Aéronautique : en pleine série noire, Boeing annonce plusieurs départs, dont celui du directeur général
Pour le géant américain Boeing, se relever est compliqué après les deux crashs rapprochés de son modèle 737 Max, qui ont fait 346 morts en 2018 et 2019. En 2024, plusieurs incidents prolongent la mystérieuse série noire. Une porte s'est arrachée en plein vol d’Alaska Airlines, à 5 000 mètres d’altitude en janvier 2024, sans faire de victimes, à cause de boulons manquants. Le même mois, une vitre du cockpit s'est fissurée sur un appareil de Japan Airlines, l'obligeant à faire demi-tour. Et début mars, la perte d’une roue sur un 777 et un panneau manquant sur un 737 ont encore terni l'image de l'entreprise.
Sommé de rendre des comptes, Boeing a réduit ses cadences de production avec toutes les répercussions commerciales que l’on imagine auprès des compagnies clientes et des sous-traitants, obligés d’adapter leurs personnels.
Grand ménage à la tête de l’entreprise
Dave Calhoun, directeur général – le patron opérationnel de Boeing – va quitter son poste à la fin de l’année. Il était arrivé en janvier 2020 pour restaurer la confiance dans un groupe dont l’image industrielle était déjà largement dégradée. Autre départ, celui du directeur de la division aviation commerciale. Il vient d’être remplacé par une femme, une première à ce poste pour Boeing. Sans même avoir de diplôme d’ingénieure, Stephanie Pope, était jusqu’à présent directrice d’exploitation du groupe.
Le grand ménage ne s’arrête pas là, puisque le président du conseil d’administration va aussi partir. Larry Kellner, en place depuis 2019, ne se représentera pas lors de la prochaine élection. Boeing a déjà choisi son successeur : l’ancien patron de Qualcomm, le célèbre fabricant de puces électroniques.
Rassurer investisseurs et clients
Une nouvelle direction chez Boeing, mais pour quoi faire ? Est-ce que ces changements seront suffisants pour régler les gros problèmes industriels et de sécurité ? Pour l’instant, Boeing est dans la communication avec des messages envoyés aux investisseurs en bourse, aux compagnies clientes et aux passagers eux-mêmes.
Pour ce qui est des questions de fond : elles sont techniques et judiciaires. Le ministère américain de la Justice a annoncé une enquête pénale, ce qui est lourd de sens. La pression interne est aussi très forte : les syndicats de machinistes (30 000 salariés) veulent un représentant au conseil d’administration, ce qui n’a jamais été le cas dans l’histoire de Boeing. D’évidence, l'entreprise américaine est en train de tourner une page dans un contexte de forte concurrence internationale, notamment face aux succès à répétition de l’européen Airbus.
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