Planification écologique : comment vont être utilisés les 10 milliards d'euros annoncés par le gouvernement ?
Transports, bâtiments, biodiversité… Au lendemain de la présentation des grandes lignes de sa politique de planification écologique aux partis, le gouvernement a détaillé devant le Conseil national de la refondation, mardi 19 septembre, la répartition des "10 milliards d'euros" qui doivent être utilisés pour la financer.
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Ces 10 milliards correspondent en réalité à des autorisations d'engagement. Concrètement, cela signifie que l'Etat "est autorisé à engager 10 milliards d'euros de dépenses au cours des prochaines années, y compris après 2024", décrypte pour franceinfo Damien Demailly, directeur général adjoint de l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE). Sept milliards de ces dépenses proviendront du budget de l'Etat pour l'année 2024, comme l'avait déjà fait savoir la Première ministre, Elisabeth Borne, en juillet.
Plus de deux milliards pour l'agriculture et la biodiversité
Dans le détail, le gouvernement prévoit d'investir 2,3 milliards d'euros en faveur de l'agriculture et de la biodiversité : 500 millions d'euros devraient être consacrés au reboisement forestier, 500 millions au "plan eau", 500 millions à des subventions versées aux agriculteurs pour que ceux-ci puissent réaliser des diagnostics de leur bilan carbone et replanter des haies, 400 millions en faveur de la préservation de la biodiversité, 300 millions pour un plan phytosanitaire ambitionnant de réduire la dépendance aux pesticides, et 100 millions en soutien à la filière des producteurs de protéines végétales.
En ce qui concerne les bâtiments, le gouvernement confirme l'enveloppe supplémentaire de 1,6 milliard d'euros pour la rénovation des logements annoncée par Elisabeth Borne en juillet, en plus de 600 millions d'euros pour rénover les bâtiments détenus par l'Etat. Une enveloppe d'1,8 milliard sera dédiée à la production d'énergie : 800 millions d'aides à l'industrie du biogaz, produit par exemple à partir des usines de méthanisation, 700 millions de soutien au secteur de l'hydrogène, en plus de 300 millions d'euros pour accompagner différents projets dans les territoires d'outre-mer. L'industrie bénéficiera aussi de 1,8 milliard d'euros, dont 1,5 milliard de crédits débloqués dans le cadre du plan France 2030 et 300 millions d'euros consacrés à "d'autres projets" en faveur de la décarbonation, selon le gouvernement.
Côté transports, l'enveloppe est de 1,6 milliard d'euros : 1,4 sera consacré pour les infrastructures ferroviaires, fluviales et maritimes et 200 millions pour favoriser le remplacement du parc de véhicules thermiques par des véhicules électriques légers.
Enfin, les collectivités bénéficieront de financements dédiés. D'un côté, 500 millions d'euros supplémentaires seront débloqués dans le cadre des "fonds verts", qui permettent d'investir de l'argent dans chaque territoire dans le cadre d'appels à projet. De l'autre, 300 millions d'euros de dotations seront alloués directement aux collectivités pour financer des investissements considérés comme "verts".
Des précisions attendues lundi
Les associations promettent de suivre de près le cheminement de ces investissements. "Les ménages les plus modestes (…) sont ceux qui polluent le moins, mais aussi ceux qui sont les plus impactés par la pollution" et qui "sont les moins armés pour faire face à cette transition", a réagi Noam Leandri, président du collectif Alerte, qui rassemble 34 associations de lutte contre la pauvreté. Il réclame des mesures "beaucoup plus concrètes" en faveur des plus démunis.
Cet effort est "inédit", salue tout de même Damien Demailly, de l'institut I4CE. Cependant, "une vision à long terme sera nécessaire pour prolonger les efforts les années suivantes". Selon un rapport réalisé par France Stratégie, 65 milliards d'euros d'investissements seront nécessaires, chaque année, d'ici à 2030 pour financer la transition écologique. La moitié de cette somme devra provenir de l'Etat et des collectivités. Emmanuel Macron doit évoquer le sujet lundi 25 septembre sur le sujet, avant la présentation, deux jours plus tard en Conseil des ministres, du projet de budget pour 2024.
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