Affaires judiciaires, aide à l'Ukraine, relations avec la France... Le vrai ou faux junior répond aux questions sur Donald Trump

Comment Donald Trump a-t-il pu se présenter alors qu'il a été condamné par la justice ? Quel impact son élection aura-t-elle sur la France ? Gabriel Solans, chercheur en civilisation américaine, répond aux collégiens.
Article rédigé par Valentine Joubin
Radio France
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Temps de lecture : 7min
Donald Trump donne un discours lors d'un meeting de la chambre des Républicains, à Washington, le 13 novembre 2024. (ALLISON ROBBERT - POOL VIA CNP / CONSOLIDATED NEWS PHOTOS)

Élu 47e président des États-Unis mercredi 6 janvier, Donald Trump sera officiellement investi le 20 janvier 2025. Vendredi 15 novembre 2024, il a promis "une armée forte" après avoir dévoilé, en début de semaine, les noms des premiers membres de sa future administration. Donald Trump a notamment nommé Elon Musk à la tête d'un ministère de "l'Efficacité gouvernementale".

Gabriel Solans, doctorant en civilisation américaine à l'université Paris Cité, spécialiste du parti Républicain, répond aux questions des élèves du collège Emile Combes de Bordeaux.

Un criminel peut être président des États-Unis

Catherine : "Si Donald Trump devait être jugé, pourquoi a-t-il eu le droit de se représenter ?"

En effet, Donald Trump est visé par plusieurs affaires judiciaires et cela ne l'a pas empêché d'être candidat à l'élection présidentielle et d'être élu. Il a même été jugé pour un de ces dossiers et reconnu coupable. Donald Trump a falsifié des documents prouvant qu'il avait payé une ancienne actrice de film pornographique pour qu'elle se taise et ne révèle pas qu'elle avait eu une relation avec lui en 2006. Donald Trump sera fixé sur sa peine lors d'une audience qui aura lieu le 26 novembre. Mais quelle que soit cette sanction, elle ne prendra pas effet pendant son mandat.

Si Donald Trump a pu être candidat à la présidentielle c'est tout simplement parce que la Constitution américaine n'empêche pas une personne poursuivie ou même condamnée de se présenter. Selon l'article 2, pour devenir président des États-Unis, il faut remplir trois conditions : être né citoyen américain, avoir plus de 35 ans et avoir résidé au moins 14 ans dans le pays. Ce qui aurait pu empêcher Donald Trump de se présenter c'est s'il avait été condamné à une peine d'inéligibilité. C’est-à-dire si la justice lui avait retiré son droit civique à être candidat.

Trump "plus clivant" que les précédents candidats

Eléonie : "Si Donald Trump n'avait pas représenté le parti Républicain, est-ce qu'il y aurait eu un comportement aussi haineux envers le candidat ?"

Selon le chercheur en civilisation américaine Gabriel Solans, dans cette campagne, les deux camps se sont sentis visés par des propos haineux. "Donald Trump a eu un comportement méprisant, assez vindicatif envers son adversaire. Le Parti républicain considère le Parti démocrate comme un ennemi. En revanche, on peut aussi, essayer d'imaginer quel est le point de vue d'un électeur républicain aux États-Unis. Une grande partie de l'électorat américain considère que le Parti démocrate et les médias, la justice de manière un peu généralisée, ont été injustes, haineux, méprisants envers Donald Trump".

Pour Gabriel Solans, cette violence politique n'aurait pas été aussi élevée si le Parti républicain avait choisi un autre candidat parce que Donald Trump incarne "une nouvelle étape dans la polarisation du système politique américain". "Il est beaucoup plus clivant, plus agressif, plus dur, que les précédents candidats. Il a changé la norme du débat politique américain qui était déjà violent. Donc oui, ça aurait été plus apaisé". 

Il a fait des promesses sur l'immigration

Ninon : "Pourquoi Donald Trump décide-t-il de fermer toutes ses frontières ?"

Durant sa campagne, très axée sur la lutte contre l'immigration, Donald Trump a promis plusieurs choses. Notamment de terminer la construction du mur avec le Mexique entamé lors de son premier mandat entre 2017 et 2021. Il a aussi promis d'expulser massivement les étrangers en situation illégale. Pourquoi est-ce que Donald Trump stigmatise les étrangers ? Parce que cette stratégie politique a été gagnante pour lui. D'après plusieurs sondages, l'immigration a été un facteur déterminant dans le choix des électeurs.

Mais le président élu pourrait faire face à des contestations locales. Aux États-unis, les États peuvent notamment demander aux juges fédéraux de geler les politiques de l'administration au pouvoir. La Californie a déjà prévenu : elle s'opposera à la politique migratoire de Donald Trump qu'elle juge contraire à la Constitution américaine.

Le cognac français dans son collimateur 

Maxime : "Trump élu, quel impact cela aura en France ?"

Dans son programme, il y a un domaine qui vise explicitement la France. Donald Trump a promis d'imposer des taxes douanières pour tous les produits venus d'Europe, une taxe d'au moins 10%."On sait que, par exemple, pour le cognac, les Américains sont le premier client international et qu'une guerre des tarifs douaniers pourrait être très préoccupante, pointe Gabriel Solans. Aux États-Unis, c'est l'exécutif qui a la prérogative des barrières douanières depuis 1974. Donc il fait ce qu'il veut. Et le Sénat, qui a des prérogatives en politique étrangère, n'a jamais contré Trump durant son premier mandat, quand il a fait sa guerre des tarifs douaniers avec la Chine."

Autre secteur qui pourrait subir les effets d'une hausse des taxes sur les importations de produits européens : l'industrie pharmaceutique. Les États-Unis sont le premier pays étranger, hors Europe, vers lequel la France exporte ses médicaments.

Mettre fin "rapidement "à la guerre avec l'Ukraine

Mellie : "J'ai entendu dire que ça en était fini de l'aide apportée à l'Ukraine. Est-ce vrai ?"

À propos de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, Donald Trump n'a pas été très précis sur ce qu'il entend faire. D'après le chercheur Gabriel Solans, Donald Trump a pris des décisions cette semaine qui nous donne tout de même des indices sur sa stratégie vis-à-vis de l'Ukraine : "Il a déjà nommé son cabinet, c’est-à-dire son gouvernement et selon les secrétaires [l'équivalent de nos ministres français], on sent plutôt un penchant pro-russe. Par exemple, pour Tulsi Gabor, qui a été nommée à la tête de la communauté du renseignement, elle est très clairement pro-russe. Son vice-président, J.D. Vance, a clairement dit qu'il souhaitait la fin de l'aide à l'Ukraine et une négociation avec la Russie. En tout cas, Trump a décidé qu'il voulait mettre fin à la guerre en Ukraine rapidement, donc ça va être un des principaux enjeux en politique étrangère durant ces quatre ans".

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