Moldavie et UE : victoire fragile du camp proeuropéen dans un pays très divisé

La Moldavie, qui vient de réélire sa présidente pro-UE Maia Sandu, s'est aussi exprimée il y a deux semaines, lors du référendum sur son adhésion à l’Union européenne. Deux scrutins très suivis en Europe mais aussi en Russie.
Article rédigé par franceinfo - Maria Gerth-Niculescu
Radio France
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Centre-ville de la capitale Chisinau, le 31 octobre 2024, lors de la campagne présidentielle de Maia Sandu, qui a résolument tourné cette ancienne république soviétique vers l'Occident. (DUMITRU DORU / EPA)

En Moldavie, la présidente sortante Maia Sandu a remporté le second tour de la présidentielle avec 55% des voix contre 45% pour le candidat socialiste Alexandr Stoianoglo. Cette ancienne république soviétique a aussi voté, lors d'un référendum, il y a deux semaines, en faveur de l’adhésion à l’Union européenne. Ces scrutins ont été attentivement observés en Europe mais aussi en Russie, car la Moldavie est un petit pays de 2,5 millions d’habitants à peine, mais sa position géographique en fait aujourd’hui un territoire stratégique.

Il y a quelques années, la Moldavie était encore peu connue, y compris en Europe. Ce petit pays situé entre la Roumanie et l’Ukraine, sans accès à la mer, ne revêtait pas d’importance géopolitique particulière. Mais avec l’arrivée de la présidente proeuropéenne Maia Sandu en 2020, et surtout depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, cette ancienne république soviétique a commencé à intéresser la communauté internationale.

Un pays encore très divisé

La petite république a accueilli au début de la guerre plus d’1 million de réfugiés ukrainiens, et sa situation géographique la met aux portes du conflit : seules quelques heures de route séparent la capitale moldave Chisinau de la ville portuaire d’Odessa en Ukraine.

Cette situation est d'autant plus intéressante que les positions proeuropéennes de Maia Sandu ont permis de construire des relations solides entre la Moldavie et les pays de l’Union européenne. La présidente a reçu plusieurs chefs d'État occidentaux à Chisinau, et bénéficie du soutien affiché de personnalités comme Emmanuel Macron ou Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.

Les scrutins de ces deux dernières semaines représentaient un test pour les aspirations européennes de la Moldavie. Les résultats ont montré que la population est encore très divisée sur la question, avec près de la moitié des électeurs ayant voté "non" lors du référendum sur l’adhésion à l’Union européenne. La victoire de Maia Sandu reste donc fragile, alors que des élections parlementaires sont prévues l’année prochaine.

Ingérence russe et mainmise sur la Transnistrie

Et la Russie voit d’un mauvais œil ce rapprochement de la Moldavie à l’Union européenne. Les autorités moldaves accusent d'ailleurs le Kremlin d’avoir acheté des votes pour tenter d'inverser la tendance. Moscou souhaite à tout prix garder la Moldavie dans sa sphère d’influence et bénéficie du soutien d’une partie de la population, en particulier dans les régions russophones. Ces scrutins ont ainsi été marqués par l’ingérence russe et la corruption électorale pour tenter d’écarter la présidente sortante.

Une future adhésion de la Moldavie à l’Union européenne représenterait une défaite idéologique pour Moscou. N’oublions pas non plus les enjeux liés à la Transnistrie, cette région moldave autoproclamée indépendante et contrôlée par des autorités prorusses. Des troupes russes y sont toujours stationnées, et le Kremlin y a une mainmise politique et économique. La Moldavie n’est pas actuellement en danger d’un point de vue militaire, mais surveille de près les évolutions et l’issue de la guerre en Ukraine puisqu’elle sera forcément touchée par l’issue de ce conflit. 

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