: Reportage A Washington, Kamala Harris livre un réquisitoire contre un Donald Trump "instable" et "obsédé par la vengeance"
Le contraste ne pouvait être plus prononcé. Des dizaines de milliers de partisans de tous âges, drapeaux américains à la main, foulant la pelouse de l'Ellipse dans l'espoir de voir leur candidate, Kamala Harris, mardi 29 octobre à Washington (Etats-Unis). Le 6 janvier 2021, ce même terrain proche de la Maison Blanche accueillait des soutiens de Donald Trump chauffés à blanc avant de prendre la direction du Capitole pour tenter – par la force – d'arrêter la certification de la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle. La vice-présidente des Etats-Unis a sciemment choisi ce lieu symbolique pour tenir l'un de ses derniers grands meetings de campagne, à une semaine d'une élection présidentielle américaine des plus décisives – et des plus indécises. Un argumentaire volontiers axé autour des menaces posées par Donald Trump, face à un public partagé entre l'engouement et l'inquiétude si près du scrutin.
"A la fois enthousiaste et terrifié"
Après un après-midi de musique entraînante, l'hymne national retentit, tandis que la foule observe un silence solennel. Quand la candidate entre en scène, les "Kamala ! Kamala ! Kamala !" de ses soutiens emplissent l'air,de plus belle, des drapeaux américains flottent au-dessus des têtes. D'immenses bannières "Liberté" encadrent les lieux. Le doux soleil d'automne a laissé place à la fraîcheur, l'ambiance festive à un ton plus grave.
Très vite, Kamala Harris expose le choix donné aux électeurs, le 5 novembre, pour une élection qui sera "probablement le vote le plus important de votre vie" : une société axée sur les libertés ou un pays déchiré, "gouverné par le chaos ou la division". D'une voix posée et claire, la candidate démocrate entame un argumentaire ciselé contre son adversaire, l'homme qui a "envoyé un commando armé au Capitole pour renverser la volonté du peuple". Dans la foule, quelques huées suivent à l'évocation de l'ancien président. Passé le récit du 6 janvier 2021, la vice-présidente dépeint un ancien chef d'Etat "instable, obsédé par la vengeance, rongé par les griefs et en quête d'un pouvoir sans limites".
"Il a passé des décennies à essayer de diviser les Américains, à faire en sorte qu'ils aient peur l'un de l'autre. Ce n'est pas ce que nous sommes."
Kamala Harris, candidate démocrate à la Maison Blanchelors de son meeting à Washington
Les minutes défilent et la diatribe continue contre Donald Trump. Elle est accueillie par un public conquis, lui-même inquiet d'une nouvelle ère Trump et d'une démocratie fragilisée.
Dans la foule, un homme brandit un ballon gonflable à l'effigie de Donald Trump portant une croix gammée. "Tout ce qui est normal ne sera plus si Donald Trump est réélu", avance-t-il. Michael B. Smith, 66 ans, se dit "à la fois enthousiaste et terrifié". "C'est l'élection la plus importante de ma vie. Je n'ai jamais ressenti ça", livre l'habitant des environs du Capitole. Selon lui, "le fascisme" est devenu "de plus en plus flagrant" dans la rhétorique de Donald Trump.
Non loin de la scène, Sally Cluthe confie le stress ressenti à l'approche du 5 novembre, notamment pour les droits des femmes, des minorités et des exilés. "A bien des égards, la démocratie se joue avec ce bulletin de vote", avance l'Américaine, qui retient quelques mots durs contre Donald Trump.
"Les gens ont besoin d'entendre la vérité"
Depuis plusieurs jours, Kamala Harris adopte un ton plus offensif à l'encontre de son rival. "Fasciste", "dérangé"... "Donald Trump va entrer dans le Bureau ovale avec une liste d'ennemis", a alerté mardi soir la démocrate. L'offensive anti-Trump sera-t-elle payante ? "Je pense que c'est une bonne stratégie, défend Joi Sheffield, venue écouter sa candidate. Les gens ont besoin d'entendre la vérité. Il ne faut plus enrober les choses."
Melissa y voit aussi une stratégie intéressante, mais doute de ses effets sur des électeurs encore indécis. "Parler davantage d'économie pourrait plutôt les mobiliser", estime la jeune diplômée d'Howard, l'université qui a formé Kamala Harris quarante ans plus tôt. Nala, encore étudiante, aimerait que la démocrate "se concentre davantage sur sa vision du futur" : "Cela donnerait de l'espoir aux gens et certains électeurs d'Etats-clés pourraient voter plus facilement pour elle."
Mardi soir, la vice-présidente est revenue sur son passé de procureure, avant de défendre une nouvelle fois son programme. Kamala Harris a réitéré ses promesses de campagne, les posant régulièrement en contraste avec les idées de Donald Trump.
"Donald Trump accorderait des baisses d'impôts à ses donateurs milliardaires. Moi, j'offrirai ces baisses d'impôts aux travailleurs de la classe moyenne."
Kamala Harris, candidate démocrate à la Maison Blanchelors de son meeting à Washington
En matière de santé, "nous allons permettre à [l'assurance-maladie] Medicare de couvrir le coût des soins à domicile. (...) Donald Trump, lui, a tenté de réduire cette assurance chaque année qu'il était président", a relevé la candidate. Avant d'évoquer le droit à l'avortement, axe fort de sa campagne et sujet particulièrement galvanisant. "Aux Etats-Unis, une femme sur trois vit dans un Etat où l'IVG est interdite à cause de Trump", a répété Kamala Harris, provoquant un tonnerre d'applaudissements.
"C'était inspirant"
Après une trentaine de minutes, celle qui pourrait devenir la première femme présidente des Etats-Unis a conclu son discours sur une note d'espoir, louant "une nation assez grande pour tous nos rêves, assez forte pour résister à toute fracture, et assez intrépide pour imaginer un avenir plein de promesses". Avec un dernier tacle envoyé à son adversaire :
"Nous ne sommes pas un réceptacle pour les projets de dictateurs en puissance."
Kamala Harris, candidate démocrate à la Maison Blanchelors de son meeting à Washington
Les drapeaux du public sont agités une dernière fois lorsque Kamala Harris appelle à "tourner la page et écrire le prochain chapitre de la plus extraordinaire histoire jamais contée" alors qu'à l'extérieur, des centaines de personnes manifestaient contre la politique de l'administration Biden à l'égard de la bande de Gaza.
L'allocution a donné "de l'espoir" à Yvonne, âgée de 79 ans. "C'était inspirant", appuie Gloria Victor-Dorr, venue du Maryland voisin. Elle et son mari Gary pointent quand même la répétition de plusieurs promesses, le manque de nouveauté dans les paroles de Kamala Harris. Mais pour Gary, le plus urgent est peut-être ailleurs, à sept jours de l'élection présidentielle : "La démocratie est en jeu. Notre pays pourrait s'effondrer."
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