Cinq conseils à Manuel Valls avant sa déclaration de politique générale
Le Premier ministre, qui engage la responsabilité de son gouvernement devant les parlementaires, mardi, devra s'efforcer de rassembler la majorité.
Manuel Valls passe son grand oral. Le nouveau Premier ministre prononce la très attendue déclaration de politique générale, mardi 8 avril, à 15 heures, une semaine jour pour jour après son installation à Matignon. Devant les députés, il devra annoncer ses intentions, préciser sa ligne, rassembler la majorité. Le gouvernement engagera dans la foulée sa responsabilité. Si le vote de confiance est d'ores et déjà acquis, la marge de manœuvre du Premier ministre pourrait être faible.
>Le discours de poitique générale de Manuel Valls en direct
Voici quelques conseils pour Manuel Valls, à qui il reste quelques heures pour peaufiner son discours.
1Préciser le pacte de responsabilité et de solidarité
Le discours de politique générale intégrera les principaux éléments du pacte de responsabilité, promis par François Hollande aux entreprises pour baisser le coût du travail, grâce à une baisse des charges qui ulcère la gauche du PS. Selon l'agence Reuters, l'exécutif considère que le vote de confiance comprend le vote sur le pacte. Mais des élus, comme le député PS Henri Emmanuelli, jugent "inconcevable" que le Parlement ne se prononce pas "spécifiquement" sur le pacte de responsabilité.
2Rassurer la gauche
Manuel Valls, décrit comme le "plus grand commun diviseur de la gauche" par Jean-Luc Mélenchon, doit rassurer une majorité qui donne de la voix depuis une semaine. Il subit la pression d'une centaine de députés PS, qui lui demandent à demi-mot de prouver qu'il est bien socialiste. Les élus attendent de lui un "contrat de majorité" et exigent une "réorientation politique", après la débâcle aux élections municipales. Le Premier ministre devra leur faire oublier son visage libéral, ce à quoi son équipe s'échine, tandis que la droite rappelle volontiers que pendant la primaire socialiste, le candidat défendait le "déverrouillage des 35 heures".
Si le pacte de responsabilité constitue le cœur de son discours, Manuel Valls doit en détailler surtout le volet "solidarité", destiné à redonner un peu de pouvoir d'achat aux Français. Les députés en colère l'écouteront alors attentivement. Ces derniers réclament "des mesures en faveur des bas salaires, la réforme fiscale et la CSG progressive, l’effort en faveur des retraites les plus modestes, que nous avons demandées depuis des mois".
3Soigner les écologistes
Manuel Valls devra aussi prendre soin des écologistes, qui hésitaient encore, lundi, entre le vote de confiance et l'abstention. Après avoir claqué la porte du gouvernement, en refusant un grand ministère de l'Ecologie, EELV n'est pas pour autant hors-jeu. La formation peut négocier chèrement son soutien à la majorité grâce au retour à l'Assemblée de Cécile Duflot à la place de sa suppléante socialiste, Danièle Hoffman-Rispal. La majorité absolue détenue par le PS ne tiendra alors qu'à une seule voix, comme l'explique francetv info.
Qu'attendent les écologistes de Manuel Valls ? "Des éléments concrets sur la transition énergétique", répond Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, citée par Le Parisien.
4Ne pas trop détailler les 50 milliards d'économie
"J'aimerais qu'il donne le détail crédible des 50 milliards de baisse de dépenses publiques", exige Jean-François Copé, le patron de l'UMP, concernant les économies promises d'ici à 2017 sur les budgets de l'Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités. L'exécutif envisage déjà quelques pistes, publiées par Les Echos, lundi. Le Premier ministre devrait rester évasif, mardi, afin de ne pas mettre en péril le vote du pacte de responsabilité, si vote il y a.
5Rester lui-même
Energie, charisme, phrases chocs : Manuel Valls a été choisi pour ça. "Il incarne une ligne attendue par les Français. Il est déterminé dans sa politique et sa méthode", explique un conseiller de l'Elysée à Mediapart. Manuel Valls apparaît plus autoritaire et dynamique que Jean-Marc Ayrault et a donc intérêt à en jouer, mardi, devant les députés.
Le discours sobre, voire austère, de son prédécesseur, en juillet 2012, avait duré une heure et demie et semé le doute dans la majorité, sur sa capacité à donner de l'élan à son équipe. Le nouveau locataire de Matignon a promis d'être "concret". Il devra, en outre, faire court.
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