"Tout dépend de Michel Barnier" : comment Marine Le Pen maintient la pression sur le Premier ministre avec une éventuelle censure du gouvernement
Le Premier ministre survivra-t-il à la première semaine de décembre ? Alors qu'un texte est sorti mercredi 27 novembre de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget de la sécurité sociale (PLFSS), Michel Barnier termine jeudi matin son cycle de consultation avec les communistes. Mais si rien ne bouge, le gouvernement pourrait tomber dès la semaine du 2 décembre, après l'usage d'un 49.3 qui semble inévitable.
De son côté, après neuf semaines d'audience, la cheffe de file du Rassemblement national en a terminé mercredi avec son procès. La décision a été mise en délibéré au 31 mars 2025. Dès la sortie de la salle d'audience, Marine Le Pen apparaît paradoxalement presque plus forte que jamais. "Il se passe des choses extrêmement graves à l'Assemblée nationale", tonne la patronne des députés du RN qui se dit à "100% de retour dans un combat politique qui atteint son paroxysme."
Depuis son rendez-vous à Matignon lundi, "les discussions se poursuivent" avec Michel Barnier, nous confie-t-elle, mais elles ne sont "pas conclusives". En d'autres termes, pas d'avancées sur les lignes rouges fixées par le RN. Et "il y en a plusieurs dans les deux textes budgétaires", insiste-t-elle. Marine Le Pen place Michel Barnier au pied du mur et lui met un marché entre les mains. "Tout dépend de lui", répète-t-elle en coulisses. Soit il change son budget que l'ancienne candidate à la présidentielle juge "mauvais, injuste et violent à l'égard des Français", soit il s'expose à une censure, peut-être dès la semaine du 2 décembre sur le PLFSS.
Le Rassemblement national organise une réunion extraordinaire, jeudi à 14 heures, pour évoquer les conclusions de la commission mixte paritaire, un artifice de plus pour maintenir la pression.
"Marine Le Pen est allée trop loin pour ne pas censurer"
Et tout porte à croire que Marine Le Pen va mettre ses menaces à exécution. "Je n'y croyais pas trop, mais elle fait monter la sauce", grimace un ami de Michel Barnier. Dans une tribune dans Le Figaro publiée le 26 novembre, la cheffe de file du RN affirme qu'un gouvernement renversé ne serait pas synonyme de shutdown à l'américaine. "Marine Le Pen est allée trop loin pour ne pas censurer", estime une ancienne ministre de retour sur les bancs de l'Assemblée. "Nos électeurs ne comprendraient pas qu'on revienne bredouille de ces négociations et qu'on laisse ce gouvernement en place", confie un député du RN.
La cheffe des députés RN pourrait cependant, en cas de censure, être désignée comme la responsable de la crise politique et ainsi se couper d'un électorat de droite modéré sur lequel elle lorgne. Un scénario à rebours de sa stratégie de normalisation et au moment où elle joue son avenir politique. Les réquisitions lors du procès sur assistants parlementaires du FN sont lourdes, et subsiste le risque d'être inéligible immédiatement.
Pour tenter d'amadouer Marine Le Pen, Michel Barnier entrouvre des portes : un débat sur la proportionnelle, une nouvelle loi immigration et des efforts supplémentaires sur le budget notamment sur la taxe sur l'électricité. "Insuffisant", balaye une Marine Le Pen bien gourmande. C'est "normal", admet une députée macroniste, "elle a la survie de Barnier entre les mains".
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