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#MonEnvoyéSpécial. Qui a l'étoffe d'un héros ?

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Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

Tout le monde s’est un jour posé la question : une agression se déroule sous mes yeux, un incendie se déclare dans mon immeuble, je suis témoin d’un fait divers… Comment vais-je réagir ? En détournant le regard, en prenant la fuite ou, au contraire, en portant secours ? Sommes-nous tous prédisposés à l'héroïsme ? Cette semaine, vous avez choisi de voir ou revoir notre reportage sur les héros d'un jour. Il dévoile les mécanismes qui nous poussent à prêter assistance, ou non, à une personne en danger.

En Belgique, deux jeunes vidéastes amateurs organisent des caméras cachées d’un genre bien particulier. Fausse agression sexuelle dans le métro, simulation d’un vol à l’arraché… Des comédiens participent à ces mises en scène, dans la rue ou les transports, afin d’étudier la réaction des passants et celle des internautes. Ce qui frappe avant tout dans ces vidéos ? La passivité de certains témoins.

Lors de notre reportage, Yves-Pascal et Jonathan décident d’organiser une caméra cachée dans le métro lillois. Dans un wagon, un comédien et une comédienne simulent une agression sexuelle. Le premier commence à violenter la seconde verbalement et physiquement. Elle appelle à l’aide. Des dizaines de voyageurs assistent à la scène, impassibles. Il aura fallu plus d’une minute pour qu’une jeune fille se lève enfin et tente d’aider la comédienne. La jeune femme qui intervient interpelle les autres passagers. En vain.

L'effet spectateur 

Pourquoi ces témoins ne sont-ils pas intervenus ? Quels sont les mécanismes qui poussent à s’interposer ou à rester tête baissée sur son téléphone ? Les psychologues qui se sont penchés sur cette question s’accordent sur un point : avant une éventuelle intervention, notre cerveau doit résoudre une équation complexe. Plusieurs facteurs entrent en jeu, et notamment "l’effet spectateur". De quoi s'agit-il ? Diverses études de psychologie sociale ont prouvé qu'en situation d'urgence, notre comportement d’aide est inhibé par la présence d'autres personnes. En clair, plus il y a de témoins lors d’une agression ou d’un accident, moins il y a de chances qu’ils réagissent. Tout dépend également des profils des victimes : si l’on s’identifie à la personne agressée, l'empathie ressentie est plus importante et l'intervention plus probable.

Un "héros" au tribunal

Toutefois, agir en sauveur peut parfois mener jusqu'au tribunal. Arnaud Gonnet a été condamné à deux ans de prison avec sursis. Il attend actuellement son procès en appel, qui aura lieu en décembre prochain. En 2013, Arnaud a voulu porter secours à une amie, agressée sexuellement par un fêtard dans une discothèque où ils se trouvaient. L’héroïque intervention s'est transformée en bagarre, et Arnaud a frappé fort : l’agresseur a été mis KO, son pronostic vital a été un temps engagé. Arnaud a été poursuivi pour coups et blessures. Alors, intervenir oui, mais en prenant soin de bien doser sa riposte.

Des actes qui restent une exception 

A l’instar de l’intervention de Lassana Bathily lors des attentats de janvier 2015 dans l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, on ne compte qu’une dizaine d’actes héroïques par an. Vendredi 13 novembre, les attentats qui ont frappé Paris ont fait naître d’autres héros. Comme Muriel Gaudry, qui a accueilli une trentaine de personnes dans son appartement près du Bataclan, ou encore Rodolphe, qui a transformé son restaurant en hôpital de campagne.

Un reportage de Benoît Sarrade, Claire Denavarre, Aurélie Simon, Candice Baudin, Marie-Laure Gautier, Frédéric Gesu et Antoine Queval.

Retrouvez, en fin d’émission, les réponses de Françoise Joly à vos commentaires laissés sur notre page Facebook et Twitter @EnvoyeSpecial. La semaine prochaine nous diffuserons notre reportage sur le fleuve le plus pollué du monde : le Citarum en Indonésie. Vous aviez choisi de voir ce sujet la semaine dernière. Sa diffusion a été reportée suite aux attentats de Paris. 

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