Glyphosate : comment expliquer les différences entre les conclusions de la Commission européenne et certaines études scientifiques

La proposition de la Commission européenne de renouveler pour 10 ans l'autorisation du glyphosate dans l'Union européenne sera étudiée, vendredi, par les pays membres de l'UE. Les agences européennes ne se basent pas sur les mêmes études que l'Organisation mondiale de la santé ou l'Inserm.
Article rédigé par franceinfo, Boris Hallier
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Temps de lecture : 2 min
Un agriculteur français pulvérise l'herbicide glyphosate "Roundup 720" dans un champ de maïs, du Nord-Ouest de la France, le 23 avril 2021. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Les 27 États membres de l'Union européenne examinent vendredi 22 septembre la proposition de la Commission européenne qui a fait bondir, cette semaine, les associations environnementales. La commission propose effectivement que le glyphosate, cet herbicide controversé, soit autorisé 10 ans de plus, alors qu'il a été classé comme cancérogène probable par l'Organisation mondiale de la santé. 

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Les agences européennes ne sont pas du même avis parce que le travail mené par les différents organismes ne repose pas sur les mêmes études, ni sur les mêmes critères et à l'arrivée les conclusions sont contradictoires.  

D'un côté le Centre international de recherche sur le cancer qualifie le glyphosate de cancérogène probable. En France, l'Inserm met en avant plusieurs risques toxiques. De l'autre côté, les agences européennes (celle de la sécurité des aliments, celle des produits chimiques) pour qui "l'évaluation de l'impact du glyphosate sur la santé humaine, la santé animale et l'environnement n'a pas identifié de domaine de préoccupation critique." L'autorité européenne de sécurité des aliments note également des lacunes dans les données récoltées. 

Peu d'études universitaires indépendantes 

Ces agences européennes se basent sur des études scientifiques : 2 400 études, pour 180 000 pages lues selon elles. Mais le nombre ne fait pas la qualité, dénoncent les anti-glyphosate qui mettent en cause la façon dont les articles sont triés et sélectionnés. La plupart proviennent des industriels, eux-mêmes, qui analysent la toxicité de leur produit avant leur mise sur le marché. Les études universitaires, indépendantes, elles sont, minoritaires. Elles ne représenteraient que 0,4% des études retenues par les agences, selon l'ONG Génération Futures... 

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Les autres études sont écartées parce que souvent elles n'ont pas la certification "Bonne pratique de laboratoire" et sont donc jugées non pertinentes. Cette "bonne pratique de laboratoire", c'est en fait une norme censée garantir la qualité des analyses.

Pour obtenir ce label, il faut de coûteux investissements que les universités ne sont pas en capacité d'engager. Sans ce label, les résultats mis en avant par les chercheurs ne sont donc pas considérés par les agences européennes, malgré leur intérêt scientifique. En revanche pour des instituts comme l'Inserm, la fiabilité des études repose sur la traditionnelle validation scientifique, avec publication dans les revues dédiées. L'Inserm reprend donc des résultats ignorés par les agences réglementaires européennes, d'où des conclusions parfois contradictoires.  

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