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Boris Loumagne, lauréat du Prix du reportage Radio France 2022

Le prix du meilleur reportage Radio France de l’année a été attribué à Boris Loumagne de franceinfo, pour son travail il y a deux mois dans les communes nouvellement libérées entre Kharkiv et Izioum, en Ukraine. Intitulé "La vie sous occupation russe", ce reportage dresse le constat d’une réconciliation impossible entre villageois, entre ceux qui ont collaboré et ceux qui ont subi des atrocités.

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Boris Loumagne (à droite) avec son fixeur, Yashar Fazylov, devant une route minée en Ukraine en septembre 2022.  (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

Boris Loumagne de franceinfo a remporté le prix du meilleur reportage Radio France de l’année, pour un reportage réalisé avec Éric Audra, ingénieur du son à Radio France, dans le nord-est de l'Ukraine, en septembre dernier, dans les environs de Kharkiv, où les Ukrainiens reprenaient aux Russes des territoires entiers. 

Les reporters découvraient des champs de désolation. Fosses communes dans la forêt d’Izioum, villages rasés, corps abîmés et têtes fracassées. Sans compter les nombreux tués. L’après russe devient une période douloureuse où la reconstruction des esprits, des corps, et d’un tissu social, apparaît presque impossible.

Les fosses communes à Izioum 

Izioum en Ukraine. 436 corps ont été exhumés. Les enquêteurs de l'ONU ont affirmé vendredi 23 septembre que "des crimes de guerre" ont été commis à Izioum. (BORIS LOUMAGNE / RADIO FRANCE)

Profession reporter du dimanche 25 septembre 2022 :

"A Izioum, la grande majorité des morts ont péri sous les bombes russes avant l’occupation de la ville, et ont été enterrés là. L’odeur est pestilentielle. Plus loin, une fosse commune avec 17 cadavres de soldats à l’intérieur. Dans les villages dévastés, le micro tendu pour converser autour des situations subies devient un exutoire. Boris Loumagne le confie : une seule question peut entraîner une réponse qui va durer trente minutes, une heure, une heure et demie.

Cette femme violée et qui ne s’est pas suicidée pour élever sa petite-fille, maintenant que les Russes sont partis, elle et son frère veulent retrouver les violeurs pour les tuer. Cette mère de famille sans nouvelles de son enfant disparu, "aidez-moi à le retrouver", implore-t-elle à nos reporters impuissants. Cette vieille dame qui souffre et qui a faim, aimerait que Boris lui envoie des colis alimentaires par la poste, une fois rentré à Paris, mais quelle poste ? Aucun service postal ne fonctionne plus en Ukraine.

Depuis 6 mois que les habitants sont sous occupation russe, ils n’ont vu personne, à part leurs voisins, et les Russes, qui quadrillaient la ville. Et surtout, à quelques encablures de la frontière, ils entendent l’agitation de Moscou qui veut reprendre sa position, et personne ici ne sait combien de temps les Ukrainiens pourront préserver la ville."

Ce prix du meilleur reportage Radio France dédié au service reportage de franceinfo

Deux mois après cette mission dans le nord-est de l'Ukraine, Boris ne retient que son impuissance devant les douleurs partagées avec les victimes, et dédie le prix à tout le service reportage de franceinfo, qui s’investit pour informer au plus juste dans les zones les plus compliquées.

Des habitants discutent dans le village de Stansya (Ukraine) libéré de l'occupation russe, en septembre 2022. (ERIC AUDRA / FRANCEINFO)

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