Présidentielle américaine : sept choses vues à la convention démocrate
Pendant quatre jours, le Parti démocrate s'est réuni à Philadelphie, en Pennsylvanie, pour investir Hillary Clinton dans la course à la Maison Blanche. Francetv info a assisté à l'événement.
Avec "humilité", "détermination" et "confiance", Hillary Clinton a formellement accepté l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine, jeudi 28 juillet, à l'issue de la convention du parti à Philadelphie (Etats-Unis). La candidate a clôturé les débats, avec un discours de près d'une heure. Voici sept choses que nous avons observées sur place au cours de ces quatre jours.
Le vibrant passage de relais entre Obama et Clinton
Après huit années à la Maison Blanche, Barack Obama ne peut pas se présenter à sa propre succession. Avant de redevenir un simple "citoyen", le président des Etats-Unis s'est dit "prêt à passer le témoin" à Hillary Clinton. Sur scène, mercredi soir, il a livré un vibrant plaidoyer pour la candidate démocrate. "Je vous demande de faire pour Hillary ce que vous avez fait pour moi", a-t-il lancé à la tribune.
Je vous demande de vous joindre à moi pour rejeter le cynisme, pour rejeter la peur, pour convoquer ce qu'il y a de meilleur en nous. Pour élire Hillary Clinton à la présidence et montrer au monde que nous croyons toujours dans la promesse de cette grande nation.
Toujours très populaire dans le camp démocrate, Barack Obama a conclu son discours sous les ovations du public de la convention. Le président et la candidate à sa succession ont ensuite offert une belle image aux caméras du monde entier : une longue accolade, reprise en une de nombreux quotidiens américains jeudi.
Trump mis en scène "avec ses propres mots"
Pendant la convention républicaine, Hillary Clinton avait été le punching-ball de tous les orateurs. Une semaine plus tard, le Parti démocrate a riposté. En plus des attaques lors des discours à la tribune, Donald Trump a été ciblé dans de petites pastilles vidéos diffusées durant ces quatre jours. A chaque fois, le principe est le même : dénoncer le comportement du milliardaire en mettant en avant "ses propres mots", confrontés au décryptage des médias télévisés ou à des témoignages.
Le supposé engagement de l'homme d'affaires pour les vétérans a ainsi été remis en cause, sa vision de la femme, des handicapés ou de la diversité été taclée, la gestion de son "université" dénoncée. A chaque fois, sans qu'Hillary Clinton ait besoin d'intervenir.
Des discours émouvants contre les armes à feu
Soutenue par deux survivants de l'attaque, Christine Leinonen a eu bien du mal à contenir sa peine durant son discours. Cette mère de famille est venue s'exprimer à la tribune, en mémoire de son fils, fervent soutien d'Hillary Clinton, mort dans l'attentat homophobe d'Orlando, le 12 juin.
L'arme qui a tué mon fils tire trente cartouches en une minute. (…) Les statistiques sont terribles : une minute pour tirer autant de fois, cinq minutes pour qu'une cloche honore autant de vies. (…) En matière de port d'armes à feu, où étaient les politiques de bon sens quand mon fils est mort ? Je ne veux jamais que vous vous posiez la question à propos de votre enfant. C'est pour ça que je soutiens Hillary Clinton.
Elle n'a pas été la seule, pendant ces quatre jours, à demander un plus grand contrôle sur les armes à feu à la tribune. L'ancienne élue Gabrielle Giffords, blessée lors d'une fusillade, a elle aussi apporté son soutien à Hillary Clinton, malgré ses difficultés d'élocution. Felicia Sanders et Polly Shepard, deux survivantes de l'attaque de l'église de Charleston, en juin 2015, sont également venues s'exprimer. Tout comme Erica Smegielski, la fille de la directrice de l'école de Sandy Hook, morte lors de la fusillade de décembre 2012.
Comme beaucoup d'Américains, je devrais être à la maison, à regarder à la télévision avec ma mère l'investiture de la première femme candidate. Mais ma mère a été assassinée. Alors je suis là.
Des pro-Sanders très remontés
Impossible de les rater. Tout au long de la convention, les plus fervents partisans de Bernie Sanders ont donné de la voix. Quitte à briser l'unité voulue par leur champion, rallié à Hilary Clinton. "On est censés être démocrates, et le comble de l'ironie, c'est que les primaires du parti républicain ont été plus démocratiques que les nôtres", a dénonce auprès de francetv info Austin Dreis-Ornelas, délégué du Texas.
On ne peut pas faire confiance à Hillary Clinton. Elle a accepté de l'argent d'à peu près tous les lobbies qu'elle promet aujourd'hui de combattre.
"On ne peut pas faire confiance à Hillary", me dit Austin, délégué du Texas #DemsInPhilly pic.twitter.com/ig1vlZ160M
— Mathieu Dehlinger (@mdehlinger) 27 juillet 2016
Des réactions comme celles-ci ont émaillé les débats tout au long de la semaine, même si elles ont été de plus en plus minoritaires. Lundi, les partisans de "Bernie ou rien" n'ont même pas attendu la fin de la prière d'ouverture pour commencer à huer chaque mention du nom de la candidate. Mardi, après son investiture officielle, ils ont quitté la salle et ont envahi les tentes allouées aux médias pour dénoncer une élection "truquée". Mercredi, ils ont à nouveau convoqué des conférences de presse pour dénoncer leur traitement au sein du parti. Jeudi, quelques irréductibles ont encore porté des tee-shirts Bernie Sanders ou crié "Jamais Hillary", mais leur opposition a été noyée par les ovations du public de la convention, venu acclamer sa candidate.
Les pro-Sanders montrent leurs pancartes vers le centre des médias, bouclé par la police #DemsInPhilly pic.twitter.com/LsZhZQvvZr
— Mathieu Dehlinger (@mdehlinger) 26 juillet 2016
La main tendue d'Hillary Clinton
Hillary Clinton sait que pour gagner, elle doit convaincre les anciens soutiens de Bernie Sanders. La candidate démocrate leur a tendu la main, jeudi soir, dans son discours de clôture. Elle a d'abord "remercié" son ancien rival pour sa campagne qui a "inspiré des millions d'Américains", avant de leur adresser un message.
A tous tes soutiens ici et à travers le pays, je veux que vous sachiez que je vous ai entendus. Votre cause est notre cause. Notre pays a besoin de vos idées, de votre énergie, de votre passion.
A la tribune, elle a ensuite évoqué la gratuité de l'université pour les classes moyennes ou sa volonté de lutter contre les excès de Wall Street. Deux propositions parmi d'autres en guise de main tendue aux électeurs de Bernie Sanders.
Des arrestations aux portes de la convention
Les anti-Clinton ont finalement été beaucoup plus visibles et virulents que les anti-Trump, sagement rassemblés sur la place centrale de Cleveland durant la convention républicaine. A Philadelphie, les manifestants se sont rassemblés dans le parc Franklin Delano Roosevelt, beaucoup plus près des lieux des débats. Certains ont même campé sous les arbres pendant les quatre jours de la convention.
Les tensions ont été plus fortes en soirée, pendant que les orateurs les plus prestigieux s'exprimaient sur la scène de la convention. Mercredi soir, les vêtements d'une femme ont ainsi pris feu après qu'un drapeau a été brûlé, rapporte le Philadelphia Inquirer. Sept personnes ont aussi été arrêtées ce soir-là pour être entrées dans la zone sécurisée en escaladant une barrière à l'extérieur du Wells Fargo Center.
A woman catches fire after stomping out a US flag lit with lighter fluid. She is being treated for burns @PennLive pic.twitter.com/D5FM7d9xF8
— James Robinson (@jrobinsonphoto) 28 juillet 2016
Protesters tried to push through gate at Broad & Pattison. Cops rushed to push back. #DemsInPhilly #DNC pic.twitter.com/Hmk9SXimgT
— Michaelle Bond (@MichaelleBond) 28 juillet 2016
Une organisation très critiquée
La convention démocrate s'est ouverte dans une atmosphère étouffante. En pleine alerte canicule, et avec une forte humidité dans l'air, la température ressentie dépassait facilement les 40°C. De quoi échauffer les esprits, d'autant que l'organisation n'était pas à la hauteur de celle de la convention républicaine, organisée la semaine précédente à Cleveland. C'était "le chaos", à en croire certains journalistes.
"Consternant, écrit la rédactrice en chef de Yahoo News, Megan Liberman. Des hôtels sordides, des espaces de travail surchauffés, aucune indication..." "Minuit trente : des milliers de personnes toujours dans l'attente de quitter le Wells Fargo Center, raconte Dana Milbank, éditorialiste au Washington Post. Plus d'une heure d'attente pour un Uber. Des navettes aux abonnés absents. La pire convention." Laurence Haïm, la correspondante de Canal+ aux Etats-Unis, a eu le même souci : "Trois heures d'attente pour quitter [les lieux]", en pleine nuit.
To be totally objective and nonpartisan: the logistics at DNC are appalling. Squalid hotels, sweltering workspace, no directions. Chaos.
— Megan Liberman (@meganliberman) 25 juillet 2016
12:30 am: Thousands still in gridlock trying to leave Wells Fargo Ctr. One-hour-plus wait for Uber. Shuttles MIA. Worst. Convention. Ever.
— Dana Milbank (@Milbank) 26 juillet 2016
bus pour journalistes et délégués hier ne marchaient pas à philadelphie .3 heures d attente à une heure du matin pour quitter le lieu .
— LAURENCE HAIM (@lauhaim) 26 juillet 2016
Par ailleurs, il était parfois difficile de se faire une place dans l'enceinte de la convention, pleine à craquer en soirée. Les tentes allouées aux journalistes n'ont pas toujours tenu le coup face aux conditions climatiques. Dès le premier soir, elles ont pris l'eau et ont même dû être évacuées en plein orage. Elles n'étaient pas adaptées "pour totalement protéger les occupants au cas où la foudre tomberait", selon les organisateurs. Embêtant.
Multiple reporters are leaving the tent city as officials broadcast an emergency flood warning. The roof is swaying pic.twitter.com/FK2CTYpCQj
— Hunter Walker (@hunterw) 25 juillet 2016
Not the kind of leaks we normally strive for at conventions. But this is #monsoonconvention. pic.twitter.com/o5J2uPu4Lf
— carl hulse (@hillhulse) 25 juillet 2016
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