Etats-Unis : Barack Obama se retrouve-t-il sans pouvoir après les élections de mi-mandat ?
Le parti républicain s'est emparé, mardi, des deux chambres du Congrès américain. Une situation qui pourrait compliquer les deux dernières années du président à la Maison Blanche. Explications.
Barack Obama peut faire la grimace. Son camp a perdu la majorité au Sénat, et le parti républicain contrôle désormais entièrement le Congrès américain, après les élections de mi-mandat, mardi 4 novembre. Mais le président américain se retrouve-t-il pour autant pieds et poings liés ?
Pas vraiment, il est déjà bloqué depuis 2010
Barack Obama a perdu la main sur la Chambre des représentants en 2010, seulement deux ans après son arrivée à la Maison Blanche. En revanche, les démocrates avaient conservé le Sénat.
Mais avec seulement une chambre sur deux, le président s'est rapidement retrouvé coincé. Slate relève ainsi qu'"il n'a plus été en mesure de faire voter un texte, hors lois de finance, depuis 1 500 jours, un record pour un président depuis 1945". "Elu comme 'premier président noir' des Etats-Unis, annonçant qu'il allait 'changer le monde' ou 'ralentir la montée des océans', Obama s'est retrouvé à négocier sans fin des compromis abscons avec le Congrès", écrivait Libération en janvier 2013.
Non, il dispose toujours de son droit de veto
La politique américaine fait du surplace depuis des années et cela risque de continuer. En effet, un projet de loi voté par la Chambre des représentants et le Sénat peut être retoqué par le président, qui dispose d'un droit de veto. Le texte retourne alors devant le Congrès pour être voté à nouveau, et s'il remporte la majorité des deux tiers, le président doit le promulguer.
Toutefois, il n'est pas forcément nécessaire d'en arriver à de telles extrêmités. Il est toujours possible au président de trouver un compromis avec l'opposition. Il pourrait ainsi s'inspirer de ce qu'avait fait Bill Clinton à la fin de son second mandat. Il avait travaillé avec les républicains pour équilibrer le budget et avancer sur des mesures économiques. "Un succès retenu comme un modèle à suivre dans les livres d'histoire", commente Le Figaro.
Des spécialistes, interrogés par le quotidien britannique The Telegraph (en anglais), estiment qu'il est possible que la Maison Blanche et les parlementaires trouvent des terrains d'entente : d'un côté Barack Obama souhaite faire voter des lois pendant les deux dernières années de son mandat, de l'autre le parti républicain souhaite montrer le visage d'une formation capable de gouverner avant la présidentielle de 2016. "Nous avons un devoir de travailler ensemble quand nous pouvons nous mettre d'accord", a assuré, mardi soir, le républicain Mitch McConnell, prochain leader du Sénat, qui affirme vouloir éviter un "conflit perpétuel".
Mais le journal américain The Wall Street Journal (en anglais) explique que les franges les plus dures des conservateurs ne souhaitent pas collaborer avec un président démocrate impopulaire, alors que les républicains ont la main mise sur le Congrès.
Non, il peut gouverner par décrets présidentiels
En janvier, Barack Obama avait promis une "année d'action", menaçant, lors de son discours sur l'état de l'Union, de faire appel à des décrets pour contourner le blocage des républicains au Congrès. Une décision qui avait déclenché la fureur de ses opposants qui avaient annonçaient une procédure judiciaire contre Obama pour abus de pouvoir.
"L'executive order, qui correspond en France au décret présidentiel, n'est certes pas inscrit dans la Constitution américaine, mais il n'est pas anticonstitutionnel pour autant. Tous les présidents américains en ont fait usage", rappelle à Libération Marie Brunerie, spécialiste des Etats-Unis, auteur de Menaces sur Obama : l’Amérique conservatrice à la conquête de la Maison Blanche.
Reste que les décrets ne permettent pas tout et qu'ils ne s'appliquent qu'à des domaines précis. Le New York Times, traduit par Courrier international, écrivait ainsi, en janvier, qu'"à quelques exceptions près, le président ne pourra pas faire grand-chose sans signer des lois. Il ne pourra pas augmenter le salaire minimum de la majorité des salariés, régulariser des millions d'immigrés sans-papiers ni même procéder aux aménagements nécessaires à la législation sur le système de santé. De plus, son successeur pourra défaire ses actions d'un trait de plume, comme Obama l'avait fait pour certaines politiques de l'ère Bush au lendemain de son investiture en 2009".
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