Retour du RN au Sénat : "Le vote des grands électeurs reflète le vote de la population", explique un maire de Seine-et-Marne
Jamais le parti de Marine Le Pen n'a eu autant de sièges au palais du Luxembourg : lundi 2 octobre, ce sont ainsi trois élus Rassemblement national qui vont arriver au Sénat. Lors des élections, le score du RN a été en hausse dans la quasi-totalité des départements. Comment expliquer cette progression ? Franceinfo est allé chercher des éléments de réponse en Seine-et-Marne, qui a, pour la première fois, un sénateur RN.
Tout juste élu sénateur, Aymeric Durox, 38 ans, joue carte sur table : il a mis en place une véritable stratégie pour décrocher son siège. Élu local, il a labouré le terrain et, surtout, élargi sa liste : "Historiquement, sociologiquement, c'est une terre à majorité de droite, type RPR. J'ai présenté une liste, on va dire, 'RPR canal historique' avec six membres sur huit qui venaient de l'UMP ou du RPR, et qui nous ont rejoints. C'était une liste qui paraissait pouvoir séduire et rassurer des électeurs notamment ruraux".
Des grands électeurs discrets
L'élu est sans tabou sur sa stratégie. En revanche, en recherchant ses grands électeurs ruraux - des maires et conseillers municipaux sans étiquette politique- malgré de nombreux coups de fil passés, personne n'ose révéler avoir voté RN. D'ailleurs, la plupart des grands électeurs ne veulent pas du tout afficher leur choix. C'est le cas du maire de Forges, Romain Senoble. Mais il a un avis sur la question : les élus sont, tout simplement, révélateurs des choix de la population.
"Le Rassemblement national est arrivé en tête dans plus de 70% des communes aux dernières élections, donc ce n'est pas choquant de voir émerger un sénateur RN sur notre territoire."
Romain Senobleà franceinfo
"C'est plus aux partis 'traditionnels', si je puis dire, de se poser la question de savoir pourquoi le Rassemblement national émerge sur notre territoire. Peut-être que les territoires ruraux ne se sentent plus entendus", ajoute le maire.
La peur d'être privé de subventions
Le RN estime répondre à ce sentiment de délaissement, en parlant de la défense des petites communes, des services publics, de l'agriculture. Ce discours a convaincu Renaud Hée, l'un des seuls conseillers municipaux clairement identifiés RN en Seine-et-Marne. Pour lui, si les autres élus ne veulent pas assumer publiquement leur vote, c'est parce qu'ils "ne souhaitent pas perdre certaines subventions intercommunales". Pour lui, il y a une "épée de Damoclès au-dessus de la tête des élus au sein de l'intercommunalité".
Voter pour le RN, ce serait le risque d'être montré du doigt et de toucher moins d'argent pour sa commune. Néanmoins, d'après Renaud Hée, le phénomène va s'estomper, à mesure que le parti de Marine Le Pen prend du poids dans les urnes.
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