Europe : quelle est la situation des migrants qui parviennent en Grèce, Espagne et Italie ?
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Espagne, la Grèce et l'Italie pour examiner la situation des migrants.
Alors que se tient en ce moment à Bruxelles une réunion autour de l'immigration en Europe, quelle est la situation des migrants qui parviennent en Espagne, en Grèce et en Italie ?
Espagne
En Espagne, nous sommes quelques semaines après la crise de Ceuta, une crise migratoire et politique dans cette enclave espagnole au nord du Maroc. C’est le cas des mineurs, plus de 1 000, qui pose actuellement problème. D’un côté, l’Espagne ne veut pas laisser ces enfants aux forces auxiliaires marocaines, connues pour leur brutalité, mais de l’autre Ceuta ne peut pas les garder dans des conditions plus que précaires.
Le blocage est également politique. Le quotidien El Pais disait ainsi il y a quelques jours que les relations entre Madrid et Rabat étaient au point mort. Du côté des autorités espagnoles, on réfléchit donc à une solution : la visite d’un ministre important, celui de l’Intérieur ou des Affaires étrangeres ou même un appel du roi Felipe VI à celui du Maroc Mohammed VI avec pour objectif de détendre les relations entre les deux pays. Reste à savoir quand aura lieu ce rendez-vous.
Au-delà du cas de l'enclave de Ceuta, l'archipel des Canaries au large de l’Afrique de l’Ouest est devenu une nouvelle voie d’accès à l’Espagne, puisque la voie par la Méditerranée est plus surveillée. Cette route vers les Îles Canaries est pourtant bien plus longue et dangereuse. L’an passé, un peu plus de 23 000 migrants ont atteint l’archipel. Et en 2021 se produisent régulièrement des drames, des sauvetages, tandis que la région des Canaries a du mal à accueillir tous ces migrants.
Grèce
En Grèce, on redoute avec l'arrivée des beaux jours une nouvelle vague
de demandeurs d'asile via les côtes turques. Aussi le pays se donne-t-il les moyens de les arrêter avec des outils très controversés : des canons à son. Au lieu de lancer des bombes ou de l'eau, ces canons montés sur des blindés lancent des sons stridents insupportables pour l'oreille humaine. Ils peuvent atteindre jusqu'à 162 décibels alors qu'une conversation est à 60. Le but est de désorienter les gens qui l'entendent.
Ces canons sont en fait déjà utilisés dans plusieurs pays d'Europe pour contrer les manifestations, et le long de la frontière américano-mexicaine pour arrêter, justement, les migrants. Ils ont été inventés par les nazis à l'été 1944 pour rendre fous leurs adversaires. La fréquence sonore était cependant bien supérieure à celle d'aujourd'hui, puisqu'en Grèce, ils s'agit seulement de repousser les migrants.
Ceux parmi les Grecs qui ne veulent plus de migrants se félicitent de l'utilisation de ce nouvel outil. Mais toutes les ONG pro-migrants condamnent cet usage et sont très inquiètes. En effet, ces canons à sons peuvent être utilisés par les vedettes maritimes en pleine mer, et cela risque donc de créer un mouvement de panique à bord et de provoquer des noyades. Un syndicat de policiers a même appelé ses confrères à "réfléchir contre qui ces canons à son seront utilisés." C'est une première. Le gouvernement conservateur quant à lui persiste et signe.
Italie
En Italie, comme depuis de nombreuses années, le pays fait appel à la solidarité européenne sur le dossier migratoire. Le message de Mario Draghi fin mai lors du dernier Conseil européen était clair : il faut une réponse solidaire de l’Union européenne sur le sujet. C’est le même message qu'avaient lancé ses prédécesseurs. Et comme après chaque débarquement de centaines de personnes qui ont traversé la Méditerranée, l'Italie éprouve un sentiment d'abandon.
Le Premier ministre italien a haussé le ton lorsque sont débarquées à Lampedusa des milliers de personnes en quelques jours. Le pays continuera "d’affronter le problème seule", selon Mario Draghi, au moins jusqu’au prochain Conseil européen. L’ancien banquier central réclame un "accord plus efficace" car pour lui, "l’aide volontaire dans la redistribution des migrants ne l’est pas assez."
Peu de choses ont en fait changé dans la politique migratoire italienne avec l'arrivée au pouvoir de ce nouveau Premier ministre. Mario Draghi insiste toujours sur l’aide au développement à apporter aux pays de transition comme la Tunisie et la Libye. Son premier voyage à l’étranger, il l’avait d’ailleurs réservé à Tripoli. L’Italie continue de plus d’aider financièrement et matériellement les gardes-côtes libyens. Un accord très critiqué en Italie, puisque ces derniers sont accusés d’être complices des trafiquants d’êtres humains, sinon de l’être eux-mêmes.
Sur le sauvetage en mer, pas non plus de grandes différences. Les navires des ONG continuent d’être arrêtés. Le dernier date d'il y a deux jours : l’Allemand Sea Eye 4, arrêté en raison de diverses irrégularités techniques. Rien n’a changé surtout depuis Matteo Salvini, lorsque le leader du parti d’extrême-droite la Ligue était ministre de l’Intérieur en 2018 et 2019, et mettait en œuvre une politique des ports fermés.
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