Démission de Cahuzac : la gauche embarrassée, la droite prudente
Alors que le gouvernement et le PS saluent le travail du ministre du Budget, l'opposition retient ses coups, marquée par les attaques lancées pendant l'affaire Woerth.
Que penser de la démission de Jérôme Cahuzac ? Les représentants politiques ont commenté l'annonce, mardi 19 mars, de la démission du ministre du Budget, après l'ouverture d'une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale par le parquet de Paris, plus tôt dans la journée. Un coup dur pour le gouvernement, alors que le ministre devait accompagner la baisse des dépenses publiques dans le budget 2014 en préparation.
Le gouvernement salue son travail
Bernard Cazeneuve est l'homme qui va prendre en charge le ministère du Budget après la démission de Jérôme Cahuzac survenue. Invité de RTL, mercredi, il a assuré avoir confiance en son prédécesseur et a salué son action. Selon lui, Jérome Cahuzac a incarné sa fonction "avec excellence", et a été "brillant, performant dans l'exercice de sa responsabilité".
"Jérôme Cahuzac a été un ministre du Budget impeccable. Je le regrette. Il était the right man in the right place", a estimé Nicolas Bricq, ministre du Commerce extérieur sur Europe 1. De son côté, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement, évoque sur France Inter "une décision forte mais nécessaire" :
Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, a salué mardi soir la décision de Jérôme Cahuzac "de se retirer du gouvernement pour défendre son honneur", et a rendu hommage à son "travail remarquable pour redresser, dans la justice sociale, les finances publiques" du pays. Même si les membres du gouvernement estiment que Jérôme Cahuzac n'avait guère le choix, compte tenu des annonces de François Hollande sur l'exemplarité de l'Etat, pendant la campagne présidentielle.
Franchement, on voit mal comment un ministre du Budget soupçonné de fraude fiscale peut conserver son poste", commentait l'un. "On a tant tapé sur Eric Woerth et Michèle Alliot-Marie sous Sarkozy qu'on va avoir du mal à justifier que Jérôme reste au gouvernement", ajoutait au autre. Signe d'un certain embarras dans la majorité, plusieurs ministres ont refusé de répondre devant les caméras.
La droite retient ses coups, marquée par l'affaire Woerth
L'UMP se montre prudente avec Jérôme Cahuzac. Jean-François Copé, Président de l'UMP, Luc Chatel, vice-président du parti, et Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée n'ont pas critiqué Jérôme Cahuzac mais n'ont pas épargné Jean-Marc Ayrault, condamnant son attitude lors de l'affaire Woerth. "Contrairement à la gauche ces cinq dernières années, nous avons refusé toute chasse à l'homme", a déclaré Jean-François Copé, mercredi, sur iTélé.
"Jérôme Cahuzac a eu raison de démissionner, bien qu'il ne soit pas mis en examen à ce stade", a déclaré le chef de file de l'UDI, Jean-Louis Borloo, sur BFMTV, affichant une certaine prudence. "Bien que ce soit un adversaire politique, je souhaite qu'il puisse faire valoir sa vérité", a-t-il indiqué, avant d'ajouter : "De nombreux précédents devraient appeler à la retenue."
Guillaume Peltier, vice-président de l'UMP, est du même avis. "Pour moi, Jérôme Cahuzac est innocent mais compte tenu de la pression médiatique il a jugé utile de démissionner." Au passage, il a dénoncé "les petits Robespierre de la justice que sont M. Plenel et ce site d'informations d'extrême gauche Mediapart". Quant à l'ancien secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau, il a rendu hommage au ministre, pourtant son adversaire politique.
Une pensée très amicale pour Jérôme Cahuzac dont le talent va manquer à un Gouvernement qui en manque tant
— Dominique Bussereau (@Dbussereau) 19 mars 2013
A l'UMP toujours, Laurent Wauquiez est plus sévère, estimant que Jérôme Cahuzac "aurait dû démissionner plus tôt". Le député de la Haute-Loire a été l'une des rares voix à droite à critiquer Jérôme Cahuzac depuis le début de l'affaire. Il avait réclamé en décembre son "audition publique" par la commission des Finances de l'Assemblée nationale. "Dans un contexte où on demande toujours plus d'efforts aux Français, aucun politique ne peut se maintenir à un poste comme celui-là lorsqu'il y a de tels soupçons de collusion et de conflits d'intérêt."
Une démission tardive, selon le FN et Dupont-Aignan
"On en arrive à la conséquence logique de ce qui aurait dû être fait depuis plusieurs mois. La démission de monsieur Cahuzac est tardive", a affirmé Marine Le Pen, présidente du Front national. Son vice-président, Florian Philippot, estime toutefois que le ministre "est totalement présumé innocent, il va devoir s'expliquer mais il est évident qu'on ne pouvait pas mener sereinement cette enquête sur une administration qui était placée sous sa tutelle."
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, a lui qualifié l'annonce de "tremblement de terre politique". Selon lui, le ministre "aurait dû démissionner il y a deux mois. C'est toute la classe politique qui est salie par ces manœuvres de retardement".
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