PORTRAITS. Gouvernement de François Bayrou : qui sont les 35 ministres et ministres délégués ?

Après dix jours de tractations, l'Elysée a dévoilé lundi la liste des membres du gouvernement de François Bayrou.
Article rédigé par franceinfo
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Manuel Valls, ministre des Outre-mer, le 24 décembre 2024, lors de la passation de pouvoir. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Promesse tenue, in extremis. A la tête du gouvernement depuis le 13 décembre, François Bayrou a tenu le délai qu'il s'était fixé, en révélant la composition de son gouvernement lundi 23 décembre, avant Noël. Après un dimanche riche en discussions entre le Premier ministre et Emmanuel Macron, la liste des nouveaux ministres a été peaufinée jusqu'au dernier moment. Une liste que le nouveau locataire de Matignon a souhaitée resserrée et la plus ouverte possible. 

Néanmoins, malgré une main tendue aux forces politiques, François Bayrou a fait face à plusieurs obstacles jusque dans les dernières heures qui ont précédé la nomination du gouvernement. Le président des députés LR, Laurent Wauquiez, a dit aux députés de son parti avoir refusé d'entrer dans l'équipe ministérielle. Surtout, Xavier Bertrand a fait savoir, quelques minutes avant l'annonce de la composition, avoir refusé de "participer à un gouvernement formé avec l'aval de Marine Le Pen". A gauche, après s'être dit ouvert au compromis, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a déclaré jeudi n'avoir "pas trouvé les raisons de ne pas censurer" le gouvernement. Voici la liste des ministres nommés ou reconduits par le leader centriste.

Quatre ministres d'Etat 

Elisabeth Borne est nommée à la tête du ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Celle qui a étudié au prestigieux lycée public Janson-de-Sailly (Paris) a déjà mis les pieds rue de Grenelle, au début des années 90, comme conseillère auprès de Lionel Jospin puis de Jack Lang. En tant qu'ancienne Première ministre, elle est aussi à l'origine, avec Gabriel Attal, d'un plan de prévention et de lutte contre le harcèlement scolaire. Son expérience en la matière d'éducation reste malgré tout assez maigre, et son profil macroniste risque de faire grincer des dents les syndicats d'enseignants.

Elisabeth Borne, le 8 décembre 2024, à Paris. (BEHROUZ MEHRI / AFP)

Manuel Valls devient ministre des Outre-mer. C'est la surprise de ce remaniement. L'ancien Premier ministre de François Hollande, qui a quitté le Parti socialiste en 2017, fait son retour dans la vie politique française et au gouvernement. Ancien député de l'Essonne, il a été ministre de l'Intérieur puis locataire de Matignon. Réélu député en 2017, il siège au sein du groupe macroniste à l'Assemblée. En 2019, le Franco-espagnol d'origine catalane démissionne pour briguer la mairie de Barcelone, mais ne décroche qu'un mandat de conseiller municipal, dont il démissionne deux ans plus tard. Spécialiste du dossier calédonien, il a piloté en 2019 une mission d'information parlementaire sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.

L'ancien Premier ministre Manuel Valls, le 7 mai 2022 à l'Elysée, à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Gérald Darmanin revient comme ministre de la Justice. L'ancien maire de Tourcoing (Nord), poids lourd de la macronie rejoint la place Vendôme après avoir été ministre de l'Intérieur pendant plus de quatre ans, jusqu'en septembre. L'ancien membre des Républicains a été nommé ministre dès la première présidence d'Emmanuel Macron en 2017, en étant chargé des Comptes publics. L'éphémère gouvernement Barnier est le seul auquel Gérald Darmanin n'a pas participé. 

Gérald Darmanin, le 26 novembre 2024 à Paris. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Bruno Retailleau reste au ministère de l'Intérieur. Le sénateur de Vendée, ancien président du groupe LR à la chambre haute, s'est imposé comme une figure incontournable de son camp, identifiée par l'opinion publique. "Rejoindre le gouvernement aujourd'hui est tout sauf confortable", a reconnu dimanche ce partisan de la "droite dure" dans le Journal du dimanche. Mais "si la droite ne prend pas ses responsabilités" en acceptant une place au gouvernement "malgré les assurances reçues sur ses lignes rouges, alors François Bayrou n'aura d'autre choix que de se tourner vers la gauche", a-t-il justifié.

Bruno Retailleau, le 16 décembre 2024 à Saint-Denis de la Réunion (la Réunion). (RICHARD BOUHET / AFP)

Dix ministres de plein exercice 

Catherine Vautrin redevient ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, poste qu'elle occupait dans le gouvernement de Gabriel Attal. Son portefeuille est élargi aux Familles. Elle était chargée de la décentralisation dans le gouvernement Barnier. Figure de la droite qui a rallié les macronistes en 2022, elle avait été pressentie à Matignon, avant que le choix du chef de l'Etat se porte finalement sur Elisabeth Borne. Déjà ministre sous la présidence de Jacques Chirac de 2004 à 2007, elle a aussi cumulé les mandats locaux, comme députée de la Marne à plusieurs reprises et présidente de la communauté urbaine de Reims jusqu'en 2024.

Catherine Vautrin, le 3 décembre 2024 à Paris. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Eric Lombard est nommé ministre de l'Economie et des Finances. Il est également chargé de la Souveraineté industrielle et du Numérique. Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, ce diplômé d'HEC, passé par la banque Paribas et l'assureur Generali, a notamment œuvré à la création de la Banque des territoires, au redressement d'Orpea ou au rapprochement entre CNP Assurances et la Banque postale. Présenté par François Bayrou comme un homme de gauche, il a œuvré pour Michel Sapin entre 1989 et 1993, et avait déjà été pressenti en 2022 pour intégrer le gouvernement. Il sera épaulé par deux ministres et trois ministres délégués à Bercy. 

Le nouveau ministre de l'Economie et des Finances, Eric Lombard, lors de la cérémonie de passation de pouvoir à Bercy, à Paris, le 23 décembre 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Sébastien Lecornu poursuit au ministère des Armées. Un temps pressenti à Matignon, ce macroniste historique est ministre des Armées depuis mai 2022. Transfuge des Républicains, il est entré au gouvernement en 2017, occupant successivement les postes de secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, de ministre délégué chargé des Collectivités territoriales (jusqu'en juillet 2020), puis de ministre des Outre-mer.

Sébastien Lecornu, le 11 décembre 2024, à Paris. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Rachida Dati est maintenue au ministère de la Culture. En septembre, elle était déjà l'une des rares ministres du gouvernement Attal qui avaient été reconduits dans l'équipe de Michel Barnier. Porte-parole de Nicolas Sarkozy en 2007 puis garde des Sceaux sous François Fillon de 2007 à 2009, cette avocate de profession a déjà annoncé qu'elle briguerait à nouveau la mairie de Paris en 2026, à l'aide d'un accord conclu avec les macronistes.

Rachida Dati à Paris, le 11 décembre 2024. (ALAIN JOCARD / AFP)

François Rebsamen arrive au ministère de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Elu pour la première fois à la mairie de Dijon (Côte-d'Or) en 2001, cet ancien cadre du Parti socialiste, ministre du Travail durant dix-huit mois sous François Hollande, a fondé un nouveau mouvement en mars 2022, La Fédération progressiste, en vue de présenter des candidatures uniques avec la majorité présidentielle aux élections législatives. Il avait également soutenu Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2022. "Aujourd'hui, je suis prêt à m'engager", assurait-il il y a quelques heures dans un entretien à La Tribune dimanche, vantant sa "relation de confiance avec le Premier ministre". "Je pense qu'il est l'homme de la situation", disait-il. 

François Rebsamen, le 27 novembre 2024, à Dijon (Côte-d'Or). (JEAN-CHRISTOPHE TARDIVON / MAXPPP)

Jean-Noël Barrot conserve le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Encarté au MoDem, le centriste de 41 ans a été ministre délégué chargé du Numérique (entre 2022 et 2024), puis ministre délégué chargé de l'Europe avant d'être nommé au Quai d'Orsay. Cet économiste de profession a notamment été enseignant au très prestigieux Institut de technologie du Massachusetts (MIT) aux Etats-Unis, puis à HEC Paris. Il a aussi travaillé sur la finance ainsi que les politiques publiques de soutien aux entreprises.

Jean-Noël Barrot, le 9 décembre 2024 à Paris. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Agnès Pannier-Runacher étend son ministère de la Transition écologique, et de la biodiversité, aux secteurs de la forêt, de la mer et de la pêche. Diplômée de Sciences Po, de HEC et de l'ENA, puis dirigeante de sociétés dans le secteur privé, Agnès Pannier-Runacher est l'une des représentantes de l'aile gauche du camp présidentiel. Nommée ministre de la Transition énergétique du gouvernement d'Elisabeth Borne, en 2022, elle était devenue en février 2024 ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dans l'équipe de Gabriel Attal.

Agnès Pannier-Runacher, le 16 décembre 2024, à Paris. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Annie Genevard continue au ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Cette membre des Républicains a été réélue dans la 5e circonscription du Doubs lors des dernières élections législatives. Titulaire du Capes de lettres classiques, la députée élue depuis 2012 a été professeure de français et a enseigné au lycée de Morteau (Doubs), ville dont elle a été maire entre 2002 et 2017.  

Annie Genevard, le 27 novembre 2024 à Paris. (ANDREA SAVORANI NERI / AFP)

Laurent Marcangeli est nommé ministre de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification. Ce proche d'Edouard Philippe, ancien maire d'Ajaccio, préside depuis 2022 le groupe Horizons à l'Assemblée nationale. Ancien LR, élu dans la première circonscription de Corse-du-Sud, il plaide pour "la stabilité politique". Il hérite d'un maroquin difficile, après que son prédécesseur, Guillaume Kasbarian, s'est mis à dos les syndicats du secteur, qui dénonçaient des méthodes brutales et des mesures d'économies. Fils d'une syndicaliste travaillant à La Poste, il a notamment pour tâche de renouer le dialogue avec les partenaires sociaux.

Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons à l'Assemblée, le 17 décembre 2024 à Matignon. (ALEXIS SCIARD / IP3 / MAXPPP)

Marie Barsacq intègre l'équipe gouvernementale au poste de ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, en remplacement de Gil Avérous. Ancienne juriste de 51 ans, elle travaillait au sein du Comité d'organisation des Jeux de Paris 2024, en charge de l'héritage des JO. Elle a longuement exercé au sein du Comité national olympique et sportif français ainsi qu'à la Fédération française de football, en charge du football amateur. Parmi ses principaux dossiers figure  la préparation des Jeux olympiques d'hiver 2030 dans les Alpes. 

Marie Barsacq, le 8 mars 2024, lors d'une conférence de presse du Comité international olympique et de Paris 2024 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Vingt-et-un autres ministres et ministres délégués

Trois ministres délégués sont directement rattachés auprès du Premier ministre, à Matignon. Patrick Mignola, proche de François Bayrou et ancien président du groupe MoDem à l'Assemblée nationale, est chargé des Relations avec le Parlement. La députée macroniste Aurore Bergé est de nouveau en charge de l'Egalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations. Sophie Primas (LR), qui s'occupait jusque-là du Commerce extérieur et des Français de l'étranger, devient porte-parole du gouvernement. 

Philippe Baptiste, directeur du Centre national d'études spatiales (Cnes) et ancien directeur général délégué du CNRS, est chargé de l'Enseignement supérieur et de la recherche, auprès d'Elisabeth Borne. Il a auparavant travaillé au ministère de l'Education nationale, puis en tant que directeur de cabinet de Frédérique Vidal au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. 

François-Noël Buffet reste rattaché à Beauvau, auprès de Bruno Retailleau. Nommé aux Outre-mer dans le gouvernement de Michel Barnier en septembre, il s'est retrouvé en première ligne après le passage du cyclone Chido à Mayotte. Figure de la droite traditionnelle, l'ancien sénateur est spécialiste de l'immigration.

Astrid Panosyan-Bouvet transforme sa période d'essai au ministère du Travail et de l'Emploi. Cette fidèle d'Emmanuel Macron, cofondatrice d'En marche, sera accompagnée de Yannick Neuder, député LR d'Isère, ministre en charge de la santé et de l'accès aux soins, et de Charlotte Parmentier-Lecocq, ex-députée Horizons, qui conserve son poste de ministre déléguée à l'autonomie et au handicap. 

A Bercy, les comptes publics sont confiés à Amélie de Montchalin qui revient au gouvernement deux ans et demi après son départ. Macroniste de la première heure, l'ancienne secrétaire d'Etat aux Affaires européennes a été ministre de la Transformation et de la Fonction publique, puis ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Elle était représentante permanente de la France auprès de l'OCDE, après sa défaite aux législatives de 2022. L'économiste Marc Ferracci, ancien député Ensemble pour la République, reste ministre en charge de l'Industrie. Son poste a été élargi à l'énergie, qui quitte le giron du ministère de la Transition écologique. Véronique Louwagie, députée LR de l'Orne, est nommée ministre déléguée chargée du Commerce, de l'Artisanat, des PME et de l'Economie sociale et solidaire. Clara Chappaz, qui a dirigé la mission French Tech, conserve son poste de ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique. Nathalie Delattre, secrétaire générale du Parti radical, hérite du portefeuille du Tourisme. 

L'ancienne députée de l'Hérault (Renaissance) Patricia Mirallès revient au gouvernement, au poste de ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, soit le portefeuille dont elle s'occupait sous les gouvernements Borne et Attal. 

Aux côtés de François Rebsamen, la centriste Valérie Létard garde son poste du Logement, et Françoise Gatel conserve le portefeuille de la Ruralité. La Ville est confiée à Juliette Méadel, ancienne secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes sous François Hollande. Philippe Tabarot, sénateur LR des Alpes-Maritimes, est chargé des Transports, dossier dont il était chargé au conseil régional de Paca. 

Après son éphémère passage à Bercy en charge du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, ancien député La République en marche, passe au Quai d'Orsay où il sera ministre délégué en charge du Commerce extérieur et des Français de l'étranger. A ses côtés, Benjamin Haddad (Renaissance) poursuit comme ministre délégué chargé de l'Europe, et Thani Mohamed Soilihi, ancien sénateur de Mayotte, reprend son poste en charge de la francophonie et des partenariats internationaux.  

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