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Trump d'un côté, Clinton de l'autre : le jeu des sept différences entre les conventions républicaine et démocrate

Francetv info a passé deux semaines outre-Atlantique, pour suivre les deux conventions chargées d'investir Donald Trump et Hillary Clinton candidats à la Maison Blanche. L'ambiance était très différente.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger - Envoyé spécial aux Etats-Unis,
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Donald Trump et Hillary Clinton sur la scène des conventions républicaine et démocrate, les 21 et 28 juillet 2016 à Cleveland et Philadelphie (Etats-Unis). (AFP / FRANCETV INFO)

Le face-à-face peut officiellement commencer. Après des mois de primaires mouvementées, républicains et démocrates américains se sont réunis à Cleveland et à Philadelphie pour formellement investir leurs candidats à la Maison Blanche — Donald Trump et Hillary Clinton — en vue de l'élection présidentielle de novembre.

Francetv info était sur place et a pu constater les différences entre les deux événements.

1Le casting

Chez les républicains. Encore très contesté, Donald Trump n'a pas pu compter sur les cadors du parti. Les deux anciens présidents républicains encore en vie, George H.W. Bush et George W. Bush, se gardent bien de s'impliquer dans la campagne cette année. Pour compenser, le milliardaire a mis à contribution sa famille : sa femme Melania et ses enfants Tiffany, Ivanna, Eric et Donald Jr. se sont succédé à la tribune, avec plus ou moins de succès. Les amateurs de paillettes ont dû se contenter de célébrités de seconde zone, comme Scott Baio, ex-figure de Happy Days, ou Kimberlin Brown, ancienne actrice des Feux de l'amour.

Le candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, accompagné de sa famille et de son colisitier Mike Pence, à Cleveland (Etats-Unis), le 20 juillet 2016. (CITIZENSIDE/TREY KENNEDY / CITIZENSIDE)

Chez les démocrates. Hillary Clinton n'a pas oublié sa famille non plus. L'ancien président Bill Clinton a dressé le portrait de sa femme mardi soir et leur fille Chelsea l'a précédée sur scène jeudi. Mais la candidate démocrate a aussi pu compter sur des soutiens politiques de poids : l'actuel locataire de la Maison Blanche et sa femme, Barack et Michelle Obama, le vice-président Joe Biden ou encore son ex-rival Bernie Sanders. Le casting des célébrités était riche et très féminin, avec Sigourney Weaver, Lenny Kravitz, Meryl Streep, Alicia Keys, America Ferrara, Lena Dunham, Katy Perry, Demi Lovato, Sarah Silverman ou Eva Longoria.

Bill, Chelsea et Hillary Clinton sur la scène de la convention démocrate, à Philadelphie (Etats-Unis), le 28 juillet 2016. (CHERISS MAY / NURPHOTO / AFP)

2L'atmosphère

Chez les républicains. L'Amérique a peur : c'est le message qui ressortait discours après discours. Les orateurs de la convention ont dépeint un triste portrait des Etats-Unis, menacés par le terrorisme, menacés par l'immigration, menacés par le déclassement, mais auxquels Donald Trump pourrait "rendre leur grandeur". Plombés par les divisions internes, les républicains se sont rassemblés en attaquant longuement Hillary Clinton. Le maire de New York, Rudy Giuliani, a livré l'une des charges les plus violentes contre l'adversaire démocrate.

Chez les démocrates. L'Amérique est ouverte : c'est le message que la convention s'est attachée à délivrer, en donnant par exemple la parole à des sans-papiers. Inimaginable dans le camp adverse, où la lutte contre l'immigration clandestine est au coeur du programme de Donald Trump. Les intervenants ont cherché ainsi à se distancer de la vision des Etats-Unis offerte par l'adversaire républicain, à l'image de Barack Obama : "L'Amérique que je connais est pleine de courage, d'optimiste et d'ingéniosité. L'Amérique que je connais est généreuse et décente." Les débats ont aussi été marqués par la thématique des armes à feu, avec la présence de victimes ou de survivants de fusillades. 

3Le discours du candidat

Chez les républicains. De l'avis de la presse américaine, Donald Trump a délivré un discours "sombre" en clôture de la convention, dans la lignée de ces prédécesseurs à la tribune. Le milliardaire a dénoncé le bilan de Barack Obama et d'Hillary Clinton, a réitéré sa proposition de construire un mur à la frontière avec le Mexique et s'est érigé en candidat de "la loi" et de "l'ordre", promettant d'être la "voix" du peuple.

Chez les démocrates. L'ancienne secrétaire d'Etat se sait impopulaire, elle a tenté de fendre l'armure. "Je sais que certaines personnes ne savent pas quoi penser de moi", a-t-elle lancé, avant de raconter une partie de son histoire familiale. Une façon aussi de se distancer du richissime Donald Trump, face auquel elle a riposté. "Il veut nous diviser", "Il veut que nous ayons peur du futur, peur les uns des autres", a-t-elle affirmé. "Nous ne construisons pas de mur, (…) nous ne bannirons pas une religion." Elle a aussi profité de son discours pour tendre la main aux partisans de Bernie Sanders qui ont hué son nom au premier jour de la convention : "Je veux que vous sachiez que je vous ai entendus, votre cause est notre cause." "Plus forts ensemble", répète-t-elle en guise de slogan.

4La réaction de l'ancien rival

Chez les républicains. L'ultraconservateur Ted Cruz a pris le micro pour infliger un camouflet à son ancien adversaire. Sur la scène, il s'est contenté de féliciter Donald Trump pour sa victoire, avant de plaider pour la liberté des électeurs, sous les huées de la salle. "Si vous aimez votre pays et aimez vos enfants autant que je les aime, levez-vous, parlez et votez selon votre conscience, a-t-il demandé. Votez pour des candidats auxquels vous faites confiance pour défendre vos libertés et respecter la Constitution." Aucun soutien à Donald Trump donc.

Chez les démocrates. Bernie Sanders a mouillé la chemise, quitte à s'attirer les foudres de certains de ses partisans. Avant même le début de la convention, lundi midi, il a convoqué ses délégués pour les appeler à "élire Hillary Clinton" : "Trump est un danger pour le futur de notre pays et doit être vaincu. Je compte bien faire tout ce qui est en mon pouvoir pour m'en assurer." Il l'a répété le soir-même à la tribune et, symboliquement, a même offert l'investiture à Hillary Clinton le lendemain. Un soutien sans failles.

5Les manifestations

Chez les républicains. Avec l'intervention de Ted Cruz, la convention n'a pas été exempte de sifflets ni de huées. Mais même si l'unité du parti est loin d'être réalisée, l'événement s'est déroulé sans trop de perturbations. Des manifestants anti-Trump ont bien réussi à infiltrer la Quicken Loans Arena, mais la plupart sont restés sagement manifester sur Public Square, la place centrale de Cleveland, où se bousculaient les journalistes, et où les arrestations sont restées peu nombreuses.

Chez les démocrates. L'ambiance est bien plus électrique à l'intérieur et à l'extérieur du Wells Fargo Center. Dès la prière d'ouverture, certains partisans de Bernie Sanders ont commencé à huer chaque mention d'Hillary Clinton. Une fois la candidate investie, ils ont envahi la salle de presse pour dénoncer une élection "truquée". En ville, les manifestants étaient bien plus nombreux qu'à Cleveland et certains ont même tenté d'escalader les barrières érigées par les autorités pour entrer à l'intérieur de la zone sécurisée.

6Les audiences

Chez les républicains. Roi du petit écran ces dernières années avec son émission de télé-réalité "The Apprentice", Donald Trump n'a pas fait exploser les audiences. Environ 34,9 millions d'Américains ont regardé son discours, en clôture de la convention républicaine, selon CNN (en anglais). C'est bien, mais le New York Times (en anglais) attendait mieux, compte tenu du profil du candidat. Les audiences du reste de la semaine sont dans la moyenne des débats républicains durant les primaires : environ 23 millions de téléspectateurs sur les principales chaînes lundi, 19 millions mardi et 23,4 millions mercredi.

Chez les démocrates. Les premières soirées de la convention démocrate se sont révélées plus populaires sur les principales chaînes américaines : 26 millions de téléspectateurs lundi soir, 24 mardi soir et 24,4 mercredi soir. Hillary Clinton a en revanche fait moins fort que son adversaire jeudi soir, avec seulement 33,8 millions d'Américains devant leur petit écran. Donald Trump avait envoyé un email à ses soutiens pour leur demander de boycotter le discours.

7L'organisation

Chez les républicains. La convention s'est déroulée dans la Quicken Loans Arena, dans le centre-ville de Cleveland. Plutôt pratique pour couvrir à la fois les discours et les manifestations, qui se déroulaient à une dizaine de minutes de là, sur la principale place de la ville. L'événement s'est déroulé sans accrocs, résume le Cleveland Plain Dealer.

Chez les démocrates. C'était le "chaos", à en croire certains journalistes. Il faut dire que la convention se déroulait dans une atmosphère surchauffée, avec des températures ressenties de plus de 40°C à Philadelphie. Pour ne rien arranger, la tente allouée aux médias n'était pas prévue pour résister ni à la foudre, ni, visiblement à la pluie. Plutôt ennuyeux. De nombreux participants se sont en outre plaints des délais nécessaires pour quitter le Wells Fargo Center — très excentré — en fin de soirée et rejoindre des hôtels parfois "sordides", selon une rédactrice en chef.

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