Présidentielle américaine : quelle reconversion pour Hillary Clinton ?
La candidate démocrate a échoué face à Donald Trump. Elle ne sera pas la première femme présidente des Etats-Unis. Mais va-t-elle pour autant se retirer de la vie publique ? Franceinfo énumère quelques pistes pour la suite de sa carrière.
Après le choc de la défaite, Hillary Clinton va devoir préparer l'avenir. La candidate démocrate à la présidentielle américaine a perdu son duel contre Donald Trump pour accéder à la Maison Blanche dans la nuit du 8 au 9 novembre. Après avoir sillonné le pays ces derniers mois et enchaîné les meetings, Hillary Clinton va donc avoir beaucoup de temps devant elle. Reste à savoir comment elle va l'employer. Franceinfo esquisse quelques possibilités.
Préparer la présidentielle de 2020
"Elle ne renonce jamais", avait reconnu Donald Trump lui-même au sujet de sa concurrente lors des débats de la campagne présidentielle. Hillary Clinton a déjà subi des échecs. En 2008, elle a dû s'incliner lors des primaires démocrates face à Barack Obama. Huit ans après, elle s'est à nouveau présentée.
En politique, on ne meurt jamais. L'adage est bien connu. Il suffit de regarder le parcours d'anciens présidents des Etats-Unis. Ainsi, le républicain Richard Nixon avait perdu son face-à-face contre Robert Kennedy lors de l'élection de 1960. Il a pourtant été élu 37e président des Etats-Unis en 1968, et a même été réélu en 1972 (avant de démissionner en 1974 après l'affaire du "Watergate").
Les détracteurs de Hillary Clinton pourraient écarter une nouvelle candidature en raison de son âge. La démocrate aura en effet 73 ans en 2020. Mais encore une fois, il y a des précédents. Le républicain Ronald Reagan a été réélu en 1985, alors qu'il avait justement 73 ans. Lors du débat face à son concurrent démocrate, Walter Mondale, âgé de 56 ans, Ronald Reagan avait même retourné l'argument avec humour, comme le rappelle Libération : "Je ne ferai pas de l’âge une problématique de la campagne. Je ne vais pas exploiter, à des fins politiques, la jeunesse et l’inexpérience de mon adversaire."
Donner à nouveau des conférences
L'activité est plutôt lucrative. Et elle en a déjà l'expérience. Quand Hillary Clinton a quitté son poste de secrétaire d'Etat, pour des raisons de santé en 2013, elle a donné des conférences rémunérées sur de nombreux thèmes comme l'accord de libre-échange avec l'Europe, la situation géopolitique en Asie, l'économie des Etats-Unis... De nombreuses écoles s'arrachaient ses prestations, note le Huffington Post. Ainsi, l'université de Californie de Los Angeles a payé 300 000 dollars l'ancienne secrétaire d'Etat pour une conférence sur le "leadership". En plus de ces échanges, plutôt bien payés, avec des étudiants, Hillary Clinton a été payé 675 000 dollars, par la banque Goldman Sachs, pour une série de trois discours. WikiLeaks en avait publié les retranscriptions en octobre, rappelle Slate.
Se consacrer à la fondation Clinton
"C'est une défaite cuisante. En 2020, elle aura 70 ans, je la vois mal être à nouveau candidate. C'est fini pour Hillary Clinton", estime Alix Meyer, professeur de civilisation américaine à l'université de Bourgogne, interrogé par 20 Minutes. Si pour certains observateurs, la défaite de la candidate démocrate marque la fin de sa carrière politique, elle ne scelle cependant pas la fin des affaires du clan Clinton. La candidate démocrate pourrait en effet se consacrer à temps plein à la Fondation Bill, Hillary et Chelsea Clinton, qu'elle dirige de concert avec son mari et sa fille.
Créée par l'ancien président américain en 1997, l'organisation est une œuvre caritative luttant contre la pauvreté, le réchauffement climatique, ou encore pour l'accès aux médicaments... Elle a récolté plus de 2 milliards de dollars (environ 1,8 milliard d'euros) à travers le monde depuis sa création, emploierait plus de 2 000 personnes et aurait un budget annuel de 210 millions d'euros, note Libération.
Cette activité de reconversion toute trouvée présente toutefois certains risques puisqu'en août, l'agence de presse Associated Press a accusé Hillary Clinton de conflit d'intérêts avec sa fondation, lorsqu'elle était secrétaire d'Etat. "En dehors du gouvernement américain, plus de la moitié des personnes qui ont rencontré Hillary Clinton pendant qu’elle était secrétaire d’Etat ont donné de l’argent – à titre personnel ou via des entreprises ou des associations – à la Fondation Clinton", détaille le Washington Post (en anglais). En octobre, le site WikiLeaks a aussi accusé les Clinton de se servir de leur fondation comme relais d'influence.
Face à ces accusations, ils ont assuré que si Hillary Clinton remportait la présidentielle, la fondation deviendrait "indépendante", c'est-à-dire que les membres de la famille Clinton démissionneraient de son conseil d'administration, rapporte le New York Times (en anglais). Reste à savoir si cette mesure sera toujours appliquée après la défaite de la candidate.
Empêcher que Trump "détruise" les Etats-Unis
Lors du talk-show parodique "Entre deux fougères", en septembre, la candidate démocrate s'est confrontée au comédien Zach Galifianakis. A la question "Si Donald Trump est élu président et que Kid Rock est secrétaire d’Etat, allez-vous partir pour le Canada ? Ou en Arctique ?", Hillary Clinton a répondu : "Je resterai aux Etats-Unis. J’essaierai de l’empêcher de détruire les Etats-Unis." "Est-ce à dire mener une guerre civile ?" interroge l'acteur connu pour son rôle dans Very Bad Trip. "Pas avec les armes, cela serait un petit peu trop extrême", réplique-t-elle.
Si la façon d'empêcher Donald Trump de "détruire les Etats-Unis" peut passer par de nombreuses pistes (militantisme, lobbying...), il y a peu de doutes que l'ancienne secrétaire d'Etat et sénatrice, qui a voué sa vie à sa carrière politique et à celle de son mari, n'use de son expérience politique pour freiner la politique de Donald Trump. "Si vous trébuchez, gardez la foi. Si vous êtes mis K.-O., relevez-vous tout de suite, et n’écoutez pas ceux qui vous disent d’abandonner", avait-elle lancé après sa défaite à l'investiture démocrate en 2008. Si Hillary Clinton suit son propre conseil, tout ne semble donc pas (encore) terminé pour elle.
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