"La régénération, c'est ça" : l'entourage d'Emmanuel Macron confirme la "patte" du chef de l'Etat sur le gouvernement de Gabriel Attal

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron et Gabriel Attal à Arras (Pas-de-Calais) le 13 octobre 2023 (LUDOVIC MARIN / POOL / MAXPPP)
Si Gabriel Attal prétendait constituer un gouvernement à son image, quand on fait les comptes, il y a beaucoup de sarkozystes dans l'équipe.

Virage à droite. Après un moment de flottement, on connaît désormais l'équipe gouvernementale autour du nouveau Premier ministre Gabriel Attal. Et le travail commence tout de suite : Emmanuel Macron réunit vendredi 12 janvier pour le Conseil des ministres son nouveau gouvernement. Si Gabriel Attal prétendait constituer un gouvernement à son image, quand on fait les comptes, en dehors d'une certaine stabilité à des postes régaliens, il s'agit - aussi - d'une équipe droitisée avec l'arrivée de Catherine Vautrin et Rachida Dati.

Ainsi, parmi les onze ministres et trois ministres délégués nommés jeudi, ils sont huit à avoir eu leur période Sarkozy plus ou moins intense. On pense évidemment à Rachida Dati, emblématique garde des Sceaux entre 2007 et 2009, ou Catherine Vautrin, porte-parole de Nicolas Sarkozy lors de la primaire de Républicains de 2016. Même la nouvelle benjamine du gouvernement, Marie Le Bec, a fait ses premiers pas en politique pour militer... lors de la campagne de l'ancien chef de l'Etat de 2007. Les trois rejoignent donc Aurore Bergé, elle aussi une enfant de l'UMP, Christophe Béchu et surtout les inamovibles Bruno Lemaire, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu. Stéphane Séjourné, le patron du parti présidentiel et le seul à incarner le macronisme historique avec une sensibilité de gauche.

Un déplacement du centre de gravité qui a plongé François Bayrou, le patron du MoDem, dans une colère noire. Selon ses proches, il menace même en coulisses de lancer une liste autonome aux élections européennes.

La "patte" d'Emmanuel Macron revendiquée

Derrière ce coup de barre à droite, reste une question : s'agit-il davantage d'un choix d'Emmanuel Macron plutôt que de Gabriel Attal ? En coulisses, Rachida Dati n'hésite pas à raconter que c'est le président lui-même qui l'a appelée. Quant à Catherine Vautrin, Gabriel Attal l'a découverte lors d'un premier rendez-vous seulement mercredi 10 janvier, confesse son entourage. Mais Matignon se défend d'être froissé : oui, le président a mis sa patte, mais "c'est normal". En attendant, Emmanuel Macron, met surtout dans les pattes de son jeune chef de gouvernement des stars sur le retour, en plus des "seigneurs" qui restent en place et qui ne se sont pas gênés pour défier d'emblée son autorité.

Avec ce gouvernement, fini l'amateurisme. "Ce sont des professionnels, des profils ultra-politiques", défend l'entourage du Premier ministre. Reste que c'est bien le président que l'Elysée crédite d'un "très beau coup". Selon le Palais, Emmanuel Macron prouve que le "en même temps" de 2017 n'est pas mort : "Il est toujours capable de surprendre, d'attirer des talents, de dépasser le seul socle de la majorité : la régénération, c'est ça", s'enthousiasme, sa garde rapprochée. Et Emmanuel Macron prépare d'ailleurs déjà une adresse aux Français la semaine prochaine pour le revendiquer. 

"30, c'est toujours plus resserré que 42"

Enfin, ils ne sont pour l'instant "que" quatorze ministres : Gabriel Attal revendique ainsi le gouvernement le plus "resserré" de la Ve République. Sauf qu'on le sait : des nominations de secrétaires d'Etat vont rapidement intervenir d'ici les prochains jours. Ainsi, dans une dizaine de jours, ils seront 30, évalue Matignon. Selon les informations de franceinfo, la Santé, par exemple, dans le "super ministère" de Catherine Vautrin, a été promise à Agnès Pannier-Runacher, jusqu'ici en charge de l'Énergie. "30, c'est toujours plus resserré que 42", note un conseiller de Matignon.

D'ailleurs, à l'avenir, seuls ceux qui ont été nommés jeudi siégeront systématiquement au Conseil des ministres. Là encore, c'est Emmanuel Macron qui voulait une équipe plus facile à coordonner, plus efficace, plus agile, explique l'Elysée.

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