50 ans après Mai 68, les nouveaux combats de l’émancipation : Ousmane Baldé lutte contre le racisme en France
Ils n'ont pas fait Mai 68. Cinquante ans plus tard, ils vont faire 2018. Chaque jeudi, franceinfo met en avant un combat, un visage, une voix. À Paris comme en région, Ousmane Baldé milite contre le racisme.
Devant les grilles de la cour d'appel de Paris, Ousmane Baldé attend. Membre de la Fédération nationale des maisons des potes, il connaît bien les lieux. "On est là très souvent, raconte le chargé de mission politique de la ville au sein de l'association. On poursuit plusieurs personnes dans le cadre de la lutte contre le racisme et les discriminations." Le militant associatif regrette "qu’il y ait des gens qui n’aient pas encore compris que le vivre ensemble est quelque chose d'obligatoire, de fondamental". Fondamental, comme sa devise, qui est aussi celle de la République : Liberté, Égalité, Fraternité. Ces mots, gravés sur le fronton du palais de justice de la capitale, "sont des fondements qui ont inspiré le monde", lance Ousmane Baldé. Pour ce dernier, "c’est le combat de tous les jours de faire comprendre aux gens ces valeurs-là. Ils doivent les cultiver, mais aussi les respecter".
Arrivé en France, il y a trois ans, Ousmane Baldé possède un titre de séjour. Pour autant, il n’a pas toujours rencontré des personnes bienveillantes sur son chemin quand il a voulu travailler ou pendant ses études. "Pour moi, la France garantissait aussi ce droit de m'exprimer et de dire les choses qui ne vont pas", estime le membre de la Fédération nationale des maisons des potes. Malheureusement, il a dû faire face au racisme. C'est à partir de là qu'est né son militantisme : "J’ai suivi l’idée de Nelson Mandela : 'Que vos choix soient le reflet de vos espoirs et non de vos peurs.' J’ai donc suivi ce côté de mes espoirs. Pour moi, c’était vraiment un combat que je pouvais mener."
Pour moi, il n’était pas normal que je ne puisse pas vraiment avoir le même traitement que tous les autres
Ousmane Baldéà franceinfo
Ce choix fait partie des raisons qui l'ont amenées à s'investir dans la Fédération nationale des maisons des potes. Avec d’autres militants, en novembre dernier, il part faire "Le tour de France de l'égalité". Ils sillonnent plus de 32 villes en France pour rencontrer des élus et des citoyens afin de leur présenter leurs revendications comme le CV anonyme ou encore le droit de vote des étrangers.
Ils ne sont pas forcément bien accueillis partout. En 2017, "quand on est passé à Amiens, on a été menacé sur les réseaux sociaux et partout par des groupuscules d’extrême droite", se remémore Ousmane Baldé.
Les difficultés rencontrées sur le terrain
Sur le terrain, le militant est confronté à la "théorie du grand remplacement". Le résultat est "grave" à l'entendre : "Quand des élus parlent comme cela, et qu'il y a des gens qui ont tellement subi ce discours-là, ils finissent par reconnaître cette théorie et par dire : 'Ah, oui ! C’est vrai, on est nombreux'." C'est l'un des motifs pour lesquels Ousmane Baldé se rend aussi dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes à son combat, car c'est par l'éducation que tout commence.
"Au niveau des enfants, on casse tout ce qui est préjugé, donc il faut des professionnels neutres, comme la Fédération nationale de la maison des potes, pour leur donner la bonne information sur ces thématiques", détaille Ousmane Baldé. Malheureusement, le constat qu'il en retire l'inquiète, car "ce qui est sidérant, c'est que ce sont des jeunes qui ne savent pas définir la question du racisme et des discriminations".
Ousmane Baldé souhaiterait que la loi soit plus sévère avec les auteurs d'actes racistes. "Il y a des gens en France qui sont racistes et ce sont des personnes qu'il faut combattre", soutient-il. Lui, "ne baisse pas les bras" : "C'est un peu ça ma vie de militer pour que les autres soient rétablis dans leurs droits". Il continue son combat, même s'"il y a ceux qui pensent que c'est toujours perdu et qui foutent absolument rien du tout. Moi, j'ai la ferme conviction de ce que je fais pour que liberté, égalité, fraternité soit une réalité".
Retrouvez la série "Sous les pavés 2018, les nouveaux combats", en intégralité, tous les jeudis à 22h10 et 23h40 sur franceinfo et franceinfo.fr
Libertés individuelles, droits des femmes, lutte contre les discriminations, rejet de toute forme d’exclusion, protection de l’enfance... Cinquante ans après Mai 68, le plus important mouvement de contestation politique, sociale et culturelle de l’histoire récente française, franceinfo donne la parole, chaque jeudi, à celles et ceux qui portent les nouveaux combats de l'émancipation et des libertés.
> Thierry milite pour vivre mieux avec moins
> Mia Mason se bat pour la reconnaissance des soldats transgenres
> Mathilde milite pour l'accueil des réfugiés
> Fernande Bagou, agente de propreté, milite pour le respect au travail
> Ensaf milite pour la libération de son mari, le Saoudien Raif Badawi
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.