Guerre en Ukraine : après 22 mois de guerre, Volodymyr Zelensky admet que son armée est à la peine

Le chef de l'État ukrainien a tenté d'envoyer des messages positifs lors de sa conférence de presse de fin d'année. Mais l'armée ukrainienne a besoin de sang frais et les volontaires ne se bousculent plus.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un soldat ukrainien sur la ligne de front près de Horlivka, ville ukrainienne occupée par la Russie, dans la région de Donetsk, le 14 décembre 2023. (ANATOLII STEPANOV / AFP)

L'hiver dernier, l'un des porte-paroles du président ukrainien en était persuadé : il passerait l'été 2024 sur les plages de Crimée libérées. Un an plus tard, l'horizon est beaucoup moins clair. "Personne ne peut dire quand cette guerre prendra fin", dit Volodymyr Zelensky.

Ses tournées triomphales à travers le monde et l'euphorie des premiers succès militaires sont de lointains souvenirs. Le temps est à l'enlisement des combats, à l'essoufflement du soutien occidental et aux décisions politiques difficiles. Face aux Russes, qui disposent d'un réservoir inépuisable, l'armée ukrainienne a besoin de sang frais, il lui faut 450 000 à 500 000 hommes supplémentaires pour renouveler les troupes épuisées. Le dirigeant ukrainien veut toutefois plus d'arguments avant de donner son feu vert, voilà plusieurs semaines que le sujet fait l'objet d'intenses débats à huis clos.

Fragilisé sur le plan politique

La mesure est effectivement d'autant plus impopulaire que les recruteurs militaires, qui parcourent le pays à la recherche d'hommes en âge de combattre, sont déjà accusés de faire pression sur ceux qui sont exemptés. On leur reproche même d'aller démarcher jusque dans les salles de sport, pour les convaincre de s'engager. Les civils sont moins allants qu'au début du conflit, quand ils faisaient la queue devant les bureaux de mobilisation. Les autorités ne communiquent aucun chiffre sur les morts ou les blessés mais les cimetières s'agrandissent et les amputés de retour du front sont de plus en plus nombreux.

Volodymyr Zelensky se retrouve fragilisé sur le plan politique. Il marche sur des œufs depuis l'échec de la contre-offensive. Sa cote de popularité a considérablement baissé, des sondages récents montrent que 62% des Ukrainiens lui font confiance, contre 84% il y a un an. Ses rapports se sont par ailleurs tendus avec le commandant des forces armées, Valery Zaloujny, avec lequel il serait au coude à coude, si l'élection présidentielle avait lieu comme prévu, en 2024.

Malgré tout, l'Ukraine vient d'obtenir l'ouverture de négociations sur une future intégration à l'Union européenne. En mer Noire, elle a aussi réussi à faire reculer la flotte russe et à ouvrir un couloir maritime pour exporter son blé. Pour ce qui est du matériel, Volodymyr Zelensky assurait mardi soir que son pays allait bientôt recevoir plusieurs systèmes de défense anti-aérienne Patriot. Il a déclaré que l'Ukraine serait capable de produire un million de drones l'an prochain, arme indispensable dans ce conflit.

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