souveraine, comme le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande. C'était assez fascinant."

Stéphane Bern

à franceinfo

Et il y a des choses peut-être plus intimes. Les deux arrière-petits-enfants qui incarnent la continuité. Et puis, à la fin, quand on mène la reine jusqu'à sa dernière demeure, les deux chiens, les deux corgis royaux qui regardent passer le corps de leur maîtresse et qui sont un peu esseulés. Ce sont des images peut-être un peu anecdotiques, d'autres plus profondes. Et puis enfin, le Lord Chambellan qui casse son bâton d'office et qui le pose sur le cercueil avant qu'il ne descende vers la crypte avec l'étendard des grenadiers de la reine que le roi Charles III a posé sur le cercueil. Toutes ces images resteront. On s'en souviendra dans vingt ans, dans trente ans. Parce que je crois que c'est peut-être la dernière fois que l'on voit un tel spectacle à la fois sobre et extraordinaire.

Est-ce que c'était une surprise de voir autant de monde présent lors de ces funérailles ?

Oui, j'ai été étonné de voir autant de monde. Je pensais bien que la foule viendrait en masse pour saluer la souveraine dans les jours qui précédaient. Et on a eu 700 000 à un million de personnes qui ont défilé devant son cercueil à Westminster Hall, même si ce jour des funérailles était férié. Malgré la situation économique et les angoisses des Britanniques, qui vont se réveiller demain avec les mêmes soucis, ils étaient là pour la remercier, de tous âges, de toutes situations, de tous les coins du pays. C'était assez fascinant de voir l'union. Cette femme a réussi, par-delà la mort, à réunir non seulement sa famille et ses deux petit-fils qui ne se parlaient plus, et réunir toute une nation qui était proche de la désunion.

>> EN IMAGES. Funérailles de la reine Elizabeth II : retour sur onze jours de commémorations historiques

Vous évoquez les relations au sein de la famille royale. Comment l'avez-vous trouvée cette famille du roi ?

Je l'ai trouvée très digne. Mais il n'y a pas beaucoup de gestes d'affection. On est là dans une représentation publique de l'émotion. Donc chacun tient son rang. Mais les deux frères étaient présents, ils étaient côte-à-côte. Certes, William avait droit à son uniforme, Harry, duc de Sussex, n'avait pas droit à son uniforme, comme son oncle, le duc d'York, qui a perdu toute réputation. Mais ils étaient là. C'est peut-être une façade, peut-être une réconciliation temporaire, au nom de leur grand-mère qui a demandé à ce qu'il soit là côte-à-côte tous les deux. Le roi Charles III a fait tous les efforts nécessaires. Il sait que pour réconcilier la nation britannique qui est un peu divisée, il faut d'abord réconcilier sa famille. Qui veut régner sur un Etat règne d'abord sur les siens.

Tout s'est déroulé sans le moindre accroc. C'est assez rare pour être signalé.

C'est assez fou. J'entendais une dame dans la rue qui disait, on sait faire ça. Et c'est vrai qu'ils savent recevoir. Ils savent faire, qu'il n'y ait pas de mouvement de foule, de mouvement de panique, que chacun respecte sa place, que les 500 chefs d'Etat respectent le fait que le protocole est ce qu'il est. Les Macron font la queue comme tout le monde. Les Biden sont placés derrière le président du Portugal pour représenter l'Amérique. Il y a là tout un art de recevoir le monde entier. Et puis pendant onze jours, le monde entier avait les yeux rivés sur Londres. Alors après, on peut nous dire que cela a coûté trois millions et demi en sécurité. Mais cela en a rapporté autant par le nombre de personnes qui ont afflué dans la capitale britannique, les réservations d'hôtel, pour l'économie britannique. Et puis, surtout, cette capacité à faire en sorte que Londres devienne la capitale mondiale pendant onze jours. Ça, c'est vraiment le pouvoir d'une reine qui n'avait qu'un magistère moral, un pouvoir symbolique. Mais quel pouvoir, après tout !

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