Édito
Recherche d’un nouveau Premier ministre : se dirige-t-on vers une cohabitation ou une coalition ?

Le dénouement approche dans la quête d'un Premier ministre. Emmanuel Macron, qui pourrait procéder à cette nomination mardi, est à la recherche d'un chef du gouvernement qui puisse ne pas faire l'objet d'une censure immédiate à l'Assemblée nationale.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron doit recevoir lundi Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, dont les noms sont cités avec insistance pour Matignon. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Emmanuel Macron reçoit, lundi 2 septembre, Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand, mais aussi les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy. La nomination d’un nouveau locataire pour Matignon semble imminente, mais s’agira-t-il d’un Premier ministre de cohabitation ou de coalition ? Le chef de l’État recherche un peu des deux.

À l’Élysée, on a même inventé un néologisme pour définir ce nouveau "en même temps" : la "coalitation". D’un côté, Emmanuel Macron s’est résolu à ne pas nommer un membre de la majorité sortante, une façon de concéder que son camp a bel et bien perdu les législatives. Mais de l’autre, il enjoint ce futur Premier ministre à dépasser les limites de son camp pour rassembler large, en s’ouvrant à d’autres sensibilités politiques, y compris aux macronistes.

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L’exécutif peut-il être à la fois en situation de cohabitation et se retrouver au sein d‘une même coalition ? Normalement, non. Lorsque les législatives ont lieu pendant le mandat du Président, une défaite de la majorité sortante entraîne la nomination à Matignon d’un Premier ministre issu du camp vainqueur, et donc hostile au chef de l’État. Les deux têtes de l’exécutif sont contraintes de cohabiter et le chef du gouvernement a les mains très libres en vertu de l’article 20 de la Constitution qui indique "le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation". On l’a déjà expérimenté trois fois, avec les cohabitations Mitterrand-Chirac, Mitterrand-Balladur puis Chirac-Jospin, et c’est ce modèle que réclament les leaders du Nouveau Front Populaire qui accusent Emmanuel Macron de "coup de force" en refusant de s’y plier.

Une situation politique inédite   

Cette accusation n'est pas justifiée. Certes, Emmanuel Macron espère encore ne pas voir ses principales réformes détricotées par le futur gouvernement, mais ce n’est pas le bon plaisir du chef de l’État qui invite à mélanger cohabitation et coalition : c’est la situation politique. Le Premier ministre est responsable devant le Parlement. Faute de majorité absolue, le futur nommé devra donc bâtir une coalition, qu’elle soit assumée et explicite, c’est-à-dire avec des ministres de gauche, de droite et du centre. Ou seulement implicite, c’est-à-dire en s’assurant que l’essentiel de ces trois blocs ne le censurent pas. Que le Premier ministre soit issu de la gauche, par exemple Bernard Cazeneuve, ou de la droite, comme Xavier Bertrand, il devra même forcément s’assurer du soutien, ou au moins de l’indulgence, des 166 députés du bloc central macroniste.

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