Planète Sport. L'engagement du FC Barcelone dans la crise indépendantiste catalane
Le club de football le plus titré du 21e siècle entretient depuis des décennies des relations ambigües avec les indépendantistes catalans. Une position dangereuse pour la formation sportive, tiraillée entre enjeux économiques et idéaux politiques.
Planète sport met aujourd'hui le cap sur l'Espagne et plus précisément sur la Catalogne où, depuis de nombreuses années, le club de football de Barcelone, le Barça, règne en maître. Le 11 juin 2017, 40 000 personnes sont réunies sur les marches de Montjuïc, à Barcelone, pour un rassemblement en faveur du référendum sur l'indépendance de la Catalogne.
Un homme est invité à la tribune. Une figure locale, une star mondiale du ballon rond. Il s’agit de Pep Guardiola, ex-joueur et ancien entraîneur du Barça. "Nous sommes ici aujourd'hui pour clarifier les choses, déclare-t-il face à la foule. Le 1er octobre, nous allons voter lors d'un référendum pour décider de notre avenir. On votera, quand bien même l'État espagnol nous empêcherait de le faire."
Des sportifs engagés pour l'indépendance
Dans le sillage de Guardiola, certains joueurs et ex-joueurs, les Catalans du Barça, comme Piqué, Iniesta ou Puyol, ont eux aussi pris position pour une Catalogne libre et indépendante. Tout comme le fit jadis Joan Laporta, emblématique président du club dans les années 2000. À l’approche de la date du référendum sur l'indépendance, le stade du Camp Nou est devenu le théâtre de nouvelles revendications indépendantistes.
Depuis 2016, à chaque match, quand le chronomètre indique 17 minutes et 14 secondes de jeu, le stade, comme un seul homme scande le mot "independencia", indépendance. Ce chiffre fait référence à la date de la grande bataille de la Catalogne, qui a défendu son indépendance face aux Bourbons le 11 septembre 1714. Un jour devenu un symbole pour la région espagnole.
Le Camp Nou fief des indépendantistes, c'est le côté pile du Barça. Car au-delà des démonstrations récentes du public ou prises de positions de quelques joueurs et d'anciens présidents, les dirigeants actuels se gardent bien d'afficher leurs opinions sur la Catalogne pour ne pas compromettre le développement économique du club. Jérôme Ferret est sociologue, il a étudié les phénomènes de nationalisme dans le football en Espagne. "L'actuel président a pris des distances dans l'effervescence de ces dernières années, après l'incarcération des leaders catalans, explique le chercheur. Le club ne veut pas être entraîné par cette logique jusqu'au-boutiste qui constituerait une forme de suicide économique. Ce qui me surprend beaucoup, c'est le paradoxe du discours. Il y a un message vers l'extérieur 'ultra-business' et un autre message, vers des groupes intérieurs, plus nationaliste."
D'ailleurs, si on imaginait l'indépendance de la Catalogne, se poserait un problème économique de taille : où jouerait le Barça ?
Jérôme Ferretà franceinfo
En Espagne, en plus de Barcelone, certains clubs entretiennent cette ambigüité entre politique et business. Mais au-delà du palmarès, la suprématie d’un club se mesure surtout à la puissance financière. Avec 840 millions d'euros générés sur la saison 2018-2019, le club catalan est devenu le plus riche du monde, devant son grand rival, le club du pouvoir, le Real Madrid qui, lui, incarne le pouvoir central et la royauté.
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