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"Aucune tricherie" dans les prévisions budgétaires, "je suis blanc comme neige", déclare Michel Sapin

L'ancien ministre de l'Economie, invité lundi de franceinfo, a rejeté les critiques émises par le Premier ministre, Edouard Philippe, sur les prévisions de budget et reproché à la Cour des comptes, l'emploi du terme "insincérité".

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Michel Sapin, ancien ministre de l’Economie et des Finances. (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

L'ancien ministre de l'Economie, Michel Sapin, invité lundi 10 juillet de franceinfo, a rejeté les critiques émises par le Premier ministre, Edouard Philippe, sur les prévisions budgétaires nationales. Michel Sapin a également reproché à la Cour des comptes, l'emploi du terme "insincérité", dans son dernier rapport pour qualifier les prévisions du gouvernement précédent. 

"Nous héritons de 8 milliards d'euros de chèques en bois", avait dit le Premier ministre, le 29 juin. "Est-ce la nouveauté de la fonction ? Pas la nouveauté en politique, la reprise de cette vieille antienne, de vieux truc qui consiste à dire que les décisions difficiles qu'il faut prendre sont toujours dues à l'héritage", a répondu Michel Sapin. "Le coup de l'héritage, à droite comme à gauche on l'a fait, ce n'est pas crédible", a-t-il ajouté. "Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de difficultés et de décisions à prendre, mais ces décisions sont le fruit de la responsabilité du gouvernement d'aujourd'hui, pas du gouvernement d'hier." 

Michel Sapin a estimé que le rapport de la Cour des comptes publié fin juin était "un bon rapport", établi à partir de données qu'il a lui-même fournies à l'administration. "Les chiffres sont exacts, les commentaires comme d'habitude de la Cour des comptes sont acerbes, mais ils le sont avec tout gouvernement."

"Par contre, le terme 'insincérité' me choque", a ajouté l'ex-ministre socialiste. "Les gens disent 'ils ont triché' et c'est faux. Il n'y a aucune tricherie, aucune cachotterie", a martelé Michel Sapin. "Je suis blanc comme neige, je ne préparais la candidature de personne (...) Je me suis fixé une ligne de conduite, préparer le budget de la France pour 2017, 2018 comme si c'était à moi ensuite de le mettre en œuvre."

Réformes fiscales : oui sur la taxe d'habitation, non sur l'ISF

Appelé à commenter les projets du gouvernement, Michel Sapin a précisé soutenir l'objectif de la baisse des déficits publics : "Quand le gouvernement, le président de la République disent "nous devons continuer à diminuer nos déficits", je les soutiens (...) C'est d'ailleurs la continuité de la politique que nous avons menée". L'ex-ministre de l'Economie s'est montré favorable, sur le principe, à la réforme de la taxe d'habitation, mais en désaccord avec celle sur l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

Concernant la réforme de la taxe d'habitation, qui entrera en vigueur dès 2018, Michel Sapin a expliqué que "pour les gens les plus en difficulté, l'impôt que l'on peut baisser c'est la taxe d'habitation. Sur le principe, c'est une bonne chose. La question c'est 'Est-ce que c'est compatible avec, par ailleurs, l'objectif d'une diminution des déficits'. C'est compatible en mettant en œuvre des réductions de dépenses publiques drastiques." Michel Sapin, en revanche, "n'est pas du tout d'accord" avec la réforme de l'ISF. "Ce qui est proposé c'est de le maintenir sur les biens immobiliers, c'est-à-dire les petites fortunes, et de supprimer l'ISF sur tout ce qui est fortune financière, c'est-à-dire les très grosses fortunes", a-t-il déclaré. "Je vois bien le raisonnement. Mais l'exonération globale, c'est l'exonération des plus gros patrimoines français, qui sont des patrimoines financiers", a ajouté Michel Sapin.

Ceux qui sont "au bout du rouleau"

La nouvelle direction collégiale du Parti socialiste de 16 membres est assistée de de trois collectifs. Ni Benoît Hamon, ni Manuel Valls, qui ont quitté le parti, ne font pas partie de ce groupe de 28 personnes. "Ils sont au bout de leur propre rouleau en tant que socialistes", a réagi Michel Sapin, qui, lui, a choisi de ne plus être "dans la politique active", tout en restant au PSBenoît Hamon a expliqué qu'il avait besoin de se libérer d'un "enclos". L'ancien ministre "trouve très étrange que l'on réclame sa liberté". "Je pourrais faire la même critique pour Manuel Valls. On peut être minoritaire, faire valoir un débat dans un parti sans en sortir pour pouvoir être libre de s'exprimer."

"Je serai un militant parmi d'autres, libre, responsable et engagé", a déclaré Michel Sapin, rappelant qu'il a sa carte au PS depuis 1974. 

Regardez l'intégralité de l'intervention de Michel Sapin, sur franceinfo, le 10 juillet 2017.

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