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"Je crois que je suis un peu un ovni" : Jacky sort une compilation de ses années "Platine 45"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’animateur de télévision, Jacky. Il sort une compilation, un coffret de quatre cd et un double vinyle, "Platine 45".  

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Jacques Jakubowicz, alias Jacky du "Club Dorothee", lors du Toulouse Game Show, en 2019. (LILIAN CAZABET / HANS LUCAS)

Jacky est animateur de télévision, précurseur d'émissions musicales dans les années 80. On pense évidemment aux Enfants du rock, créé par Pierre Lescure et diffusé sur Antenne 2 dès 1982, mais aussi à l'incontournable Platine 45, sur la même chaîne, pour laquelle Pierre Lescure lui a donné sa première carte blanche, en plus de sa confiance. Cette émission va durer quatre ans, de 1982 à 1986, 30 minutes tous les mercredis. 40 ans après, Jacky sort une compilation, un coffret de quatre cd et un double vinyle également Platine 45.

franceinfo : Votre compilation est le meilleur des années 80, surtout le meilleur des artistes qui sont venus participer à l'émission. Et là, on se rend compte du casting que vous avez reçu donc les Rita Mitsouko, Serge Gainsbourg, Renaud, Richard Gotainer, Alain Bashung, Isabelle Adjani, Tina Turner. Au total, 68 tubes. J'ai l'impression que cette émission a une saveur particulière, c'est aussi la première fois qu'on vous confiait les clés d'une émission.

Jacky : Oui, c'est vrai. Parce qu'avant, j'étais muet. J'ai démarré avec Antoine de Caunes, Chorus et c'est vrai que j'étais le premier présentateur muet et c'est une des premières fois où je prenais la parole. Pierre Lescure m'a dit : "Tu prends la parole" et il a dit une autre chose, je m'en souviens toujours : "Tu vas présenter des tubes, donc tu vas faire des plateaux. Il faut que ce soit le plus court possible et le plus drôle possible". Voilà, c'est ce que j'ai essayé de faire.

Quand on vous voit, on a le sentiment que vous avez une forme de timidité à l'intérieur de vous. On se demande d'ailleurs comment vous avez réussi à assumer, à sortir un peu votre courage.

Oui, c'est vrai. Au départ, j'étais un peu timide, mais ça m'est vite passé. Mais je ne voulais pas être un animateur de télé. Au départ, j'étais attaché de presse dans une maison de disques. Je voulais être journaliste, j'ai eu mon diplôme, je ne sais pas comment mais je l'ai eu et après je voulais faire de la musique. Je n'étais pas musicien, mais je suis parti à Londres, j'avais 16 ans.

À Londres, j'ai vu les Beatles, les Stones, les Who, les Kings en vrai et je voulais faire un truc autour de la musique et je me suis retrouvé attaché de presse chez Philips.

Jacky

à franceinfo

Vous parlez rarement de votre enfance. Vous étiez comme un petit garçon ?

J'étais assez sage en fait. J'étais fils unique d'une famille juive ashkénaze, d'un milieu modeste, et j'ai changé à l'âge de 11 ans quand je suis parti en colonie de vacances. J'ai rencontré Richard Gotainer, qui était aussi un peu sage et tous les deux, on s'est dévergondés.

Vous avez appris votre métier, main dans la main ?

Oui. Parce qu'on faisait déjà des petits sketchs quand on avait 16, 17 ans. Alors, soit on était en avance, soit ce n'était pas bon. On a opté pour la deuxième solution faire carrière chacun de son côté.

Pourquoi êtes-vous passé par la case attaché de presse ?

Pourquoi ? Je n'en sais rien. Je me suis retrouvé en 1973 à rien foutre. J'ai rencontré la femme de Serge Lama qui s'appelle Daisy Lama. On avait un coiffeur en commun. Elle m'a dit : "Si tu veux rentrer chez Philips, je vais essayer..." Elle m'a appelé 15 jours après et m'a dit : "Il y a un attaché de presse qui s'en va, il faut que tu rencontres le directeur de la promotion, Louis Nucera". Et je suis arrivé, à l'époque, j'avais quand même des cheveux très longs, des vestes bigarrées et des Creepers. J'étais un peu un ovni. Il m'a dit :"Asseyez-vous". Il m'a posé deux questions : "Est-ce que vous connaissez quelqu'un dans le showbiz ?" J'ai dit : non, parce que je ne connaissais personne. "Est-ce que vous parlez anglais ?" J'ai dit oui. Et le lendemain, il m'a appelé en me disant : "Vous commencez quand vous voulez". J'ai commencé avec des artistes comme Cat Stevens, Elton John, Bashung, Gainsbourg, voilà.

Il y a une émission qui va être un vrai tournant. C'est Récré A2 avec Jacqueline Joubert qui va vous repérer aux côtés de son fils, Antoine de Caunes. À ce moment-là, elle dirige l'unité de jeunesse d'Antenne 2, j'ai le sentiment que Récré A2 occupe une place très particulière dans votre vie.

Oui, Récré A2 était mon premier direct. C'étaient des émissions en direct avec quelques sketchs enregistrés. Oui, c'est très important pour moi. Dorothée m'a appris beaucoup de choses en télé, ça a été le point de départ.

Il y a même une histoire familiale, Richard Gotainer est devenu un ami incontournable, Dorothée aussi, vous l'avez toujours accompagnée.

Bien sûr, Dorothée est une amie, avec elle, j'ai fait Récré A2, le Club Dorothée, on a fait des tournées ensemble. J'ai fait tous les Zénith de France, on a fait 17 fois Bercy.

Moi, je ne marche qu'à l'affect et aux rencontres.

Jacky

à franceinfo

On parle des autres, mais j'aimerais qu'on parle de vous en tant que chanteur ! Evidemment, votre duo Tétèoù avec Lio. C'est la chanson qui ouvre cette compilation. Cette chanson est incroyable parce qu'elle résume quand même toute cette autodérision, cet amour que vous avez pour les autres aussi.

Bien sûr. J'ai rencontré Lio sur Platine 45 et puis, on se voyait un peu, même beaucoup, en dehors de l'émission. Puis on avait envie de faire un truc ensemble. Et un jour, Alain Chamfort, qui à l'époque était son compagnon est venu avec ce refrain Tétèoù et j'ai appelé Boris Bergman, que j'avais connu à l'époque où je m'occupais d'Alain Bashung, c'était son parolier. Et voilà, il a écrit la chanson avec Alain Chamfort, c'est sympa quand même !

Elle représente quoi cette chanson pour vous ?

Beaucoup de choses. J'adorais la faire. J'adorais le clip vidéo. J'avais appris à danser. Voilà, j'étais complètement fou. Je me souviens, j'avais un costume rouge. C'était bien, c'est un peu pop.

Est-ce que, comme Richard Gotainer, ça vous touche qu'on dise de vous que vous êtes un ovni ?

Oui, c'est ça. Je crois que je suis un peu un ovni, un mec un peu à part. Récemment, on m'a dit que j'étais un des derniers punk de la télévision française et ça me va.

Pour terminer, que représente cette compilation ? Parce que pour nous, c'est une plongée encore une fois dans des souvenirs.

Quand on me l'a proposé, c'étaient les 40 ans de Platine 45, ça m'a fait plaisir. Et quand j'ai réécouté tout ça... J'avais même oublié plein de gens qui étaient venus à Platine 45 donc une immense satisfaction. J'espère que les gens auront plaisir à l'écouter.

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