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Primaires démocrates aux Etats-Unis : pourquoi les centristes ont tout fait pour relancer la campagne de Joe Biden

L'ancien vice-président se présente renforcé pour le "Super Tuesday", après le ralliement de deux anciens rivaux centristes.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Joe Biden prononce un discours après sa victoire lors des primaires démocrates en Caroline du Sud, le 29 février 2020, à Columbia. (SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Il faut sauver le soldat Joe Biden. Après Pete Buttigieg, la sénatrice Amy Klobuchar a annoncé, lundi 2 mars, qu'elle suspendait sa campagne pour les primaires démocrates aux Etats-Unis. Les deux centristes ont déclaré leur soutien à Joe Biden, qui fait désormais figure de champion des modérés dans la course à l'investiture du parti pour la présidentielle américaine. Franceinfo vous explique la stratégie des démocrates modérés, censée renforcer l'ancien vice-président pour le "Super Tuesday".

Pour mettre un terme à la division de l'aile modérée du parti

Durant la majeure partie de la campagne, Joe Biden était le grand favori des sondages. Fin janvier, l'ancien vice-président de Barack Obama était crédité de plus de 25% des intentions de vote en moyenne, au niveau national, selon l'agrégateur du New York Times*. Mais le modéré est désormais largement devancé par Bernie Sanders dans les sondages (29%, contre 17% pour Biden).

Surtout, Joe Biden a encaissé plusieurs échecs cuisants depuis le début des primaires, pâtissant de l'éclatement des candidats centristes. Dans l'Iowa, il a fini en 4e position, alors que le jeune Pete Buttigieg créait la surprise en s'imposant d'une très courte tête. Dans le New Hampshire, l'ancien vice-président n'est arrivé que 5e avec 8,4% des voix, quand la sénatrice Amy Klobuchar décrochait 19,8% des votes.

En se ralliant à lui, Buttigieg et Klobuchar espèrent donc renforcer Joe Biden pour le "Super Tuesday", journée qui permet généralement à un grand favori de se démarquer. "Si nous passons les quatre prochains mois à diviser notre parti et à s'attaquer mutuellement, nous passerons les quatre prochaines années à regarder Donald Trump déchirer ce pays, a martelé Amy Klobuchar lors d'un meeting avec l'ancien vice-président, lundi 2 mars. Nous voulons l'emporter largement [à la présidentielle], et Joe Biden peut le faire."

Pour faire rempart au progressiste Bernie Sanders

Si les centristes ont soudainement décidé de faire front commun pour les primaires, c'est pour freiner l'avancée de Bernie Sanders. Finaliste malheureux des primaires démocrates de 2016, le sénateur indépendant du Vermont aborde le "Super Tuesday" en position de favori. Victorieux dans le New Hampshire et le Nevada, il est pour l'instant en tête du décompte des délégués (60). "Bernie" est par ailleurs donné gagnant dans de nombreux Etats du "Super Tuesday" et a de "fortes chances" de renforcer son avance mardi 3 mars, estime le New York Times*.

Cette possibilité inquiète une partie de l'establishment démocrate, très frileux à l'idée qu'un candidat se décrivant comme "socialiste" représente le parti à la présidentielle. Pour les démocrates modérés, le programme à gauche toute de Bernie Sanders pourrait effrayer les électeurs centristes, essentiels pour battre Donald Trump dans la course à la Maison Blanche.

En mettant un terme à leur campagne, Amy Klobuchar et Pete Buttigieg espèrent donc que Joe Biden bénéficiera d'un report de voix suffisant pour reprendre l'avantage sur Bernie Sanders. "On a rarement (voire jamais) vu des opposants unir leurs forces de façon aussi spectaculaire, note le New York Times*. [Amy] Klobuchar et [Pete] Buttiegieg sont passés de mener une campagne intense pour remporter les primaires en Caroline du Sud, samedi, à se lancer dans une mission sauvetage de (...) Joe Biden." Mais, selon le quotidien américain, rien ne garantit que l'aide de ces deux anciens rivaux suffira à offrir la victoire à l'ancien vice-président lors de cette journée clé de vote.

Pour contrer une éventuelle percée de Michael Bloomberg

La stratégie des centristes vise également à renforcer Joe Biden face à un troisième homme : Michael Bloomberg. Le milliardaire est "probablement le dernier rival modéré que Biden doit évincer" dans la course à l'investiture, pointe ainsi le Daily Beast*. Une tâche d'autant plus complexe que Michael Bloomberg n'a pour l'instant jamais affronté le verdict des urnes. Entré tardivement dans la campagne, il a fait l'impasse sur les scrutins des quatre premiers Etats, pour se concentrer sur le "Super Tuesday". Une stratégie inédite dans la présidentielle américaine.

Malgré un premier débat raté et une deuxième prestation peu convaincante, l'ancien maire de New York est en troisième position dans les sondages. Il est crédité de 15% des intentions de vote en moyenne*, au niveau national, et a dépensé plus de 500 millions de dollars de sa fortune personnelle pour occuper l'espace médiatique avec des clips de campagne, rapporte Bloomberg News*. Bref, Michael Bloomberg peut "créer la surprise mardi, dans le bon comme dans le mauvais sens", estime le New York Times.

Une mauvaise performance de Michael Bloomberg transformerait probablement les primaires en un duel entre Joe Biden et Bernie Sanders. Mais, à quelques heures des premiers résultats, aucune certitude n'existe sur l'issue du scrutin tant la campagne a été disputée jusqu'ici. "Il n'est absolument pas certain que [Bernie] Sanders ou qui que ce soit d'autre obtiendra un avantage décisif lors du 'Super Tuesday'", conclut le New York Times.

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