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Etats-Unis : six choses à savoir sur Ted Cruz, l'homme qui veut faire barrage à Donald Trump

Ce conservateur jusqu'au-boutiste, peu apprécié par ses pairs, est pour l'instant le principal adversaire de Donald Trump, qu'il est parvenu à battre dans trois Etats. Retour sur son parcours en six anecdotes.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Ted Cruz, candidat aux primaires républicaines, à Des Moines (Etats-Unis), après sa victoire dans l'Iowa, le 1er février 2016. (JIM YOUNG / REUTERS)

Il pouvait déjà s'enorgueillir d'avoir fait trébucher Donald Trump lors de la première étapes des primaires républicaines, les caucus de l'Iowa : un camouflet pour le businessman. Depuis, le milliardaire s'est rattrapé et ne cesse d'enchaîner les victoires. Qu'importe : le sénateur Ted Cruz se présente désormais comme son seul et unique opposant, à l'issue du "Super Tuesday", mardi 1er mars, au cours duquel il est parvenu à remporter la victoire dans le Texas, son fief, dans l'Oklahoma et en Alaska.

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Mais quel est le parcours de cet homme politique, qui a fait irruption sur la scène nationale en 2012 seulement ? Francetv info dresse le portrait de ce conservateur jusqu'au-boutiste en six anecdotes.

1Un triptyque représentant Ronald Reagan décore son bureau

Il se présente comme le fer de lance des "conservateurs courageux". Pas question, comme certains de ses camarades, "d'abandonner [ses] principes" et de pactiser avec l'ennemi démocrate, au risque, sinon, de perdre. Ted Cruz est "un absolutiste", un "débatteur rigide" et surtout "l'avocat le plus redoutable de l'extrême droite" américaine, à en croire le New Yorker (en anglais).

Son idéologie se retrouve sur les murs de son bureau au Congrès, où est accroché un large triptyque représentant Ronald Reagan, le 40e président des Etats-Unis. Mais Ted Cruz est nettement plus conservateur que son modèle, d'après les analyses de FiveThirtyEight (en anglais) : il est même le plus conservateur des candidats du parti républicain ces dernières années.

Les thèmes mis en avant sur son site résument son positionnement politique : "Restaurer la Constitution", défendre le "second amendement", qui autorise le port d'armes à feu, "sécuriser les frontières", "défendre notre nation", soutenir Israël, protéger "la liberté religieuse", "la vie, le mariage et la famille".

"Il nie le rôle humain dans le changement climatique, s'oppose à une réforme générale de l'immigration, rejette le mariage pour tous et, évidemment, demande l'abolition d''Obamacare'", la réforme du système de santé mise en place par Barack Obama, résume le New Yorker.

2Il a lu un conte pour enfants à la tribune du Sénat

C'est justement à cette réforme du système de santé que Ted Cruz doit son premier coup d'éclat au Congrès américain : pour s'opposer au financement d'"Obamacare", il a tenu le micro au Sénat pendant très exactement vingt et une heures et dix-neuf minutes. Quitte à tenir tête aux dirigeants républicains et à mettre en péril le budget de l'Etat fédéral.

Mais pour tenir tout ce temps, il faut bien trouver des choses à raconter. Alors, sur les coups de 20 heures, le sénateur a choisi d'ouvrir un conte célèbre outre-Atlantique, Les œufs verts au jambon, du Dr. Seuss, et de le lire à ses enfants qui, disait-il, regardaient à ce moment-là la chaîne parlementaire. Son obstruction finit par échouer, mais qu'importe.

3Ses collègues le détestent

Avant 2011, il n'avait jamais candidaté à un fauteuil d'élu. Mais cette année-là, il se lance en campagne pour devenir sénateur du Texas et parvient à se faire élire avec le soutien de figures du mouvement Tea Party, comme l'ancienne candidate à la vice-présidente Sarah Palin (aujourd'hui soutien de Donald Trump).

Ted Cruz en campagne pour un siège au Sénat américain, à Houston (Etats-Unis), le 31 juillet 2012 (JOHNNY HANSON / AP / SIPA)

Pour convaincre ses électeurs, Ted Cruz surfe sur le populisme ambiant, en faisant de Washington, l'ennemi à abattre. En déplacement au Texas, il lance face à la foule, par exemple, alors qu'il revient de la capitale fédérale, "c'est super d'être de retour en Amérique", rapporte le New Yorker. Et de récolter un tonnerre d'applaudissements.

Sauf que voilà, cette attitude ne plaît guère à ses pairs. Son bilan est "remarquablement bon pour ses supporters", "remarquablement bon pour à peu près tous les autres ou juste remarquable", assure le Dallas Morning News (en anglais). Mais au Congrès, tout le monde, ou presque, le hait, raconte Le Monde. Un proche conseiller de George W. Bush le décrit dans Mother Jones (en anglais) comme un "con insupportable", "ultra-arrogant et largement détesté". Le voilà rhabillé pour l'hiver, mais visiblement, il s'en fiche.

4Son CV n'a pourtant rien d'un anti-système

Diplômé des prestigieuses universités de Princeton et d'Harvard, Ted Cruz a fait carrière dans le monde du droit. Il a notamment assisté le président de la Cour suprême, William Rehnquist, travaillé au sein du département de la Justice américain ou endossé le costume d'avocat général de l'Etat du Texas. Il a également participé à la campagne de George W. Bush en 2000. Grand bien lui en a pris puisque c'est à cette occasion qu'il a rencontré sa femme.

Un CV pas franchement excentrique ou révolutionnaire, comme le pointe le Daily Beast (en anglais) : le site juge que Ted Cruz s'est auto-administré un "relooking extrême" pour apparaître comme le pourfendeur de l'establishment, alors qu'il était auparavant plutôt un "insider" du système.

5Il était canadien, mais plus maintenant

Fils d'un immigré cubain et d'une Américaine, il est né à Calgary, au Canada. Anecdotique ? Pas vraiment pour ses détracteurs, car la Constitution des Etats-Unis impose d'être "américain de naissance" pour prétendre s'installer dans le bureau ovale. Reste à savoir ce que recouvre cette définition, plutôt vague, explique NPR (en anglais).

A en croire le site Vox (en anglais), pas de souci dès lors que la mère de Ted Cruz a vécu aux Etats-Unis pendant au moins dix ans, et que la moitié de cette période de résidence ait eu lieu après ses 14 ans. Un critère qu'elle remplit sans conteste. Pour éviter d'autres polémiques, il a renoncé à sa citoyenneté canadienne en 2013.

6Même sa mère trouve qu'il exagère

Les séquences ont fait le bonheur des esprits moqueurs. A la mi-juillet, plusieurs heures de vidéos de Ted Cruz et de sa famille ont été publiées sur YouTube, explique Buzzfeed (en anglais). Les images constituent le kit de base de la parfaite publicité politique américaine : le sénateur y apparaît à table avec femme et enfants, en train de prononcer les bénédicités, d'enlacer ses proches ou encore en pleine conservation avec sa mère.

Problème : ce sont des rushs intégraux qui ont été mis en ligne, y compris des scènes habituellement coupées au montage. Dans un de ces clips, Eleanor Darragh, la mère de Ted Cruz, affiche son malaise face aux détails personnels qu'on lui demande de partager face à la caméra, détaille CNN (en anglais). "Je ne veux pas dire cela", explique-t-elle. "Ecoute, j'ai envie que tu le dises et tu es la meilleure personne pour le faire", répond son fils.

Tout ne se passe pas toujours comme prévu. "Pas un jour ne passe sans que ma mère ne me soutienne de ses prières, commence Ted Cruz dans une séquence. Parfois pendant des heures." A en croire la réaction d'Eleanor Darragh, le sénateur a légèrement exagéré.

  (TED CRUZ / YOUTUBE)

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