Sevran. Le maire se met en grève de la faim, comme d'autres politiques avant lui
Député, conseillère générale... ils sont plusieurs à avoir utilisé cette arme pour plaider leur cause, à l'image de Stéphane Gatignon, maire de l'une des villes les plus pauvres de Seine-Saint-Denis.
POLITIQUE - "Les pétitions et les discours, ça ne suffit pas." Le maire de Sevran, l'une des villes les plus pauvres de Seine-Saint-Denis, a débuté vendredi 9 novembre, une grève de la faim devant l'Assemblée nationale. La raison ? Stéphane Gatignon, membre d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), demande une revalorisation des dotations financières pour sa commune.
Le maire de Sevran n'est pas la première personnalité politique à utiliser cette "arme" pour obtenir gain de cause. Francetv info détaille sa situation et passe en revue le cas d'autres politiques qui l'ont fait avant lui. Avec plus ou moins de réussite.
Stéphane Gatignon, maire de Sevran
Pour quelles raisons ? Il manque 5 millions d'euros à la mairie de Sevran pour boucler son budget 2013. Sans cette somme, Stéphane Gatignon craint de devoir "mettre la clé sous la porte". "Nous ne pourrons pas avoir des emprunts de la Caisse des dépôts et nous ne pourrons pas payer les entreprises qui travaillent actuellement pour nous", a-t-il expliqué, assis dans une tente déployée par ses partisans devant le palais Bourbon.
Le premier édile de Sevran réclame aussi "une réforme des finances et de la fiscalité locales", incluant une revalorisation à hauteur de 180 millions d'euros de la dotation de solidarité urbaine, une aide pour les villes les plus en difficulté. Il demande également le doublement de la dotation de développement urbain, réservée aux 100 villes les plus pauvres, "de 50 à 100 millions d'euros". L'Assemblée nationale doit justement voter mardi une revalorisation de ces deux dotations, mais elle se situe en deçà des attentes de Stéphane Gatignon. "Je reste là jusqu'à mardi et plus s'il le faut", a prévenu l'élu.
Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques
Pour quelle raison ? Le 7 mars 2006, le député des Pyrénées-Atlantiques (MoDem) Jean Lassalle entame une grève de la faim dans l'Assemblée pour protester contre la délocalisation de Toyal Europe. L'usine de pigments d'aluminium pour les peintures métalliques des automobiles emploie 140 salariés à Accous, dans la vallée d'Aspe, rappelle Usine Nouvelle.com, dans la circonscription du député.
Avec quel impact ? 39 jours après selon La République des Pyrénées.fr, Jean Lassalle obtient gain de cause. Le groupe japonais accepte de réaliser une extension sur le site d'Accous. Un accord entre le député, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, le numéro deux du groupe et le président de Toyal Europe, scelle la décision. A l'issue de la signature, le 14 avril 2006, Jean Lassalle cesse sa grève de la faim.
Jean-Marc Governatori, ancien postulant à la course à la présidentielle
Pour quelle raison ? Jean-Marc Governatori, qui souhaitait se présenter à l'élection présidentielle 2012 sous les couleurs de l'Alliance écologiste indépendante, entame le 28 février une grève de la faim devant les portes du Conseil supérieur de l'audiovisuel. "Il entend protester contre les difficultés à recueillir les 500 signatures [d'élus nécessaires pour présenter une candidature officiellement à l'élection présidentielle] et le manque d'accès aux médias", précise alors Le Parisien.fr.
Avec quel impact ? Au départ, Jean-Marc Governatori souhaite se mettre en grève de la faim jusqu'au 16 mars, date du dépôt des parrainages pour la présidentielle. Il aura finalement un peu de mal à tenir son objectif, à trois jours près : le 13 mars, après avoir perdu neuf kilos, il est hospitalisé à la suite d'un malaise. Le bilan de son action est pauvre : il a peu attiré l'attention des médias et n'a obtenu que 428 parrainages. Cependant, le rapport Jospin rendu vendredi sur la moralisation de la vie politique devrait lui apporter quelque réconfort puisqu'il suggère de remplacer la règle des 500 signatures par des parrainages de citoyens.
Françoise Verchère, conseillère générale de Loire-Atlantique
Pour quelle raison ? Le 17 avril, Françoise Verchère, conseillère générale de Loire-Atlantique (Parti de gauche) rejoint dans leur grève de la faim Marcel Thébault et Michel Tarin, deux paysans qui ont déjà cessé de s'alimenter depuis une semaine pour protester contre la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ouest-France souligne qu'elle copréside un collectif d'un millier d'élus opposants à la construction de l'infrastructure à 20 km de Nantes.
Avec quel impact ? Le 8 mai, après 21 jours de grève de la faim, Françoise Verchère et les autres opposants à la construction de l'aéroport mettent fin à leur mouvement, après l'annonce d'une demande de suspension des expulsions des propriétaires et des exploitants. "L'épée de Damoclès qui nous obligeait à quitter nos terres fin 2012 est décalée d'un ordre de grandeur de deux ans", estime alors un des grévistes, qui ne sait pas encore qu'il a tort. Pour Françoise Verchère et ses acolytes, la victoire est de courte durée. Les expulsions de tous les occupants des terrains où doit être construit l'aéroport ont finalement commencé le 9 octobre. Et depuis, les heurts entre gendarmes et militants anti-aéroport se sont succédé.
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