Présidentielle américaine : qui est Nikki Haley, principale rivale de Donald Trump pour les primaires républicaines ?

La candidate a 20 ans de carrière politique derrière elle, de la Caroline du Sud à l'ONU. Conservatrice, elle se présente comme une alternative plus modérée à l'ancien président.
Article rédigé par Valentine Pasquesoone
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La candidate pour les primaires républicaines Nikki Haley, le 21 janvier 2024 à Derry, dans l'Etat du New Hampshire (Etats-Unis). (JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Un duel pour l'investiture républicaine. L'ancien président et grand favori des sondages, Donald Trump, fait face à son ex-ambassadrice à l'ONU, Nikki Haley, qu'il affronte mardi 5 mars dans quinze Etats, lors des primaires en vue de l'élection présidentielle. Le milliardaire reste très loin devant sa rivale, à plus de 75% des intentions de vote, selon l'agrégateur de sondages du site FiveThirtyEight. Avec une seule victoire à son actif, dans la capitale Washington, la candidate n'a que peu de chances de rattraper son retard lors du "Super Tuesday".

Nimrata Nikki Randhawa a grandi dans une zone rurale de Caroline du Sud, au sein d'une famille d'immigrés indiens de religion sikhe. Diplômée de comptabilité, mère de deux enfants, elle commence sa carrière politique en 2005, entrant au Parlement de son Etat. Six ans plus tard, elle mène campagne pour devenir gouverneure de Caroline du Sud. La républicaine est élue, devenant la première femme à gouverner l'Etat – et la deuxième gouverneure indo-américaine de l'histoire des Etats-Unis, souligne le site Politico.

Une solide expérience à l'international

En 2017, sans expérience en matière de diplomatie, Nikki Haley est nommée ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies. Un poste qu'elle occupe pendant un peu moins de deux ans, et qu'elle quitte "avec sa dignité en grande partie intacte", loue un éditorial du New York Times. A New York, des diplomates saluent le travail et le pragmatisme de l'ambassadrice américaine, ce qui tranche avec une administration Trump pour le moins clivante. Comme le note le quotidien américain, Nikki Haley entretient de bonnes relations avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Elle a été aussi proche que possible d'un ambassadeur républicain traditionnel à l'ONU, dans une administration républicaine très peu traditionnelle", commente auprès du site d'information américain Vox le chercheur David Bosco, de l'université d'Indiana. 

A l'ONU, Nikki Haley parvient notamment à faire passer des sanctions à l'encontre de la Corée du Nord. Elle défend en parallèle des politiques controversées de Donald Trump, comme l'installation de l'ambassade américaine en Israël à Jérusalem, ou le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris en faveur du climat. La républicaine a aussi incarné le départ des Etats-Unis du conseil des droits de l'homme de l'ONU, et est critiquée pour ne pas avoir assez dénoncé des abus israéliens à Gaza.

Cinq ans plus tard, Nikki Haley se confronte à celui qu'elle a défendu à l'ONU. Dans ces primaires, elle tente un jeu d'équilibriste entre les pro-Trump les plus fervents et une vision républicaine plus classique, souligne Vox. Sur plusieurs thèmes, ses propositions sont toutefois assez proches de celles de Donald Trump. "Je suis d'accord avec tout ce qu'il a fait", déclarait-elle auprès de Politico en 2021, avant de rétropédaler sur le sujet très controversé de la séparation des familles migrantes à la frontière. Et à la différence de son rival, elle soutient une poursuite claire de l'envoi d'aide militaire à l'Ukraine, pour mieux faire face à la Russie.

Un projet ouvertement conservateur 

Sur le plan national, la candidate défend un programme ouvertement conservateur, comme le montre le New York Times. Elle milite pour le "conservatisme fiscal", promettant des coupes budgétaires en matière de sécurité sociale et d'assurance santé. La républicaine propose aussi d'élever l'âge de départ à la retraite des jeunes Américains, et critique les dépenses fédérales engagées face à l'inflation et la crise sanitaire. En matière de climat, Nikki Haley n'a pas le discours climatosceptique de Donald Trump, mais elle s'oppose aux restrictions nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Si elle est élue, les Etats-Unis se retireront de nouveau de l'accord de Paris.

Opposée à l'avortement, Nikki Haley assure qu'elle soutiendra une interdiction fédérale de l'IVG après 15 semaines de grossesse, si le Congrès passait une telle loi. Elle estime toutefois qu'une telle mesure serait très compliquée d'un point de vue politique, appelle à "ne plus diaboliser" le sujet et promeut un meilleur accès à la contraception. En matière d'immigration, Nikki Haley défend le retour de la politique "Remain in Mexico" ("Rester au Mexique") de Donald Trump, et souhaite déporter immédiatement des exilés en situation irrégulière. Elle propose aussi d'interdire l'entrée aux Etats-Unis de ressortissants de certains pays, tels que l'Iran ou le Yémen. 

Une campagne délicate face à Donald Trump 

Depuis novembre, Nikki Haley parvient à se maintenir autour ou au-dessus du seuil de 10% d'intentions de vote pour les primaires. Elle met en avant ce qu'elle décrit comme le "déclin" de Donald Trump. Selon elle, "il n'est juste pas au même niveau qu'en 2016" et "que ce soit mérité ou non, le chaos le suit". Une allusion aux multiples accusations et inculpations qui le visent. Fin janvier, la candidate est même allée jusqu'à s'interroger sur les "capacités mentales" de Donald Trump du fait de son âge. "Nous ne survivrons pas à quatre ans de chaos supplémentaires", défend-elle, critiquant à la fois l'ancien président de 77 ans et Joe Biden, âgé de 81 ans. A ses yeux, il faut "élire un dirigeant d'une nouvelle génération et laisser derrière nous la négativité et le passif".

Face à un Donald Trump déjà donné gagnant des primaires, "Nikki Haley fait attention à ses déclarations, ses réponses sont très politiques", pointe Ludivine Gilli, directrice de l'Observatoire Amérique du Nord à la Fondation Jean-Jaurès. Il s'agit, notamment sur le droit à l'avortement, "d'éviter d'effaroucher les républicains plus modérés, sans s'aliéner les soutiens de Trump". "Le risque, c'est de s'aliéner tout le monde", commente l'auteure de La Révolution conservatrice aux Etats-Unis (éd. de l'Aube)Les dernières déclarations de Nikki Haley, sur la guerre de Sécession, ont particulièrement interpellé. Interrogée sur les causes du conflit, la candidate a détaillé différentes raisons... en oubliant l'esclavage. 

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