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Le billet vert. Quel est l'héritage environnemental de Jacques Chirac ?

L’ancien président de la République n’était pas un écologiste né mais il a ouvert les yeux sur l’état de la planète et a contribué à éveiller les consciences des Français.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
  (PATRICK KOVARIK / AFP)

Evidemment tout le monde connaît le discours du Sommet de la Terre à Johannesbourg en Afrique du Sud en septembre 2002. "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Prenons garde à ce que le XXIe siècle ne soit pas celui d'un crime de l'humanité contre la vie", scande-t-il à la tribune des Nations Unies. 

Mais on se souvient moins de son appel de Paris lancé à l'Elysée en février 2007. "Face à l'urgence le temps n'est plus aux demies mesures, le temps est à la révolution au sens authentique du terme. La révolution des consciences, la révolution de l'économie, la révolution de l'action politique." prononce-t-il devant un parterre de scientifiques, d'associations, de ministres et de représentants d'entreprises. On dirait du Greta Thunberg dans le texte. Jacques Chirac appelle aussi les représentants d'une cinquantaine de pays à créer une organisation mondiale de l'environnement, un serpent de mer encore aujourd'hui dans les discussions internationales. Il lance cet appel aussi au lendemain de la publication à Paris du 4e rapport des experts du climat. À l'époque, ils parlent déjà de 3°C de réchauffement climatique en moyenne d'ici 2100 si rien n'est fait et de la montée des mers de 40cm en moyenne. Ironie de l’Histoire, Jacques Chirac s’est éteint au lendemain d’un nouveau rapport alarmiste du Giec, celui sur les océans

 
Un héritage plus que des actions concrètes

Avant son deuxième mandat, on ne peut pas dire que Jacques Chirac embrassait les combats écologistes. Il était plutôt le défenseur de la chasse, de l’agriculture intensive, du béton, du diesel, des OGM, et surtout du nucléaire avec la reprise des essais notamment dans l’atoll de Mururoa rompant ainsi un moratoire international. Il s'est ainsi mis à dos de nombreux pays et les militants pacifistes et anti-nucléaires du monde entier. Pourtant influencé par ce qu’il voit sur l'état de la planète, à travers les émissions Ushuaia de Nicolas Hulot qu’il appréciait beaucoup et sa curiosité pour les peuples premiers; il va comprendre les enjeux globaux. Humaniste, tourné vers l'Afrique, les peuples en souffrance, il voit comment déjà le changement climatique va les affecter et propose d'augmenter l'aide au développement. 

Une contribution forte au droit environnemental

Il va lancer l’alerte et il va même laisser un héritage non négligeable dans le droit français en intégrant le principe de précaution dans la charte de l’environnement.  Une charte qui donne à chacun droit à un environnement équilibré et respectueux de la santé. Une charte qu'il va adosser à notre Constitution, ce qui lui donne encore plus de force dans les plaidoiries d'aujourd’hui. Cela permet de défendre la santé de l’environnement et des populations quand il y a un doute sur une technologie, une substance ou une pratique. Une mesure pour laquelle Jacques Chirac a du se battre contre son propre camp qui ne voyait dans la protection de l’environnement que de la contrainte. Un combat qui se mène toujours aujourd'hui pour ceux qui veulent honorer sa mémoire.

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