Valls à la finale de la Ligue des champions : la polémique en sept actes
Le Premier ministre s'est rendu à Berlin, samedi, pour voir le match entre le FC Barcelone et la Juventus Turin. Il a, pour cela, emprunté un avion gouvernemental. Un déplacement aux frais du contribuable, vivement critiqué par l'opposition.
Un aller-retour non sans turbulences. Le déplacement de Manuel Valls à Berlin pour assister à la finale de la Ligue des champions entre le FC Barcelone, sa ville natale, et la Juventus Turin, samedi 6 juin, continue de susciter de vives critiques à l'encontre du chef du gouvernement. Nadine Morano (Républicains), Florian Philippot (FN) ou encore Jean-Christophe Lagarde (UDI) sont notamment montés au créneau pour dénoncer ce petit plaisir que s'est octroyé le Premier ministre en plein congrès du Parti socialiste. Mais le Premier ministre, soutenu par François Hollande, invoque un rendez-vous avec le président de l'UEFA, Michel Platini. Retour sur cette polémique en six actes.
Acte 1 : Valls quitte le congrès du PS et file à Berlin
Après son discours devant les militants PS au congrès du parti, samedi, Manuel Valls quitte Poitiers pour se rendre à Paris, puis à Berlin, où se déroule le match. Interrogé à ce propos, le Premier ministre botte en touche : "Je vais à Berlin à l'invitation de Michel Platini, qui est le président de l'UEFA. Nous aurons une rencontre, puisque dans un an, nous accueillons l'Euro de football."
Si le trajet entre Paris et Poitiers est payé par le PS, le Premier ministre utilise bel et bien ensuite un Falcon 7X de la République pour faire l'aller-retour Paris-Berlin. Un détail qui ne manque pas d'agacer l'opposition. D'autant que Manuel Valls est de retour à Poitiers dès le lendemain, pour clore le congrès.
Acte 2 : ce voyage provoque la colère de l'opposition
De nombreux responsables politiques s'indignent de cette escapade berlinoise, qui aurait coûté entre 14 000 et 20 000 euros, estime 20 Minutes. L'eurodéputée (Républicains) Nadine Morano file ainsi la métaphore footballistique, et adresse un "carton rouge" à Manuel Valls.
Carton rouge pour Manuel Valls qui oublie qu'il est le Premier Ministre de la France http://t.co/4WQhyG5LDT
— Nadine Morano (@nadine__morano) 7 Juin 2015
De son côté, le vice-président du FN Florian Philippot dénonce un "caprice" du Premier ministre. Et s'interroge : "C'est l'Etat qui paye ?"
Le petit caprice footballistique de Valls à Berlin ce soir pour 2 équipes étrangères, ça ne coûte rien c'est l'Etat qui paie ?...
— Florian Philippot (@f_philippot) 6 Juin 2015
Acte 3 : Manuel Valls se défend
Dimanche, alors qu'il assiste à la finale de Roland-Garros, le Premier ministre décide de réagir face à la polémique, au micro de BFMTV. "Il y a toujours des grincheux, il y a toujours ceux qui cherchent des débats", regrette-t-il.
Le chef du gouvernement rappelle qu'il a rencontré Michel Platini, le président de l'UEFA, en vue de l'organisation de l'Euro 2016. "Je travaille beaucoup, je m'engage beaucoup, se défend-il encore. Il faut que ceux qui critiquent se disent qu'au fond, parfois, il faut être un peu plus optimiste et se dire que le sport, ça apaise, c'est le respect des uns et des autres."
Acte 4 : la gauche soutient le Premier ministre
Lundi, plusieurs responsables socialistes volent au secours de Manuel Valls. Sur RTL, Michel Sapin, le ministre des Finances, évoque une "polémique sans intérêt". Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, défend aussi le Premier ministre : "Nous en avons discuté, il m'a donné ses raisons, et j'ai trouvé qu'elles étaient justifiées", explique-t-il sur Europe 1. Le leader du Parti socialiste trouve également que ce déplacement n'était "pas maladroit vu le nombre de Français qui ont regardé le match".
"S'il y a été pour d'autres raisons que simplement son plaisir personnel et qu'il y avait, comme il l'a dit, des réunions sur l'Euro 2016, c'est dans le cadre de ses fonctions, je n'ai rien à dire, commente sur France 3 Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts. Si ce n'est pas pour cela, je pense qu'il faudra trouver un autre moyen d'y aller, en tout cas de payer son voyage."
Acte 5 : Michel Onfray entre dans la danse
Mais ces explications ne convainquent toujours pas. Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, y va de sa critique sur Twitter.
Après ns avoir bassinés des années sur @NicolasSarkozy "bling-bling" la gauche se ridiculise en défendant @manuelvalls et son vol berlinois
— JC Lagarde (@jclagarde) 8 Juin 2015
Même le philosophe Michel Onfray se scandalise :
L'Etat paie 14.000 € le jet qui conduit Valls à un match de foot. Soit l'équivalent de 10 mois de Smic. Qui fait le jeu de Marine Le Pen ?
— Michel ONFRAY (@michelonfray) 8 Juin 2015
L'ex-ministre Eric Woerth (Républicains), pour sa part, dit comprendre que le voyage en avion du Premier ministre puisse "choquer". "Manuel Valls doit assumer, tout simplement", recommande-t-il sur Europe 1, alors que le président de son parti, Nicolas Sarkozy, a été récemment critiqué pour deux voyages en avion privé.
Acte 6 : un tweet du PS passe mal
Lundi matin, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, "frondeuse" du PS, retweete un message de son parti publié jeudi, avant le voyage de Manuel Valls, à propos des vols en jet privé de Nicolas Sarkozy. Un tweet qui prend aujourd'hui une tournure ironique.
.@jccambadelis est arrivé à Poitiers pour le #CongresPS en train.. pas comme certains qui s'offrent des jets à 3200€! pic.twitter.com/SptdK6587d
— Parti socialiste (@partisocialiste) 4 Juin 2015
Acte 7 : Hollande défend Valls, depuis le G7
A son tour, François Hollande justifie le voyage de son Premier ministre, lundi après-midi, depuis Elmau (Allemagne), où il se trouve pour le G7. "Le Premier ministre avait une réunion avec l'UEFA", explique à la presse le chef de l'Etat en marge du sommet, avant de préciser qu'il rencontrera lui-même Michel Platini, mercredi. "Il ne vous a pas échappé qu'il y avait eu à la Fifa un certain nombre d'évolutions, pour ne pas dire de révélations, que nous avons à organiser l'Euro 2016 et aussi à voir avec les institutions de l'UEFA ce qu'il y a lieu de faire et pour la Fifa et par rapport à l'organisation de l'Euro 2016", conclut-il.
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