Santé de l'industrie automobile, coût de l'électrique... Le "8h30 franceinfo" de Luc Chatel
Luc Chatel, président de la plateforme Automobile (PFA) était l'invité du "8h30 franceinfo", lundi 14 octobre 2024. Les suppressions de postes dans l'industrie automobile, un malus alourdi pour les voitures polluantes... Il répondait aux questions de Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis.
L'industrie automobile française a perdu "50 000 emplois en sept ans"
L'industrie automobile a perdu"37 000 depuis le Covid", alerte Luc Chatel, président de la plateforme PFA, qui regroupe tous les acteurs de la filière. "L'entreprise est très fragilisée", notamment les équipementiers, et les sous-traitants, indique-t-il. "Le mois de septembre a été le plus mauvais en France en termes de ventes depuis 20 ans", rappelle l'ancien ministre alors qu'ouvre lundi 14 octobre, le 90e Salon de l'automobile à Paris.
Selon Luc Chatel, trois facteurs expliquent cette crise dans le secteur : le ralentissement de la consommation, les prix des voitures de plus en plus élevés et des dispositifs d'aides pour les électriques "horriblement compliqués".
Malus alourdi pour les voitures polluantes : "On marche sur la tête"
Augmenter les malus pour les voitures les plus polluantes, "c'est la double peine", critique le président de la plateforme Automobile (PFA). "La double peine parce que les constructeurs risquent d'être taxés parce qu'ils ne vendent pas assez de véhicules électriques en Europe. Et là, on nous annonce qu'on va être taxés parce qu'on vend trop de véhicules thermiques", explique Luc Chatel.
L'ancien ministre de l'industrie dénonce une "taxe déguisée", qui va impacter de nombreux consommateurs. "Un véhicule vendu sur deux sera touché par un malus l'année prochaine, 80% dans trois ans", prévient Luc Chatel. Cette mesure est prévue dans le projet de loi de finances pour 2025.
Viser 50% de voitures électriques en 2030, un objectif "probablement pas respecté"
L'objectif de produire deux millions de véhicules en France d'ici 2030 est-il réalisable ? "La pente est raide", admet Luc Chatel. "Les projections d'avoir 25% de parts de marché sur l'électrique l'année prochaine, 50% en 2030 ne seront probablement pas respectées", estime Luc Chatel. "C'est extrêmement difficile de faire des prévisions fiables à cinq ans, à sept ans, à dix ans", ajoute-t-il.
Avec "300 000 ventes l'année dernière" de véhicules électriques, la filière représente "17% du marché", rappelle le président de la plateforme Automobile, pour qui la trajectoire est "difficile". Il y aussi un problème de coût de l'électrique. "C'est encore très cher", admet Luc Chatel, qui promet des "produits abordables d'ici 2035". "La filière a investi des centaines de milliards et à la fin, on a peut-être oublié une chose, c'est qu'il y a un client. S'il n'y a pas de client à la fin, vous êtes dans un effet de ciseau ravageur pour la filière", explique Luc Chatel.
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