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Édito
La stratégie du gouvernement contre Marine Le Pen, "petite femme politique", est-elle réellement efficace ?

Le gouvernement multiplie les attaques contre Marine Le Pen. Ce mardi encore, Gérald Darmanin la qualifiait de "petite femme politique". Est-ce la bonne méthode pour lutter contre la montée de l’extrême-droite ? L’édito politique de Jean-Rémi Baudot
Article rédigé par Jean-Rémi Baudot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min

On peut avoir le goût de la joute politique et pour autant, ne pas se satisfaire quand le débat en reste là. Quand Gérald Darmanin dit que le RN "ne fait aucune proposition" et qu’il est "le parti de la flemme", qui convainc-t-il ? A qui parle-t-il ? Probablement pas à ceux qui hésitent à voter RN et évidemment pas à tous ceux qui ont déjà choisi Marine Le Pen. Elle n'est "pas une femme d'État, c'est au mieux une petite femme politique", a avance Gérald Darmanin mardi  sur BFMTV. Cela fait du bon spectacle mais au lieu de dire que Marine Le Pen monte inexorablement (ce qui reste à confirmer), ne faudrait-il pas sortir des punchlines pour revenir sur le fond ?

Que propose-t-elle, Marine Le Pen ? Quand un récent sondage (Ifop-Paris Match) affirme que 51% des Français considèrent qu’elle est "capable" de réformer le pays, n’est-il pas temps d’aller la chercher sur ses propositions justement ? Sur les retraites, qui a compris ce qu’elle proposait ? Combien coûte son projet ? Sur le pouvoir d’achat et la TVA à taux 0% ? Comment être sûr que les prix baissent et que la distribution n'empoche pas la différence ? Et surtout, en quoi une baisse de taxe enraye réellement la mécanique de l’inflation ? Ce sont ces questions que ses contradicteurs politiques devraient aborder s’ils veulent combattre Marine Le Pen. Il faut aller la chercher sur ses idées, ses silences et ses contradictions.

Des attaques sur la personne, pas sur le fond

Un exemple. Lundi au Havre, Marine Le Pen a fait un grand plaidoyer pour "la vraie écologie" tournée notamment vers le nucléaire. Pourtant, à l’Assemblée nationale, elle n’a pas voté le récent texte qui vise à accélérer l’installation de nouvelles centrales. 

Plus Marine Le Pen veut se rapprocher du pouvoir, plus elle élague son programme. Dans les dernières années, le Rassemblement national a aussi changé d’avis sur l’Europe, sur l’euro, sur la peine de mort, sur les retraites... Normalement, les sujets de fond ne devraient pas manquer pour tacler Marine Le Pen sachant que la meilleure façon de lutter contre la montée de l'extrême droite est d'avoir des résultats concrets dans la vie quotidienne des Français. 

Il y a un dernier écueil : personnaliser l’extrême-droite à Marine Le Pen est une erreur stratégique et politique. A trop se focaliser sur Marine Le Pen, le gouvernement ne combat pas le fond de son propos mais sa seule personne. C’est du court terme.  

Qu’est-ce qui nous dit que c’est elle qui représentera le RN, l’extrême-droite ou la droite radicale en 2027 ? Et si un Jordan Bardella se préparait ? Lui n’est pas au cœur des attaques, il n’a pas de bilan, pas de passif et aucune histoire avec les heures sombres du FN. C’est aussi pour cela que parler politique sur le fond est beaucoup plus payant que de faire du théâtre.

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