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Pourquoi les Roms sont de nouveau montrés du doigt

Depuis plusieurs mois, les Roms sont au cœur de nombreuses polémiques. Mardi, Manuel Valls a déclaré que les Roms n'ont pas "vocation" à rester en France.

Article rédigé par franceinfo
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Un campement de Roms, en août 2013, porte d'Aubervilliers à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a indiqué sur France Inter, mardi 24 septembre, que les Roms avaient "vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie", évoquant "des modes de vie extrêmement différents des nôtres". Le ministre de l'Intérieur n'est pas le premier à exprimer ses doutes sur l'intégration des Roms en France, dont le nombre est estimé à 20 000 en France par ses services (d'autres estimations évoquent des chiffres plus importants).

Depuis quelques semaines, hommes politiques de tout bord, médias et même juge multiplient les déclarations polémiques à l'encontre des Roms, accusés d'être des "voleurs" et des "gêneurs". Francetv info vous explique pourquoi ils sont pointés du doigt.

Parce que la délinquance roumaine augmente

Il n'existe aucun chiffre sur la délinquance des Roms à proprement parler pour la simple raison que la loi française interdit de faire des statistiques ethniques. Mais l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a mesuré les chiffres de la délinquance roumaine, rapporte France Inter.

Selon l'ONRP, la part des ressortissants roumains arrêtés pour des faits de vols et de recel augmente, alors que le nombre de condamnations pour ces faits diminue. Toujours selon France Inter, qui cite la police judiciaire, en 2009, 12 000 citoyens roumains ont été mis en cause par la police. Ils étaient 20 000 en 2011.

Parce que la Roumanie et la Bulgarie pourraient entrer dans l'espace Schengen le 1er janvier 2014

Ce n'est pas un hasard si l'on reparle des Roms aujourd'hui. Les pays membres de l'Espace Schengen, cette zone de libre circulation au sein de l'Union européenne, doivent examiner d'ici la fin de l'année les candidatures de la Roumanie et de la Bulgarie, deux pays dont est originaire la communauté Rom.

Comme le raconte Le Monde, ces candidatures, qui doivent être acceptées à l'unanimité, ont déjà été refusées une première fois en mars. Mais plusieurs Etats, dont les Pays-Bas qui craignent un afflux d'immigrés d'Europe de l'Est, s'y opposent. La France n'a pas fait connaître sa position. L'UMP, par l'intermédiaire de Jean-François Copé, demande à François Hollande de s'y opposer.

Dans les faits, l'entrée ou non de ces deux pays dans l'espace Schengen ne changera pas complètement la donne. Depuis 2007 et l'adhésion de leurs pays à l'Union européenne, tout citoyen bulgare ou roumain peut déjà circuler librement dans l'Union, même si des mesures transitoires, dénoncées par les associations, les empêchent de travailler dans certains pays, comme la France.

Parce que les élections approchent

En 2014, les Français voteront pour les élections européennes et municipales, deux scrutins qui concernent les populations roms. Le premier parce qu'une partie d'entre eux sont des ressortissants européens. Le second parce que les maires sont en première ligne lorsque la cohabitation de ces populations nomades avec les populations locales pose problème.

Certains partis politiques, comme le Front national, l'ont bien compris et en ont fait un argument des campagnes à venir. Comme le pointe France Inter, Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen répètent à l'envi que la Roumanie et la Bulgarie entreront dans l'espace Schengen le 1er janvier et qu'il y aura un afflux de Roms. La première a d'ailleurs tenu une conférence de presse devant un camp de Roms, en avril.

Et le second a prédit dans Nice Matin que, "dans le courant de l'année 2014, il viendra à Nice 50 000 Roms au moins, puisqu'à partir du 1er janvier, les 12 millions de Roms qui sont situés en Bulgarie, en Roumanie et en Hongrie auront la possibilité de s'établir dans tous les pays d'Europe". II s'est même félicité de "l'effet de recrutement fantastique" de la politique gouvernementale à l'égard de cette minorité.

L'UMP mise également sur le sujet. Lors d'une conférence de presse sur le thème de l'insécurité, la candidate à Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet, a estimé que les Roms "harcèlent beaucoup les Parisiens". Même les socialistes ne sont pas en reste. "Paris ne peut pas être un campement géant", a ainsi déclaré la candidate PS à la mairie de Paris, Anne Hidalgo, sur RMC.

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