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Le débrief politique. L'obsession Mélenchon à J-11 de la présidentielle

Un début de panique chez les adversaires de Mélenchon, Hollande sort de sa réserve, une candidature retoquée pour Royal... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de mercredi 12 avril avec Yael Goosz

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Jean-Luc Mélenchon à Paris en novembre 2016. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Mélenchon, la nouvelle cible

A 11 jours du premier tour de l'élection présidentielle, l'ascension du candidat de La France insoumise dans les sondages suscite un début de panique. Le secteur bancaire s'interroge : avec Marine Le Pen, ça commence à faire beaucoup de voix pour le Frexit. On a même vu Le Figaro mettre ce titre à la Une aujourd'hui : "Mélenchon : le délirant projet du Chavez français". 

Embarras, y compris au gouvernement : étrange dissonance en conseil des ministres ce mercredi matin. "Il vaut mieux une percée de ce côté-là qu'une percée de l'extrême-droite, affirme Ségolène Royal. C'est une authenticité aussi, une passion. La politique a besoin de passion aussi". Mais alors que la ministre de l'Environnement est plutôt admirative de ce que fait Jean-Luc Mélenchon, son discours de la passion est contredit par le discours de la raison de Stéphane Le Foll : "Je crois que c'est 270 milliards de dépenses publiques supplémentaires avec des conséquences sur les impôts, indique le porte-parole du gouvernement à franceinfo. On quitte l'Europe et on quitte la zone euro mais les conséquences sont les mêmes pour les Français". 

Et dans les états-majors des candidats, on est bien obligé de tenir compte de cette nouvelle donne. François Fillon tape sur le projet "communiste" de Jean-Luc-Mélenchon, Emmanuel Macron s'étonne de son "angélisme" sur les questions militaires et Benoît Hamon voit en lui, un adversaire de l'Europe. 

Hollande en campagne

Ça y est François Hollande est en campagne. Jean-Luc Mélenchon réussit l'exploit de faire sortir de sa réserve le président de la République. Ce dernier avait jusqu’ici concentré son tir sur le seul Front national, et c'est pour ça qu'une petite phrase tirée d'un entretien au magazine Le Point, à paraître ce jeudi (article payant), fait beaucoup de bruit. "Il y a un péril face aux simplifications, aux falsifications, qui fait que l'on regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte", y affirme François Hollande. "Le tribun", c'est Jean-Luc Mélenchon. Qu'importe si le président pense effectivement à lui, son entourage embraye : "Le danger populiste ne se limite pas à Marine Le Pen, il y a un péril extrémiste de gauche comme de droite". 

François Hollande critique Jean-Luc Mélenchon et offre un soutien à Emmanuel Macron. Un soutien, là encore, implicite : "La politique a besoin de renouvellement, dit le président au Point. Je n'ai pas découragé Emmanuel Macron quand il a voulu lancer son mouvement, un pari 'audacieux'." François Hollande n’en dira pas plus. 

Emmanuel Macron serait donc "son héritier" ? Dans une autre confidence présidentielle, cette fois au site d'info ludique et décalée Kombini, François Hollande indique qu'il "faut aller vers ceux qui sont plutôt dans la suite" et qu'il a "plusieurs" héritiers... histoire de bien tout compliquer. Quant à son futur successeur; c'est un mot qui ne connaît pas de féminin : "Je préfère dire 'il' même si je ne veux pas être désagréable avec madame Arthaud", déclare François Hollande.

Voilà, au revoir président. Pas sûr que le prochain ou la prochaine ait autant d'humour. 

Le casse-noix Mélenchon

Chez les insoumis, on met en application la "théorie du casse-noix", chère à Jean-Luc Mélenchon : puisque Benoît Hamon est à la traîne dans les sondages, il n'a qu'à se retirer pour assurer au candidat de La France insoumise sa qualification pour le deuxième tour. Sur LCI, Alexis Corbière, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon déclare : "Je dis à Benoît, parce que je sais qu'il y est sensible, quand il voit nos meetings, cette force populaire qui se lève, et qu'il compare à toutes les trahisons qu’il subit en plus de la part de 'ses amis', je dis : 'Benoît, ne soit pas un obstacle à cette volonté populaire qui monte'."

Et le casse-noix est en meeting ce mercredi soir à Lille. Jean-Luc Mélenchon serait-il en train de draguer les électeurs socialistes dans la ville de Martine Aubry ? Il y a quinze jours, justement à Lille, Benoît Hamon avait appelé sans succès le candidat de la France insoumise à le rejoindre. "Le parti socialiste est en train de couler, s'il veut jouer au capitaine il coulera avec", dit l'un des militants insoumis présent à Lille Grand Palais ce mercredi.

Hamon et l'instrumentalisation

Pendant ce temps-là, Benoit Hamon continue sa tournée des banlieues : après Vaulx-en-Velin et Villeurbanne mardi (métropole de Lyon), c'est Sarcelles (Val-d'Oise) et La Courneuve (Seine-Saint-Denis) ce mercredi. "Moi, je veux travailler sur ces questions de service public et d'égalité des droits, déclare le candidat PS, et pas me contenter simplement d'aller faire de jolies et grandes formules en citant I.A.M. ou deux, trois rappeurs alors qu'on n'a jamais écouté de rap dans sa vie, en venant ici faire un numéro sur le Karcher comme d'autres l'ont fait."

Selon lui, "à chaque fois à gauche comme à droite, il y a des gens qui instrumentalisent les quartiers, moi je ne les instrumentalise pas". Double tacle à Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron. Benoît Hamon sera en meeting Place de la République à Paris, le 19 avril prochain, on l'apprend ce soir.

Le soutien qui embarrasse Macron

Le candidat d'En Marche a passé ce mercredi dans les Pyrénées : maillot jaune provisoire à la Mongie puis tandem à Pau pour un meeting avec François Bayrou. Quid du soutien du Président de la République ? Non merci, ça plomberait sa campagne. "Je ne fais pas de décryptage autre. Moi, je cherche le soutien de 51% des Françaises et des Français", déclare Emmanuel Macron. L'ancien ministre de l'économie n'est pas enthousiaste, son porte-parole non plus : "Le seul candidat qui a été reçu par François Hollande pour l'élection présidentielle, c'est Benoît Hamon, rappelle Christophe Castaner. C'est le parti socialiste, c'est le parti du président de la République." 

L'info du débrief : Royal n'ira pas à New York

L'actuelle ministre de l'Écologie rêvait d'une sortie du quinquennat par le haut, finie la région, une croix sur les législatives : Ségolène Royal voulait prendre la tête du Programme des nations unies pour le développement (PNUD) à New York. Raté, c'est un Allemand, Achim Steiner, qui a été choisi.

Consigne de vote : CFDT contre Medef

Laurent Berger est l'invité de l'émission Questions d'infosdiffusée comme toutes les semaines à 20h30 sur LCP en partenariat avec Le Monde, l'AFP et franceinfo. Et celui qui est désormais à la tête du premier syndicat de France, la CFDT, n'apprécie pas, mais alors pas du tout, que Pierre Gattaz fasse campagne pour Emmanuel Macron et François Fillon, en mettant Benoît Hamon dans le même sac que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Il dénonce "l'outrance" des propos du patron des patrons.

"Je ne partage pas du tout ce qu'il dit sur Benoît Hamon notamment, indique Laurent Berger. On peut être en désaccord, et c'est le cas en ce qui me concerne, sur un certain nombre de sujets avec ce candidat mais essayer de mettre dans un paquet d'ultra populisme, c'est scandaleux." La CFDT ne donne aucune consigne de vote mais alerte sur le risque FN. Laurent Berger, lui, prépare déjà le défilé du 1er mai qu'il espère unitaire.

La note du débrief : 0 pour le directeur de campagne de Mélenchon

0 pointé pour Manuel Bompart, fan d'Hugo Chavez qui aurait, selon lui, fait largement reculer la grande pauvreté dans son pays. On rappelle juste quelques chiffres : 800% d'inflation, une croissance en baisse de 14% en 2016 et une population qui manque de tout, médicaments et nourriture. 

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