Violences, avantages, rétropédalages... Retour sur une semaine de révélations dans l’affaire Benalla
Pendant une semaine – de l'identification du collaborateur d'Emmanuel Macron par Le Monde sur une vidéo, mercredi 18 juillet, à la revendication de sa "responsabilité" dans cette affaire par le chef de l'État mardi 24 –, Alexandre Benalla a été l'objet de toutes les attentions médiatiques et politiques. Franceinfo replonge dans cette série de révélations qui a ébranlé le quinquennat du président de la République.
Mercredi 18 juillet : "Le Monde" découvre Benalla
20h10. Alexandre Benalla est identifié par Le Monde sur une vidéo amateur d'un militant de La France insoumise tournée place de la Contrescarpe, à Paris, à l'occasion d'un "apéro militant" pour le 1er-Mai. On y voit ce "proche collaborateur du président de la République", vêtu de noir et casque de policier sur la tête, frapper un manifestant à terre. Patrick Strzoda, directeur de cabinet de Macron, a donné son autorisation pour que son subordonné assiste en "observateur" aux opérations policières, sur un jour de congé.
Identifié dès le lendemain par le cabinet du président, Alexandre Benalla écope d'une "simple suspension temporaire, du 4 au 19 mai", avant d'être "affecté à un poste administratif" où il s'occupe de la sécurité d'événements organisés à l'Élysée. Alexandre Benalla est pourtant présent lors de "la célébration de la victoire des Bleus au Mondial", note Le Monde, ce que confirmeront des images dévoilées par BFMTV le lendemain. Il est aussi de sortie "le 14-Juillet, à Paris, place de la Concorde", comme en témoigneront aussi des photographies publiées par Libération.
Le Monde révèle par ailleurs que le procureur de la République de Paris "n'aurait été saisi de l'affaire (au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale) ni par la hiérarchie policière ni par l'Élysée" comme doit le faire "tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit".
22 heures. Dans la foulée, le quotidien publie un portrait d'Alexandre Benalla. On y apprend que cet homme âgé de 26 ans est "'adjoint au chef de cabinet' du président" mais qu'il n'apparaît pas dans l'organigramme officiel de l'Élysée. Passé par le service d'ordre du Parti socialiste, il a servi auprès de Martine Aubry, Arnaud Montebourg puis François Hollande avant de rejoindre la campagne d'Emmanuel Macron en 2016. Alexandre Benalla est connu pour ses méthodes musclés : il a ainsi fait établir un devis "pour deux pistolets lanceurs de balles en caoutchouc, un Flash-Ball et des boucliers antiémeute" durant la campagne présidentielle et a fait scier une trappe dans la scène d'un meeting à Paris pour protéger Emmanuel Macron en cas d'attaque.
Jeudi : les méthodes musclées
Jeudi 19 juillet, à 13h05. Sur le site Buzzfeed, un militant communiste accuse Alexandre Benalla de lui avoir "donné un coup sur la tête" et fait "une béquille" lors de la déclaration de candidature d'Emmanuel Macron, le 16 novembre 2016, à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Les faits avaient été relatés à l'époque dans un article de L'Humanité.
14h16. Alexandre Benalla a travaillé au sein de l'équipe chargée de la sécurité lors de la panthéonisation de Simone Veil le 1er juillet, révèle BFMTV, alors qu'il était censé avoir été rétrogradé. Au sein du palais présidentiel, il aurait également organisé la visite de l'acteur américain Tom Cruise le 14 juillet ainsi que l'accueil d'enfants pour la Fête de la musique le 21 juin.
18h26. Le Parisien dévoile que, "dans le cadre de ses fonctions" auprès du président, Alexandre Benalla dispose d'une autorisation de port d'arme de la préfecture de police de Paris.
18h33. Un photographe de l'AFP témoigne d'un comportement "désagréable" d'Alexandre Benalla quand il était chargé de la sécurité de la campagne d'Emmanuel Macron. "Il m'avait menacé parce que je voulais choisir un angle à moi, et pas le sien. Il me disait 'je vais te faire virer'", affirme Eric Feferberg, à propos de la couverture d'un déplacement d'Emmanuel Macron le 23 mars 2017.
22h33. De nouvelles images repérées par le HuffPost montrent qu'Alexandre Benalla a également agressé une femme, place de la Contrescarpe, le 1er-Mai. Dans une vidéo postée sur Twitter à 19h15, on découvre qu'avant de frapper un jeune homme, le membre du cabinet d'Emmanuel Macron "plaque contre le mur" une jeune femme "et fait une tentative de balayage avec sa jambe", avant de la mettre à terre.
1er mai, à la place de la Contrescarpe. Dommage qu'on ne parle pas aussi de cette jeune femme qui s'est fait violenter, elle aussi, par Alexandre Benalla avant que ce dernier s'en prenne à son ami. #AffaireBenalla #MyFirstTweet pic.twitter.com/IZpon8MnkD
— Sonia B-C (@scarletpolyglot) 19 juillet 2018
23h13. Alexandre Benalla disposait d'une voiture de fonction équipée de dispositifs policiers, affirme encore BFMTV. Des dispositifs lumineux, normalement réservés à l'usage de la police, sont notamment visibles sur le cliché du véhicule partagé par la chaîne.
Vendredi matin : des privilèges qui interrogent
8h40. France Inter lève un nouveau lièvre. Gérard Collomb était au courant des agissements d'Alexandre Benalla dès le 2 mai. La Place Beauvau a alors fait remonter l'information à l'Élysée. Selon la radio, le ministre de l'Intérieur ne connaît pas Alexandre Benalla et "a rarement eu affaire à lui", même pendant la campagne présidentielle. Des informations confirmées par Gérard Collomb lors de son audition devant la commission des lois, lundi 23 juillet.
9h06. Entre 2016 et 2017, le ministère de l'Intérieur "a plusieurs fois écarté la demande de permis de port d'arme d'Alexandre Benalla", affirme Libération.
10 heures. "Trois policiers, dont deux commissaires", ont été suspendus la veille au soir, dévoile Europe 1. Ils sont soupçonnés d'avoir "extrait des images des caméras de vidéosurveillance" qui témoignent de la scène de violence, place de la Contrescarpe, pour les fournir à Alexandre Benalla. Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur indique qu'il a par ailleurs saisi l'IGPN et le parquet de Paris.
Une trentaine de minutes plus tard, Le Monde et Le Figaro révèlent les noms des policiers en question. Il s'agit du contrôleur général Laurent Simonin, du commissaire Maxence Creusat, tous les deux membres de l'état-major de la direction de l'ordre public et de la circulation à la préfecture de police, et du commandant Jean-Yves Hunault, officier de liaison à l'Élysée. Le commissaire Maxence Creusat était responsable du dispositif de maintien de l'ordre place de la Contrescarpe, à Paris, le 1er mai.
Au regard de ces "faits nouveaux", l'Élysée annonce engager une procédure de licenciement envers le chargé de mission. Dans la foulée, Alexandre Benalla est placé en garde à vue.
11h25. Le consultant police-justice de BFMTV, Dominique Rizet, évoque pour la première fois le grade de lieutenant-colonel réserviste d'Alexandre Benalla. Franceinfo précise dans la foulée qu'il est bien rattaché à la réserve opérationnelle.
La liste des privilèges accordés à Alexandre Benalla pic.twitter.com/UmIfq3xJ2o
— BFMTV (@BFMTV) 20 juillet 2018
12h03. En 2010, Alexandre Benalla a commencé sa carrière de gendarme réserviste dans l'Eure, sous l'autorité de Sébastien Lecornu, alors commandant de peloton, aujourd'hui secrétaire d'État auprès du Ministre de la Transition écologique et solidaire, apprend Libération.
12h04. Le Monde révèle qu'Alexandre Benalla bénéficie d'un logement de fonction dans une dépendance de l'Élysée, au quai Branly, depuis le 9 juillet. Ce domicile a été déclaré deux mois après la fin de sa mise à pied par l'Élysée (du 4 au 19 mai). Alexandre Benalla n'a néanmoins "jamais habité" cet appartement, précisera plus tard une porte-parole de l'Élysée à l'AFP.
12h54. Selon les informations du Parisien, le salaire d'Alexandre Benalla avoisinerait les 10 000 euros par mois. Le Journal du dimanche avance de son côté le chiffre de 7 113 euros brut mensuels. Et d'après un document gouvernemental transmis à l'AFP, le chargé de mission est rémunéré environ 6 000 euros net par mois. Benjamin Grivaux, le porte-parole du gouvernement, assure quant à lui sur LCI que le salaire d'Alexandre Benalla s'élève à "5 000 euros net".
Vendredi après-midi : des photos gênantes
Vendredi après-midi. Mediapart publie une nouvelle vidéo des événements du 1er-Mai, place de la Contrescarpe : on peut y voir Alexandre Benalla frapper violemment au ventre le jeune manifestant, puis conduit les policiers au jeune homme, qui est mis à terre et menotté. Aucun élément ne permet alors de savoir s'il est emmené au poste, ou relâché.
Vendredi après-midi. Selon les informations de la chaîne M6, le ministère de l'Intérieur a refusé un port d'armes à Alexandre Benalla dès 2013. Il est alors garde du corps de Karim Achoui, "avocat controversé radié du barreau de Paris, notamment pour des manquements déontologiques".
18h58. Le magazine Valeurs actuelles dévoile qu'Alexandre Benalla voulait postuler pour devenir sous-préfet dans le cadre des nominations au tour extérieur (c'est-à-dire par promotion interne). Cité par l'hebdomadaire, l'Élysée confirme que son collaborateur a "bien évoqué ce souhait" mais que "la présidence de la République ne l'y a pas encouragé". Par ailleurs, la limite d'âge inférieure fixée légalement à 35 ans a douché les espoirs du chargé de mission.
23h19. Des photos d'Alexandre Benalla aux côtés du couple Macron à Giverny (Eure), le 13 juillet, pour une visite privée dans les jardins de Claude Monet, sont dévoilées par Paris-Normandie. Ces clichés attestent qu'il "assurait encore la protection rapprochée du président" après sa suspension. Problème : l'Élysée a assuré la veille que le collaborateur a été entièrement "démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président".
Week-end : garde à vue et mariage annulé
Samedi, dans la matinée. Placé en garde à vue depuis vingt-quatre heures, Alexandre Benalla doit annuler son mariage, prévu le jour-même à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), révèle M6. L'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron était censé épouser Myriam B. devant une cinquantaine d'invités, ajoute Le Parisien. La cérémonie était prévue à 11h30 et devait être célébrée par le maire de la ville, André Santini, complète franceinfo.
13h16. Le Point affirme qu'Alexandre Benalla dirigeait une équipe de sécurité, au sein du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR). L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron avait carte blanche pour recruter les membres de cette équipe affectés aux déplacements privés du président. Plusieurs membres de cette équipe, dont Alexandre Benalla, disposaient de "radios afin d'écouter les discussions sécurisées de l'ensemble du GSPR".
22h28. Parmi ses nombreuses activités, Alexandre Benalla a aussi été "chef de cabinet" pour Jean-Marc Mormeck au sein de la délégation interministérielle à l'égalité des chances des Français d'outre-mer, apprend La 1ere.
23h52. En garde à vue, Alexandre Benalla a assuré que c'est à l'invitation de la préfecture de police qu'il s'est rendu comme "observateur" sur la manifestation du 1er-Mai, informe Le Journal du dimanche. Pour expliquer son intervention, il invoque l'article 73 du Code de procédure pénale, qui permet de prêter main-forte aux forces de l'ordre "en cas de crime ou de délit flagrant". Avant d'être violentés, les deux manifestants ont en effet jetés trois projectiles sur les forces de l'ordre, rapportera ensuite Libération.
Alexandre Benalla justifie la demande des images de vidéosurveillance de la préfecture par le besoin d'étayer son argumentation. Une défense confirmée le lendemain par les avocats d'Alexandre Benalla, qui estimeront dans un communiqué que l'on cherche, à travers leur client, à "porter atteinte à la présidence de la République".
23h55. L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron devait diriger une nouvelle "direction de la sécurité de la présidence de la République (DSPR), destinée à chapeauter toute la protection du chef de l'Etat", révèle aussi Le Journal du Dimanche.
Dimanche 22 juillet, à 16 heures. Le Parisien dévoile une note interne de la gendarmerie publiée la veille "sur le réseau de communication consacré aux réservistes" afin de calmer les inquiétudes de ses troupes. On y apprend qu'Alexandre Benalla avait été "radié (...) à sa demande" de la réserve opérationnelle, dans laquelle il était lieutenant-colonel, en 2017. Avant d'être réintégré comme "expert", mais jamais consulté.
Lundi : le bal des auditions
15 heures. Gérard Collomb jure lors de son audition de la commission d'enquête parlementaire qu'il ne connaît pas "personnellement" Alexandre Benalla. Le ministre de l'Intérieur assure également ne pas avoir prévenu de sa présence aux côtés des forces de l'ordre le 1er-Mai. Il confirme ne pas avoir saisi l'IGPN ou le procureur de la République au sujet des agissements d'Alexandre Benalla.
En revanche, un internaute a saisi la "police des polices" le 3 mai. Mais les violences commises par Alexandre Benalla, alors perçu comme un policier, ne sont pas considérées comme susceptibles de donner lieu à des poursuites. Lors de son audition, Gérard Collomb révèle aussi qu'Alexandre Benalla était présent dans la salle de commandement de la préfecture, plus tard dans la soirée du 1er-Mai.
16h30. "Un budget de 180 000 euros aurait été prévu afin de réunir deux appartements pour Alexandre Benalla et d'en faire un duplex, d'une surface de près de 200 m2", écrit L'Express. L'Élysée fait savoir que ces travaux ont été décidés dès "novembre 2017", c'est-à-dire avant l'attribution de ce logement à Alexandre Benalla en 2018. La présidence dément également la réunion des deux appartements. Lors de son audition, Patrick Strzoda, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, assure que la taille du logement est inférieure à "200" ou "300 mètres carrés".
17 heures. Lors de son audition devant la commission d'enquête, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, affirme qu'il n'a pas autorisé la présence d'Alexandre Benalla aux côtés des policiers le 1er-Mai. C'est Laurent Simonin, chef d'état-major adjoint et lui aussi membre de la préfecture de police, qui a, "sans en rendre compte à son directeur [Alain Gibelin], organisé l'accueil de M. Benalla", précise-t-il. Le haut-fonctionnaire révèle aussi que le couple malmené par le collaborateur d'Emmanuel Macron a été emmené au commissariat de police du 18e arrondissement, après les violences ayant eu lieu place de la Contrescarpe. Ils n'ont pas fait l'objet de poursuites judiciaires et n'ont pas porté plainte. Franceinfo révèle au même moment que le couple, qui souhaite être entendu par les policiers, s'est porté partie civile dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet de Paris.
22 heures. Alexandre Benalla n'avait "aucune autorisation" pour participer à la manifestation du 1er-Mai en tant qu'"observateur", assure Alain Gibelin, le directeur de l'ordre public de la préfecture de police de Paris lors de son audition devant la commission d'enquête parlementaire. "Cette autorisation (...) n'aurait pu émaner que du préfet de police, lequel n'a jamais été sollicité pour une telle autorisation, ni n'est intervenu de quelque manière que ce soit pour la donner", dit-il.
Alain Gibelin assure aussi qu'Alexandre Benalla a participé à des réunions de sécurisation pour l'Élysée entre le 2 et le 18 mai, période pendant laquelle il était censé être mis à pied. L'Élysée dément auprès de franceinfo le lendemain matin, avant qu'Alain Gibelin lui-même ne revienne sur ses déclarations.
Mardi : "trahison" et contradictions
À 8h44. L'autorisation de port d'arme accordée à Alexandre Benalla par la préfecture de police ne répond pas à toutes les conditions demandées par la loi, indique Le Point. Auditionné par la commission d'enquête, Michel Delpuech a reconnu un "point de faiblesse" autour de cette autorisation.
10h20. Le directeur de l'ordre public de la préfecture de police de Paris, Alain Gibelin, rétropédale. Dans une lettre adressée à Yaël Braun-Pivet, la présidente de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, il explique finalement qu'il n'a pas vu Alexandre Benalla à des réunions de travail durant la période de suspension du collaborateur de l'Élysée, révèlent Le Parisien et Le Figaro.
12h16. L'ambition d'Alexandre Benalla ne date pas d'hier : à l'âge de 14 ans, celui-ci avait effectué son stage de classe de 3e au sein du service de protection des hautes personnalités, note L'Obs.
12h27. Alexandre Benalla a été habilité au titre du secret de la défense nationale, après une enquête menée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), dévoile Le Point. La demande a été effectuée par la hiérarchie du chargé de mission auprès de la DGSI. Dans la foulée, RTL précise qu'il était normal qu'Alexandre Benalla bénéficie de cette habilitation, "compte tenu de ses responsabilités" en tant qu'adjoint du chef de cabinet d'Emmanuel Macron et responsable de la sécurité du président de la République.
14h17. Le Parisien affirme qu'Alexandre Benalla a "remis aux enquêteurs un SMS" de Yann Drouet, à l'époque chef de cabinet du préfet de police de Paris, l'invitant à assister aux opérations policières du 1er-Mai. Ce que confirme une note rédigée par la préfecture et publiée mardi par Le Progrès.
Mardi soir. Une avalanche de phrases chocs, après sept jours de silence. "Ce qu'il s'est passé le 1er-Mai (...) a été pour moi une déception, une trahison", lâche Emmanuel Macron devant des députés de La République en marche, réunis à la Maison de l'Amérique latine, à Paris. "Le seul responsable de cette affaire, c'est moi et moi seul, déclare-t-il. Celui qui a fait confiance à Alexandre Benalla, c'est moi, le président de la République. Celui qui a été au courant et a validé l'ordre, la sanction de mes subordonnées, c'est moi et personne d'autre. S'ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu'ils viennent le chercher."
Mercredi : une sanction qui pose question
Dans la matinée. Dévoilé par Mediapart, le contrat de travail de "chargé de mission" d'Alexandre Benalla ne prévoit pas qu'il doive remplir "la moindre déclaration de patrimoine, pas la moindre déclaration d'intérêts, à l'inverse de tous les 'conseillers' officiels" contraints de se plier aux lois sur la transparence de 2013. Par ailleurs, le montant de son salaire a été effacé par l'Élysée au nom du respect de la vie privée.
15 heures. Auditionné par la commission d'enquête du Sénat, Éric Bio-Farina, commandant militaire de la présidence de la République, assure qu'Alain Gibelin et Alexandre Benalla auraient "échangé [lors d'un déjeuner le 25 avril] sur les équipements qui seraient fournis à Alexandre Benalla pour qu'il puisse participer à ladite manifestation" du 1er-Mai. Une affirmation qui contredit les propos du directeur de l'ordre public de la préfecture de police de Paris, qui assurait ne pas avoir été mis au courant de la présence d'Alexandre Benalla auprès des forces de l'ordre.
Dans l'après-midi. Patrick Strzoda reconnaît, devant la commission du Sénat, qu'Alexandre Benalla a touché son salaire intégral au mois de mai, en dépit de sa mise à pied de quinze jours. "En revanche, ses quinze jours de suspension feront l'objet d'une retenue sur les droits à congés qu'il avait en reliquat au titre de l'année 2017", a-t-il expliqué. Des propos qui corrigent l'affirmation de Bruno Roger-Petit, le porte-parole de l'Elysée, jeudi 19 juillet : "Il a été mis à pied pendant quinze jours avec suspension de salaire." Cependant, comme le rappelle BFMTV, un décret de 1986 interdit toute "suspension de traitement", l'Élysée a donc décidé que celle-ci "se ferait par le non-paiement d'un nombre équivalent de jours de congés".
Le soir. En marge d'un déplacement à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), Emmanuel Macron affirme que "l'Élysée n'a jamais caché la faute, elle l'a sanctionnée". "S'il y a une responsabilité, c'est de l'avoir embauché et c'est moi qui l'ai embauché", estime le président de la République au micro de France Bleu Béarn. "Est-ce que je le regrette ? Non, parce que je trouve que c’est bien que quelqu'un comme ça ait pu avoir sa chance dans les équipes de l’Élysée, il a apporté beaucoup. Mais manifestement j'ai aussi fait une erreur en faisant ça." Face à CNews et BFMTV, Emmanuel Macron a confirmé qu'il jugeait "proportionnée" la sanction infligée à Alexandre Benalla.
Jeudi : Benalla contre-attaque
8h09. BFMTV dévoile qu'après avoir obtenu les images de vidéosurveillance – de manière irrégulière – des manifestations du 1er-Mai, Alexandre Benalla a transmis les bandes à Ismaël Emelien, un proche conseiller du président de la République. Une information confirmée par l'Élysée. "L'Élysée a eu un doute sur l'origine de ce document, et le directeur de cabinet a, dès le 20 juillet, procédé à un signalement auprès du procureur en signalant les faits. Nous n'avons pas gardé de copie de ces images", précise l'Élysée auprès de franceinfo.
8h30. lnterrogé à son tour par la commission d'enquête du Sénat, Alexis Kohler, le secrétaire général de l'Élysée a évoqué une sanction "proportionnée" au moment où elle a été prise. "Je maintiens qu'à la lumière des faits connus depuis lors, la sanction peut apparaître insuffisante, mais que symétriquement, au regard des éléments connus le 2 mai, la sanction était proportionnée", déclare-t-il.
9h26. Après une semaine de silence, Alexandre Benalla livre sa version des faits dans un grand entretien accordé au Monde. Et se défend bec et ongles. Son intervention musclée le 1er-Mai ? Il estime n'avoir jamais enfreint la loi, et invoque "l'article 73 du Code de procédure pénale", selon lequel "tout citoyen a qualité pour appréhender l’auteur d’un délit". Son appartement dans le 7e arrondissement ? La superficie du logement est "de 80m2" et non 200 ou 300 comme évoqué lundi. Son salaire ? Il affirme ne toucher "que" "6 000 euros net, comme tous les chargés de mission".
Alexandre Benalla dénonce au passage une "volonté d'atteindre le président de la République, c'est sûr et certain". Il martèle : "Je n’ai pas le sentiment d’avoir trahi le président de la République, j’ai le sentiment d’avoir fait une grosse bêtise. Et d’avoir commis une faute."