Hollande : le bilan d’une année politique marquée par les attentats
2016, dernière année utile du quinquennat de François Hollande après une année 2015 bouleversée par les attentats. La guerre contre le chômage s‘est muée en guerre contre le terrorisme. Dans les locaux de Charlie Hebdo, à un carrefour de Montrouge, dans une épicerie cacher porte de Vincennes… l’horreur, trois jours durant. François Hollande devient le président d’une nation en deuil.
"La France vit une épreuve, c’en est une, quand il se produit l’attentat le plus grave depuis cinquante ans"
(François Hollande, janvier 2015)
Mais le pire est à venir et il advient dix mois plus tard.
"130 noms, 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l’on entendra plus. C’est parce qu’ils étaient la liberté qu’ils ont été massacrés"
François Hollande, novembre 2015)
Etat d’urgence, rétablissement des contrôles aux frontières, la France est en guerre et la gauche au pouvoir entame un virage sécuritaire consacré par cette annonce devant le Congrès, réuni à Versailles trois jours après les attentats.
"Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ou un acte terroriste, même s’il est né Français, dès lors qu’il bénéfice d’une autre nationalité"
(François Hollande, novembre 2015)
Déchéance de nationalité, une idée de la droite extrême reprise pour s’assurer le soutien de l’opposition. François Hollande plaide l’unité nationale. Ceux qui le connaissent bien flairent le piège politique. Un piège qui pourrait se refermer sur celui qui le tend. 2016 sera l’année de tous les dangers pour François Hollande, confronté à une majorité introuvable pour adopter sa réforme constitutionnelle, accusé jusque dans son cercle rapproché de trahir la gauche et ses idées.
L'arme Macron contre le chômage contestée
Ce procès en droitisation n'est pas nouveau, mais il était jusque-là instruit sur le plan économique. François Hollande, chef de guerre contre le chômage, voilà le combat initial, dont l'issue conditionne une nouvelle candidature en 2017. François Hollande le réaffirme devant la presse début février.
"Nous allons continuer les réformes, continuer autant que ce mandat durera parce que si, après cinq ans, un président de la République n’arrive pas à atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, eh bien il ne peut pas être de nouveau candidat à la responsabilité suprême du pays"
(François Hollande, février 2015)
Sauf qu'à gauche, les réformes engagées ne plaisent pas à tout le monde. Un nom cristallise cette opposition de l'intérieur, celui d'Emmanuel Macron, le très libéral et très décomplexé ministre de l'Economie. La loi qui porte son nom devient la bête noire des frondeurs, minoritaire mais très actifs. En juin dernier Manuel Valls impose la réforme à coup de 49.3.
"Depuis trop longtemps la France est victime de blocages et au bout du compte, ce sont autant d’emplois perdus. J’ai donc décidé d’engager la responsabilité du gouvernement sur le vote en nouvelle lecture du projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques"
(Manuel Valls, juin 2015)
En 2016, Emmanuel Macron est censé remettre le couvert. Une seconde loi, Macron 2, rebaptisée Noé, pour Nouvelles Opportunités Economiques, doit être soumise aux parlementaires. Egalement au programme, la réforme du droit du travail portée par la ministre Myriam El Khomri. Est-ce pour calmer par avance les ardeurs des frondeurs ou simplement pour alléger le programme parlementaire ? En tout cas une fusion de ces deux textes est à l'étude.
2015 dans les urnes, l'année de tous les revers
Retour à 2015, année mouvementée aussi sur le plan électoral avec en mars dernier un 4ème revers électoral d'affilé. Après, les municipales, les européennes, les sénatoriales, voilà les départementales et un bilan très noir tiré par le Premier ministre au soir du second tour.
"Ce soir, la droite républicaine remporte les élections départementales, c’est incontestable. Les scores beaucoup trop élevés de l’extrême droite restent plus que jamais un défi pour tous les républicains" (Manuel Valls, mars 2015)
Car là aussi le pire est à venir. Au soir du 6 décembre, le Front national menace de l'emporter dans plusieurs régions. Le PS se retire dans le Nord et le Sud, les électeurs suivent et se mobilisent. Résultat, aucune région frontiste. Aux yeux de l'exécutif le pire est évité mais le parti de Marine Le Pen enregistre les meilleurs scores de son histoire et impose le tripartisme. Plus rien ne doit être comme avant, déclarent la main sur le cœur l'ensemble des responsables politiques.
"Cet élan très digne est une injonction à en finir avec les petits jeux politiciens, les invectives, les sectarismes"
(Manuel Valls, décembre 2015)
L'année s'achève sur une main tendue, celle de François Hollande à la droite républicaine, ou en tout cas une partie d'entre elle.
"Face aux épreuves comme devant les défis, notre pays a besoin de concorde. Ne transformons pas nos différences en défiance, nos divergences en discordes"
(François Hollande, décembre 2015)
2016... avant 2017
A Noël, la fraternisation est de mise, non sans arrière-pensées politiques. Et quand François Hollande salue, à juste titre, le succès historique de la Conférence climat de Paris, autre point d'orgue de cette année 2015, on entend le message et on sursaute à la fin de la phrase.
"Alors vous l’avez fait, et vous l’avez fait à Paris. Vous avez été capables de dépasser vos intérêts légitimes. L’histoire, mesdames et messieurs, elle est écrite par ceux qui s’engagent, pas par ceux qui calculent. Et aujourd’hui, vous vous êtes engagés et vous n’avez pas calculé"
(François Hollande, décembre 2015)
Les calculs, c'est précisément ce que les détracteurs de François Hollande lui reprochent. 2016, dernière année utile de son quinquennat avec, en point d'orgue, ce projet de loi constitutionnelle de protection de la nation. Mais dernière année utile, aussi, pour une éventuelle réélection du président. 2017, il ne penserait qu'à ça. Cherche-t-il une nouvelle majorité ?… Au risque de s'éloigner de ses bases et de plonger son électorat dans la plus grande perplexité.
► A LIRE AUSSI | Que peut-on attendre des vœux de François Hollande ?
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.