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Brésil : la démonstration de force de Jair Bolsonaro pour la fête nationale

Le 7 septembre est jour de fête au Brésil. Le chef de l'Etat en profite pour rassembler ses partisans, un mois avant l'élection présidentielle dans laquelle il est donné perdant.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un partisan du président brésilien Jaïr Bolsonaro avant l'arrivée de la parade militaire, le 7 septembre 2022.  (ANDRE BORGES / AFP)

Son programme est chargé : mercredi 7 septembre au matin, Jair Bolsonaro est à Brasilia, sur l'esplanade des ministères où plusieurs dizaines de milliers de personnes vont suivre le défilé militaire. L'après-midi, direction la plage de Copacabana à Rio, pour huit heures de festivités non stop face à la mer avec avions, vaisseaux de guerre et démonstrations de parachutistes. Et un meeting en prime.

D'habitude, les soldats paradent en centre-ville. Cette année, Jair Bolsonaro a obtenu que les réjouissances se déroulent exactement là où se rassemblent régulièrement ses partisans. La célébration du bicentenaire de l'indépendance va surtout ressembler à la célébration du "bolsonarisme" et de son commandant en chef.

Il y a de la tension dans l'air / dispositifs de sécurité XXL avec drones, snipers, police montée, chiens renifleurs. Les autorités de la capitale n'ont même pas voulu dévoiler le nombre d'agents mobilisés pour des "raisons stratégiques".

Si les cérémonies sont surveillées d'aussi près, c'est pour éviter les débordements :  l'an dernier, des soutiens du chef de l'Etat ont enfoncé un cordon de police avec leurs camions - ils voulaient faire un putsh et envahir la Cour suprême, institution de contre-pouvoir qu'ils rêvent de supprimer. On est passé pas loin d'une version brésilienne de l'invasion du capitole par les partisans de Donald Trump.

"Risque de violence politique" élevé

Surnommé le "Trump tropical", le chef de l'État brésilien ne se cache pas d'être un nostalgique de la dictature ; il pourrait bien être tenté par une version brésilienne de l'invasion du capitole. Dès la soirée du mardi 6 septembre, la police de Brasilia a d'ailleurs dû barrer la route à des militants qui voulaient stationner près des lieux de pouvoir.

>> Election présidentielle au Brésil : la recette de Lula pour gagner face à Jaïr Bolsonaro 

Le contexte de la campagne électorale, extrêmement polarisée, a jeté de l'huile sur le feu. Le "risque de violence politique" est tellement élevé qu'un juge de la Cour suprême a limité temporairement des décrets qui assouplissaient l'accès aux armes à feu. Pas suffisant pour empêcher un fabriquant brésilien de lancer une collection de pistolets spéciale pour le bicentenaire... En quatre ans, depuis que l'ancien militaire Bolsonaro est au pouvoir, les permis de port d'armes à feu ont explosé de 474%.

En retard dans les sondages

Même si l'écart s'est réduit ces dernières semaines, le dernier sondage Datafolha pour la présidentielle donne le président soutenu par les églises évangéliques à 32% des intentions de vote, contre 45% pour Lula, l'ex-président de gauche blanchi par la justice qui vient prendre sa revanche.

Mais Jair Bolsonaro veut faire mentir les sondages. Il compte sur une mobilisation massive pour renverser le rapport de forces et se maintenir au pouvoir. Le scrutin du 2 octobre dira si ce président de l'invective et de la désinformation a assez de soutiens pour se maintenir au pouvoir ou bien s'il représente, comme Donald Trump, une anomalie démocratique. L'an dernier il jurait que "seul Dieu" pourrait le démettre de ses fonctions.

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