Hong Kong : la police offre des récompenses de 117 000 euros pour l'arrestation de dissidents en exil

La police de Hong Kong provoque la colère de Londres et Washington en réitérant des primes en espèces pour la localisation et l'arrestation de cinq militants pro-démocratie en exil.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Premiers avis de récompense, promises en échange d'informations permettant l'arrestation de militants pro-démocratie, publiées par la police en juillet 2023, à Hong Kong. (BERTHA WANG / AFP)

Hong Kong poursuit la chasse aux opposants au-delà de ses frontières. Cinq militants pro-démocratie en exil sont même dans le collimateur des autorités. Le département de la sécurité nationale a diffusé leurs portraits jeudi 14 décembre, lors d'une conférence de presse. Les cinq activistes sont accusés d'incitation à la subversion et de collusion avec des forces étrangères. Ce sont donc des traîtres qui mettent leur pays en danger, même depuis l'étranger. Ils viennent compléter une liste établie en juillet, qui compte déjà huit noms d'autres militants, considérés comme fugitifs. Un million de dollars hongkongais, soit plus de 117 000 euros, sont même promis, depuis la création de cette liste, en échange de toute information permettant leur arrestation.

Quelque 90 000 Honkongais partis en exil

Hong Kong, comme Macao, fait partie des deux "régions administratives spéciales" de la république populaire de Chine. En 2019, les habitants s'étaient soulevés contre un projet de loi sur l'extradition des opposants politiques en Chine. Après des excuses officielles et surtout l'abandon du projet de loi, les protestations avaient malgré tout continué, revendiquant plus largement la non-ingérence de Pékin dans le processus démocratique.

Mais en mai 2020, le gouvernement chinois a serré la vis en étendant à Hong Kong la loi sur la sécurité nationale, déjà appliquée à Macao depuis 2009. Cette loi, qui a notamment pour objet l'interdiction de "la subversion, la sédition et la sécession" a entraîné l'arrestation de milliers de manifestants, ainsi que l'exil de près de 90 000 Hongkongais entre juin 2020 et juin 2021, vers l'Australie, le Japon, Taïwan ou encore le Royaume-Uni.

Un "mépris flagrant" des normes internationales

En vertu de son régime spécial, Hong Kong bénéficiait jusque-là d'importantes libertés par rapport au continent. Mais en 2020, depuis la loi sur la sécurité nationale, texte draconien calqué sur la législation chinoise, les autorités, en plus d'envoyer des milliers de personnes en prison, ne font plus aucune concession aux manifestants et se sont lancées dans un processus de verrouillage total de la liberté d'expression.

Ces cinq militants ont donc pris en 2020 la route de l'exil vers la Grande-Bretagne ou les États-Unis, qui ont tous deux très mal réagi à cette nouvelle annonce de Hong Kong. À Washington, le porte-parole du département d'État dénonce un "mépris flagrant" des normes internationales, martelant que "les autorités de Hong Kong n'ont aucune compétence à l'intérieur des frontières des États-Unis". Même tonalité à Londres, où le ministre des Affaires étrangères, David Cameron, a demandé à ses fonctionnaires de mettre "en urgence" le sujet sur le tapis avec leurs homologues. "Nous ne tolérerons aucune tentative de la part d'une puissance étrangère d'intimider des individus au Royaume-Uni", dit-il, c'est une menace pour notre démocratie."

Parmi les principaux intéressés, Joey Siu, qui a obtenu l'asile politique aux États-Unis, écrit sur les réseaux sociaux qu'elle ne "sera jamais réduite au silence". Simon Cheng, militant pro démocratie de premier plan qui se trouve actuellement au Royaume-Uni et qui a fondé le groupe "Hongkongers in Britain" s'amuse sur Twitter : "C'est un honneur. Si le gouvernement considère que la recherche de la démocratie et de la liberté est un crime, alors nous acceptons ces accusations." Les autorités de Hong Kong, elles, ont promis de poursuivre leurs opposants tout au long de leur vie s'il le fallait.

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