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En se maintenant, François Fillon prend le risque du "tribunal de l'Histoire"

Jean-Baptiste Lemoyne, sénateur apparenté Les Républicains de l'Yonne, a appelé, jeudi sur franceinfo, celles et ceux qui n'ont pas encore envoyé leur parrainage, à adresser désormais leur parrainage à Alain Juppé. 

Article rédigé par franceinfo
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François Fillon lors de son meeting à Nîmes (Gard), le 2 mars 2017. (PASCAL GUYOT / AFP)

François Fillon n'a pas l'intention de lâcher, malgré les défections qui se multiplient dans son propre camp, en particulier d'élus proches d'Alain Juppé. En déplacement à Nîmes, jeudi 2 mars, François Fillon a assuré que "la base, elle, tient". Parmi les élus Les Républicains qui se désolidarisent du candidat de la droite à la présidentielle, il y a Jean-Baptiste Lemoyne, sénateur de l'Yonne. Invité de franceinfo, jeudi soir, il a déclaré qu'en se maintenant, François Fillon prenait le risque du "tribunal de l'Histoire".

franceinfo : Vous lancez un "cri du coeur" à François Fillon, quel est-il ?

Jean-Baptiste Lemoyne : Ce cri du coeur, c'est stop. Stop de vivre au rythme d'une procédure, d'un feuilleton qui n'en finit pas. Il y a un moment où il faut qu'on arrive à parler du fond. Le chômage, la lutte antiterroriste, tout cela est balayé. Je vois une crise de confiance. Les Français croient de moins en moins les hommes politiques. François Fillon a été élu le 29 novembre sur des valeurs de droiture. Aujourd'hui, je crois que beaucoup de Français se posent la question : 'C'est bien de dire ça, encore faut-il se l'appliquer'. Moi j'ai rien de personnel contre François Fillon, mais il y a un trouble dans l'opinion. François Fillon a dit une chose en janvier, par rapport à sa mise en examen éventuelle. Aujourd'hui, les Français ne supportent pas que l'on ne fasse pas ce que l'on dit.

Que faut-il faire maintenant ?

Je suis d'une génération qui n'a pas encore 40 ans. Je dis à la génération du dessus, celle des responsables de notre mouvement, qui ont occupé les plus hautes fonctions dans l'État, ces gens-là ont une responsabilité historique. Il faut qu'ils se réunissent, qu'ils aient une discussion avec François Fillon. Il faut qu'ils trouvent une sortie par le haut. C'est une responsabilité générationnelle. Concrètement, moi j'appelle François Fillon à un peu d'introspection et à se poser la question : 'Est-ce que, oui ou non, je suis en mesure de porter encore le message que m'ont confié les 4 millions de Français à la primaire de la droite et du centre ?' Je pense que c'est compliqué de répondre oui. Je suis très inquiet par la situation du pays. Ça bouillonne. Je crains que la crise de confiance ne se transforme en crise de régime. On est comme en 1958. Il va falloir tout remettre sur la table, parce qu'il y a un ras-le-bol grandissant. Je ne veux pas qu'on ait un 21 avril à l'envers.

Appelez-vous à soutenir Alain Juppé ?

Cela ne coûte jamais rien de prendre une bonne assurance vie. François Fillon, il a déjà ses parrainages. Maintenant s'il devait, de lui-même, être amené à renoncer, il ne faudrait pas que la droite et le centre se retrouvent sans candidat. Cela ne coûte rien, pour celles et ceux qui n'ont pas encore envoyé leur parrainage, de l'adresser au Conseil constitutionnel au nom d'Alain Juppé. On est des lanceurs d'alerte. On aura prévenu. Seul François Fillon a la clé. S'il fait le choix à nouveau dans les prochains jours de se maintenir, dont acte. Mais c'est prendre le risque du tribunal de l'Histoire.

"Il va falloir tout remettre sur la table, parce qu'il y a un ras-le-bol grandissant", Jean-Baptiste Lemoyne

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