Yemen : les Occidentaux réfléchissent à une riposte contre les Houthis qui bloquent le commerce naval en mer Rouge
Samedi 16 décembre, un destroyer américain a abattu 14 drones envoyés depuis le Yemen vers des navires marchands. Les appareils ont été détruits avant d'atteindre leur cible et il n'y a eu ni dégâts ni blessés. Mais la veille, un porte-conteneurs a été mis hors service, touché par un missile balistique qui a provoqué un incendie. Ce ne sont que les deux derniers exemples.
Face à la multiplication de ces attaques, le leader mondial du transport maritime MSC a annoncé dans le week-end que, pour protéger la vie de ses marins, ses bateaux ne transiteront désormais plus par la mer Rouge. Il a été suivi par les trois autres plus grands opérateurs européens, le danois Maersk, l'allemand Hapag-Lloyd, et le français CMA CGM. Leurs bateaux ne reprendront la mer que lorsqu'il n'y aura plus de problèmes de sécurité. En attendant, ils sont invités à rester au mouillage ou à changer d'itinéraire.
Contournement trop onéreux par le cap de Bonne-Espérance
Un autre itinéraire sera forcément plus long, parce que la mer Rouge est le passage le plus rapide entre l'Asie et l'Europe, grâce au Canal de Suez. Environ 20 000 bateaux se croisent chaque année sur cette autoroute de la mer, l'une des plus fréquentées au monde, notamment pour le transport de brut et de carburant venus des pays du Golfe, à destination des ports méditerranéens.
Le chemin de contournement doit passer par le cap de Bonne-Espérance, au sud de l'Afrique, pour remonter tout le long des côtes jusqu'au détroit de Gibraltar. C'est évidemment beaucoup plus long. Selon S&P, un cabinet américain d'analyse financière, la liaison entre Rotterdam et Singapour par exemple sera rallongée de 15 000 à 21 000 km. En moyenne, il faudra compter une à deux semaines de plus, avec des surcoûts pour compenser la consommation de carburant. MSC demande à ses clients de faire "preuve de compréhension".
Une solution diplomatique ou militaire ?
Face aux pressions internationales qui s'accentuent, face aux chancelleries qui dénoncent des menaces extrêmement graves sur le commerce maritime, des pourparlers ont commencé ce week-end, sous la médiation du sultanat d'Oman.
Cela n'a pas empêché les Houthis, qui règnent sur une grande partie du Yémen, d'annoncer la poursuite de leurs attaques en solidarité avec le Hamas jusqu'à ce qu'Israël mette fin à son offensive. Samedi 16 décembre, ils ont aussi visé la station balnéaire israélienne d'Eilat.
Si la solution n'est pas diplomatique, elle sera militaire. Pour l'instant, les Occidentaux n'ont pas élaboré de réponse coordonnée, mais le secrétaire d'État américain à la Défense a échangé à ce sujet avec son homologue britannique. La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, en déplacement en Israël ce week-end l'a confirmé de son côté : plusieurs options défensives "sont à l'étude".
Selon le magazine Politico, de hauts responsables de l'administration Biden étudient les possibilités de riposte contre les Houthis, même si d'autres sont réticents à une réponse militaire, de crainte de provoquer l'Iran. Ces derniers jours, le Pentagone a tout de même déplacé un porte-avions (le "Dwight D. Eisenhower Carrier Strike Group") du golfe Persique vers le golfe d'Aden, au large des côtes du Yémen, afin de soutenir une éventuelle riposte américaine aux attaques. Un fonctionnaire - qui témoigne de manière anonyme - assure que l'armée a également fourni aux commandants des options pour frapper les Houthis.
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