Gouvernement "avant Noël", budget d'ici "mi-février"... Ce qu'il faut retenir de l'interview de François Bayrou dans "L'Evénement" sur France 2
François Bayrou était l'invité de "L'Evénement, l'interview" sur France 2, jeudi 19 décembre. Il s'agissait du premier entretien du chef du gouvernement depuis sa nomination à Matignon par Emmanuel Macron. Crise à Mayotte, nouveau gouvernement, réforme des retraites, budget 2025... Le nouveau Premier ministre a fait le tour des dossiers brûlants du moment. Il a notamment dit qu'il espérait nommer un gouvernement "dans le week-end", "en tout cas avant Noël". Voici ce qu'il faut retenir de son interview.
Il souhaite une reconstruction rapide à Mayotte, "peut-être" en "deux ans"
Le Premier ministre espère que la reconstruction de Mayotte, dévastée par le cyclone Chido il y a cinq jours, pourra se faire dans des délais "brefs", "peut-être deux ans". "Je pense qu'il faut se fixer un délai beaucoup plus bref que les cinq années" de la reconstruction de Notre-Dame, une comparaison faite par Emmanuel Macron depuis Mayotte.
"J'espère qu'on y arrivera. C'est une tâche surhumaine, immense", a-t-il ajouté, évoquant la présentation d'une "loi spéciale" pour rebâtir l'archipel. "Tout le monde tremble à l'idée du nombre réel de victimes", a-t-il également déclaré, alors que le dernier bilan officiel fait état de 31 morts, un bilan très loin de la réalité, comme l'a confirmé un peu plus tôt Emmanuel Macron sur place.
Il espère un gouvernement "avant Noël"
François Bayrou souhaite que "dans le week-end" le nouveau gouvernement "soit présenté", "en tout cas, avant Noël". Le Premier ministre, nommé le 13 décembre par Emmanuel Macron, a multiplié les consultations avec les différents partis ces derniers jours. Il a notamment reçu, jeudi à Matignon, toutes les forces politiques à l'exception de La France insoumise et du Rassemblement national. "Je pense qu'il faut que tout le monde prenne ses responsabilités. Ce qui nous attend est tellement difficile qu'il faut qu'on s'associe", a-t-il aussi plaidé.
François Bayrou a par ailleurs dessiné "plusieurs cercles" au sein de la classe politique. Le "premier cercle" avec "ceux qui veulent participer" et peuvent intégrer son futur gouvernement. Là où le "deuxième cercle" comprend plutôt "ceux qui sont dans l'opposition" mais qui "acceptent de dialoguer". Le nouveau Premier ministre souhaite par ailleurs que Bruno Retailleau reste au gouvernement, estimant qu'il "a montré ces dernières semaines et derniers mois qu'il avait trouvé des décisions et des orientations qui répondaient à une partie de ce que l'opinion demande". Mais le possible maintien du cadre LR au ministère de l'Intérieur, irrite le Parti socialiste, avec qui François Bayrou cherche à nouer un accord de non-censure.
Il "croit" à une autre solution que le report de l'âge à 64 ans pour le système des retraites
François Bayrou veut croire qu'il peut y avoir une autre solution pour le financement du système des retraites que le report de l'âge de 62 à 64 ans, comme cela a été inscrit dans la loi l'an dernier avec la réforme très contestée. Interrogé pour savoir s'il y avait une autre solution que le report de l'âge, le Premier ministre a répondu : "Oui, je crois". Il a aussi rappelé qu'il avait été "un militant de la retraite à points", une réforme présentée mais jamais votée lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron.
"On peut trouver une organisation différente, mais il va aussi falloir se poser la question du financement", a prévenu François Bayrou, qui a proposé jeudi après-midi aux forces politiques et aux partenaires sociaux de rouvrir une discussion sur les retraites pendant neuf mois, mais "sans suspendre" la réforme de 2023, "parce que, quand on suspend, évidemment, on ne reprend jamais".
Il n'utilisera pas le 49.3, "sauf s'il y a blocage absolu sur le budget"
"Je n'utiliserai pas le 49.3, sauf s'il y a blocage absolu sur le budget. (...) Je souhaite le plus de dialogue possible. Et sur les autres textes, je n'utiliserai pas le 49.3, sauf catastrophe", a déclaré le Premier ministre, qui va se retrouver, comme son prédécesseur, face à une Assemblée nationale très divisée. Avec cette déclaration, il s'adressait aux partis "dans l'opposition" mais qui "acceptent de dialoguer" et de ne pas renverser son gouvernement.
Il "espère" l'adoption d'un budget 2025 "à la mi-février"
François Bayrou a enfin dit espérer l'adoption d'un budget "à la mi-février", alors que les travaux en ce sens ont été interrompus par la motion de censure qui a renversé le précédent gouvernement. "Moi j'espère qu'on peut l'avoir à la mi-février. Je ne suis pas sûr d'y arriver", a toutefois concédé le Premier ministre, qui a précisé qu'il repartirait de "la copie qui a été votée" au Parlement avant la censure du gouvernement de Michel Barnier.
En attendant l'adoption d'un projet de loi de finances en bonne et due forme pour 2025, une loi spéciale a été adoptée mercredi au Parlement. Elle autorise l'exécutif à prélever l'impôt et à emprunter pour financer l'Etat et la Sécurité sociale. François Bayrou a aussi dit vouloir "un plan de rééquilibrage de nos finances publiques" et vise un retour à l'équilibre d'ici 10 ans. Concernant la taxation des grandes entreprises, il a dit prendre "cette question au sérieux".
Il a eu de la "peine" pour Nicolas Sarkozy après sa condamnation
François Bayrou a dit avoir eu de la "peine" pour l'ancien président de la République après sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire des écoutes. "J'ai affronté Nicolas Sarkozy, durement dans ma vie, et quand j'ai appris ce verdict, ça m'a fait de la peine" pour "lui et pour les siens" et "je sais ce que c'est que de se trouver devant l'appareil de la justice. Et ce sentiment-là, je ne l'efface pas", a déclaré le Premier ministre. Lui-même a été relaxé en février dans l'affaire des assistants des eurodéputés de son parti, le MoDem, au Parlement européen. Le parquet a toutefois fait appel, et la date du procès en appel n'a pas encore été fixée.
Il a rendu hommage à Gisèle Pelicot
Après un premier message sur X, Ie Premier ministre a de nouveau rendu hommage à Gisèle Pelicot, dont l'ex-mari, Dominique Pelicot, a été condamné jeudi à vingt ans de réclusion criminelle pour l'avoir droguée, violée et fait violer par des dizaines d'hommes.
"Je lui dis merci, j'ai été éperdu d'admiration devant cette incroyable audace d'accepter d'exposer le pire du pire pour les autres", a-t-il dit à propos de Gisèle Pelicot, qui s'était opposée au huis clos et avait demandé une audience publique devant la cour criminelle du Vaucluse. Il l'a aussi qualifiée de "très courageuse".
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