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Sommet pour le climat : les plus grands pollueurs de la planète parviendront-ils à s'entendre ?

Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, le sommet pour le climat, organisé en visioconférence et auquel participent notamment la Chine, le Brésil et la Russie.

Article rédigé par franceinfo - Dominique André, Claude Bruillot et Anne Vigna
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le président chinois Xi Jinping, le 4 mars 2021. (LEO RAMIREZ / AFP)

Les États-Unis organisent jeudi 22 et vendredi 23 avril un sommet pour le climat par visioconférence, auquel participent Joe Biden, comme hôte, mais aussi le Chinois Xi Jinping, le Russe Vladimir Poutine ou le Brésilien Jair Bolsonaro. Les États-Unis et la Chine représentent à eux seuls plus de 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le sommet sera réussi s’ils arrivent à se mettre d’accord sur une trajectoire de réduction.

Le Brésil demande une aide internationale pour mettre fin à la déforestation

Au Brésil, Jair Bolsonaro le président brésilien a envoyé une lettre le 14 avril dernier à Joe Biden en promettant de mettre fin à la déforestation illégale en 2030 en Amazonie. Pour y parvenir, Bolsonaro demande de l’aide à la communauté internationale, à hauteur d’un milliard de dollars, en promettant une nouvelle fois, qu’elle sera utilisée dans cet objectif.

Pour autant, rien dans l’attitude de Jair Bolsonaro ne montre un changement par rapport à l’écologie. Il a gardé en poste son ministre de l’Environnement qui défend sans cesse ceux qui déforestent et dans les faits, dans les chiffres, la déforestation ne cesse d’augmenter : pour le mois de mars, la déforestation a atteint 810 km2. Il s'agit là d'un nouveau record, le double qu’en mars 2020 et le pire résultat pour un mois de mars en plus de dix ans. Pour l’instant, il est peut probable que Joe Biden fasse un chèque en blanc à Jair Bolsonaro même si l’Amazonie demande une attention urgente.  

La communauté internationale peut s’appuyer sur la société civile. Il y a une unanimité au Brésil de la part des Indiens, des ONG et de tous ceux qui se préoccupent de l’Amazonie, en particulier des artistes, à demander à Joe Biden de ne pas faire confiance ni de travailler avec Jair Bolsonaro. Ce que demande la société civile est d’abord d’ignorer le président brésilien et de soutenir les initiatives locales de reforestation et de préservation comme l’ont fait l’Allemagne et la Norvège pendant des années au Brésil via un fonds amazonien qui a cessé avec l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro.

La Chine assure qu'elle tiendra ses objectifs

Côté chinois, il faudra attendre le discours que va prononcer Xi Jinping, présenté comme "important" par le ministère des affaires étrangères chinois, pour connaître les nouvelles pistes de la Chine. À l'automne dernier devant l’ONU, Xi Jinping avait provoqué la surprise et beaucoup d’interrogations en présentant des promesses : la neutralité carbone avant 2060 et le début de la réduction des émissions de CO2 avant 2030.  Xi Jinping a redit ces derniers jours que la Chine tiendrait ses engagements. Mais avec quelles solutions ? C'est peut-être ce que la Chine dévoilera jeudi 22 avril... En attendant, le moteur de l’économie chinoise tourne essentiellement grâce au charbon : c'est encore plus flagrant depuis la fin de l’épidémie de Covid-19. Le ciel de Pékin est souvent pollué parce que les usines tournent à plein régime, d’où la croissance record observée au premier trimestre de l’année.

C'est  la première fois que le Chinois Xi Jinping et l’Américain Joe Biden se réuniront. La lutte contre le réchauffement climatique est un enjeu planétaire, sur lequel les deux pays se sont engagés à coopérer, à la réunion d’Anchorage le mois dernier et lors de la visite de John Kerry, l'émissaire américain sur le climat, qui s'est rendu à Shanghai la semaine dernière. Heureusement, pourrait-on dire, que la Chine et les États-Unis ont trouvé un terrain d'entente sur la question climatique car ce sont les deux plus gros pays pollueurs du monde, avec une première place pour la Chine. Malgré cette entente, le gouvernement chinois dit clairement qu’il entend défendre son propre agenda climatique : Xi Jinping a confirmé sa présence seulement un jour avant le sommet.  

Vladimir Poutine dit vouloir agir avec sévérité contre le changement climatique

La Russie reste parmi les dix premiers pays émetteurs de gaz à effet de serre. Vladimir Poutine a rappelé mercredi lors de son discours annuel devant le parlement russe que la lutte contre tous les types de pollution figurerait au rang de ses priorités. Le président russe dit vouloir agir avec sévérité contre le changement climatique… Une allusion à la très forte amende infligée au groupe Nornickel, de plus de trois milliards d’euros en 2020, après une vaste pollution des eaux sur l’un de ses sites dans l’extrême nord de la Sibérie Occidentale à Norilsk au printemps dernier. Vladimir Poutine fixe comme objectif, d’une manière générale, à l’horizon des trente prochaines années, un volume cumulé d’émissions de gaz à effet de serre, en dessous de celui de l’Union européenne. Plus concrètement, sur le plan légal, les entreprises auront obligation de publier leurs bilans écologiques qui devraient être regroupés par ville, district ou région, afin de les rendre accessibles à tous, et notamment pour les résidents vivant à proximité.

Au-delà de ces dispositions, le bilan "écologique" de la Russie reste très préoccupant, à cause notamment de la puissance des grands lobbies du secteur de l’énergie. Officiellement, les grands groupes comme Rosneft, Lukoil ou encore Rusal ont intégré par exemple des projets pilotes de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans sept grandes régions de Russie mais derrière cet affichage, la réalité est tout autre. Rusal, par exemple, le géant de l’aluminium, avec une vaste unité de production au cœur de la ville très polluée de Krasnoïarsk, un million d’habitants en Sibérie Orientale, ne paie que 0,3% de son chiffre d’affaires local en taxes sur place. Rusal se permet même de financer directement les chercheurs de la branche sibérienne de l’Académie des sciences de Russie lorsqu’ils enquêtent sur la fameuse pollution de Nornickel, filiale de Rusal...

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