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Législatives : La République en marche réalise "un raz-de-marée inédit sous la Ve République"

Interrogé sur franceinfo lundi, le politologue Jean Peteaux retient le triomphe de La République en marche plutôt que l'abstention record après le premier tour des élections législatives.

Article rédigé par franceinfo
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La projection Ipsos/Sopra Steria en fourchettes de sièges de l'Assemblée nationale à l'issue du premier tour des élections législatives, le 11 juin 2017. (FRANCEINFO)

Le premier tour des élections législatives, qui a placé dimanche la formation du président Emmanuel Macron largement en tête, a été marqué par une très forte abstention (51,29%). "C'est un record", mais "cette abstention est en progression constante depuis 2002", a commenté le politologue Jean Petaux, professeur à Sciences Po Bordeaux, lundi 12 juin sur franceinfo. Selon lui, les électeurs considèrent aujourd'hui que "les législatives sont des élections de second rang ou de seconde zone". Mais pour le politologue, c'est surtout l'ampleur du raz-de-marée en faveur de la République en marche (LREM) qui est le fait le plus marquant de ce premier tour, d'une ampleur inédite depuis les débuts de la Ve République.

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franceinfo : Quel est le fait le plus marquant de ce premier tour des élections législatives ?

Jean Petaux : Au risque de vous surprendre, peut-être, je dirais que c'est le raz-de-marée pour la République en marche et pas l'abstention. Quant à l'effondrement des partis traditionnels, c'est le jeu des vases communicants. Le nombre de sièges à se répartir est de 577. Ceux qui connaissent une poussée obtiennent ce résultat au détriment de ceux qui étaient dans la place. C'est ce phénomène de raz-de-marée qui est absolument inconnu sous la Ve République, de par son ampleur, avec peut-être jusqu'à 455 députés LREM dimanche prochain.

Que signifie, selon vous, cette très forte abstention ?

Cela amène à réfléchir à la crise de la représentation, c'est incontestable. Mais il faut ramener cette abstention aux tendances. Chaque fois que les élections législatives ont eu lieu dans la foulée de la présidentielle - et on a eu ça en 1981, en 1988, puis à partir de 2002 pour des raisons de couplage du calendrier politique - la participation a été plutôt faible. C'est vrai en revanche qu'un peu plus de 50%, c'est un record, et que cette abstention est en progression constante depuis 2002. Les électeurs, d'une certaine façon, ont désormais choisi le caractère plutôt présidentiel du régime, considérant que les élections législatives sont des élections de second rang ou de seconde zone. Sans compter que la France étant de plus en plus urbaine, il y a eu aussi des redécoupages de territoires électoraux au niveau des législatives. Je suis surpris que nombre d'électeurs en ville ne connaissent pas leur député, car ils ne savent pas dans quelle circonscription ils doivent voter.

Peut-on parler d'un vote d'adhésion en faveur d'Emmanuel Macron ?

On a dit qu'Emmanuel Macron avait été mal élu à la présidentielle. C'est totalement faux. Il a été élu par plus de 43% des inscrits, un score supérieur à celui de François Mitterrand en 1981, et à celui de Giscard en 1974. Personne n'aurait jamais songé dire que Giscard et Mitterrand avaient été mal élus à ce moment-là. Donc à un moment, il va falloir peut-être un peu se départir du commentaire idéologique : dire que les électeurs ont voté Macron par défaut, et pareil aux législatives, c'est le piège dans lequel tombent les formations politiques traditionnelles. C'est un peu casser le thermomètre quand on a la fièvre.

La droite résiste tant bien que mal, mais le PS s'effondre totalement. Comment l'expliquer ?

On est dans une forme de triangulation. Premier élément : chez Macron, la figure du renouveau personnel, celui qui créé un phénomène puissant en un an. Deuxième élément : une forme de présidentialisation qui a pu manquer jusqu'à maintenant. Troisième élément : le dégagisme, qui était professé par Jean-Luc Mélenchon, et qui a été repris par Emmanuel Macron. Il y a aussi un quatrième élément : les Français ont voulu clairement, un peu d'ailleurs à la manière de Macron, sans trop se préoccuper du 'qu'en dira-t-on', aussi bien chez ceux qui se sont déplacés pour voter que chez ceux qui se sont abstenus, donne les clés du camion à Macron et à tous ceux qui se réclament de sa couleur politique et qui veulent que les choses changent.

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