Réforme des retraites : pourquoi autant de dissonances dans la majorité ?
François Bayrou a mis en garde dimanche Emmanuel Macron contre toute tentative de passer en force sur la réforme des retraites, Edouard Philippe assure au contraire l’exécutif de son soutien, quoi qu’il arrive. Pourquoi autant de dissonances dans la majorité ? L'édito de Renaud Dély.
Pas de doute : nous sommes entrés dans une nouvelle période, l’après-Macron. Ca peut paraitre sans doute un peu tôt, le chef de l’Etat a été réélu il y à peine 5 mois pour un second mandat, un exploit inédit au suffrage universel hors cohabitation. C’est pourtant bien ce qui trotte dans la tête de plusieurs piliers de la majorité : cap sur 2027 !
>> Réforme des retraites : la majorité divisée, les syndicats prêts à dégainer
Pas sûr que François Bayrou soit lui-même de nouveau candidat, il a 71 ans, l’âge de Jean-Luc Mélenchon. Mais d’ici là, le patron du Modem veut peser fortement. Dans un contexte de fortes tensions sociales, le leader centriste veut créer du lien du dialogue, pour surmonter les profondes divisions du pays. C’est le rôle qui incombe au conseil national de la refondation, dont il a pris les rênes. Une réforme des retraites imposée à la hâte par 49-3 et contre tous les syndicats scellerait la fin du CNR - la CFDT en claquerait la porte - et sans doute la fin de l’influence politique de François Bayrou.
Un calcul avant 2027
Alors, pourquoi Edouard Philippe fait-il le choix inverse ? L’ancien Premier ministre y voit l’occasion de peaufiner son image de réformateur. Edouard Philippe est un fervent partisan du report de l’âge légal du départ en retraite, il avait intégré le fameux âge-pivot à 64 ans dans le projet avorté de 2020. Et il ne croit pas plus au succès du CNR qu’il ne croyait à la réussite du grand débat après la crise des "gilets jaunes".. Il veut une vraie réforme des retraites et met la pression sur le chef de l’Etat pour qu’il agisse vite et fort. Et si Emmanuel Macron recule, Edouard Philippe pourra se poser en recours auprès de l’électorat de droite en vue de 2027, puisqu’il s’est mis à son compte, avec son parti, Horizons, et son groupe à l’Assemblée.
Et c'est pour cela qu’il s’est mis à son compte, avec son parti, Horizons, et son groupe à l’Assemblée. Au départ, Emmanuel Macron rêvait d’un grand parti unique de la majorité. Mais les ambitions individuelles ont donc mis à bas ses espoirs. Sans compter celles de Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et peut-être quelques autres qui préparent eux aussi 2027, mais à l’intérieur de Renaissance, le nouveau parti de la majorité dont l’eurodéputé Stéphane Séjourné a pris la tête ce week-end. François Bayrou a souvent répété qu’il était aussi difficile de rassembler les centristes que de faire tenir des grenouilles dans une brouette. D’ici 2027, ce ne sera pas plus simple avec les macronistes…
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